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Kenya : la CPI poursuit les responsables présumés des violences postélectorales de 2007-2008

Fatou Bensouda.
Max Koot Studio
Fatou Bensouda.

Kenya : la CPI poursuit les responsables présumés des violences postélectorales de 2007-2008

À l'occasion de sa première visite officielle au Kenya, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a souligné lundi la nécessité d'engager des procédures judiciaires contre quatre individus suspectés de porter la responsabilité la plus lourde dans les violences postélectorales qui ont secoué le pays en 2007-2008.

« Les femmes, les hommes et les enfants qui ont souffert au cours de cette funeste période sont ma priorité, la raison pour laquelle je me bats tous les jours. Elles l'ont toujours été et le demeureront à jamais », a affirmé Mme Bensouda lors d'un point presse donné à Nairobi.

Le Procureur a annoncé qu'elle serait au Kenya pendant une semaine pour y rencontrer les principaux responsables du gouvernement, notamment le Président Kibaki et le Premier Ministre Odinga. Mme Bensouda devrait aussi se rendre dans la vallée du Rift pour y rencontrer les populations locales et s'entretenir avec des associations de victimes au sujet de la procédure engagée devant la CPI, dans le cadre d'un certain nombre de manifestations publiques et médiatiques.

En novembre 2009, le prédécesseur de Mme Bensouda, Luis Moreno Ocampo, avait rencontré à Nairobi le Président du pays, Mwai Kibaki, et son Premier Ministre, Raila Odinga, après avoir été informé par les autorités kényanes de l'impasse « regrettable » dans laquelle se trouvait le lancement des procédures judiciaires au niveau national.

« Il a, par conséquent, sollicité la coopération des autorités du pays et rappelé le rôle de complémentarité entre la CPI et ces dernières dans la lutte contre l'impunité. Le Président et le Premier Ministre ont fait une déclaration conjointe dans laquelle ils précisaient que le gouvernement ne rompait en aucune façon son engagement à coopérer pleinement avec la CPI dans le cadre établi par le Statut de Rome et la loi kényane sur les crimes internationaux », a rappelé le Procureur.

Les juges de la CPI ont décidé que les quatre suspects en cause devaient rendre des comptes devant la justice pour des crimes commis durant les violences postélectorales et que l'on pouvait sérieusement penser qu'ils avaient commis les crimes qui leur étaient reprochés et qu'il y avait lieu d'engager des procès.

« Je tiens à insister sur un point : la CPI ne cherche à juger ni les Kényans ni le gouvernement kényan ni aucune communauté ethnique. Les allégations portent sur la responsabilité pénale individuelle. Les quatre accusés bénéficieront d'un procès équitable et auront tous la possibilité de réfuter les allégations qui pèsent contre eux. Les juges se prononceront sur leur culpabilité ou leur innocence à l'issue de ces procès », a expliqué Mme Bensouda.

« L'avenir politique du Kenya est entre les mains du peuple kényan qui décidera du résultat des prochaines élections et redessinera en fin de compte la destinée de ce grand pays. Le processus judiciaire engagé à la CPI suivra également son cours, quels que soient les choix politiques effectués par les Kényans », a-t-elle précisé.