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Haïti : l'ONU s'inquiète du manque d'argent pour l'humanitaire

Le Représentant spécial adjoint pour Haïti, Nigel Fisher.
Le Représentant spécial adjoint pour Haïti, Nigel Fisher.

Haïti : l'ONU s'inquiète du manque d'argent pour l'humanitaire

Le Coordonnateur de l'action humanitaire en Haïti, Nigel Fisher, a déclaré mardi que le gouvernement d'Haïti et ses partenaires humanitaires étaient très inquiets du manque de ressources financières à leur disposition pour maintenir les opérations humanitaires et répondre à une catastrophe soudaine éventuelle.

« Cette situation limite leur capacité à fournir pleinement des services essentiels aux populations les plus vulnérables affectées par une série de crises, dont le séisme du 12 janvier 2010, l'épidémie de choléra actuelle, l'insécurité alimentaire, ainsi que les pertes et dégâts auxquels il faut s'attendre lors de prochaine saison des pluies », a dit M. Fisher dans un communiqué de presse.

Bien que la population dans les camps de déplacés ait considérablement diminué depuis 2010, près d'un demi-million de personnes vivent encore sous des tentes. Elles sont particulièrement vulnérables aux flambées de choléra et aux inondations que provoquera la saison des pluies et des ouragans de mai à novembre. Depuis le 20 octobre 2010, date à laquelle le choléra a été identifié officiellement, l'épidémie s'est propagée aux dix départements du pays. Plus de 7.000 Haïtiens ont trouvé la mort et 500.000 autres ont contracté la maladie.

L'appel de fonds de 382 millions de dollars lancé en 2011 par la communauté humanitaire à travers la Procédure d'appel consolidé (CAP) n'a reçu que 55% des besoins exprimés, ce qui a entraîné le retrait progressif et continu de nombreux partenaires qui fournissaient des services essentiels dans les camps et les zones touchées par le choléra. A l'heure actuelle, le CAP 2012 de 231,5 millions de dollars est financé à hauteur de 8,5%, a indiqué Nigel Fisher.

En raison de ce sous-financement, Haïti a été sélectionnée pour recevoir une allocation d'urgence de 8 millions de dollars par l'intermédiaire du Fonds central de réponse aux urgences des Nations Unies (CERF), et plus particulièrement de son volet consacré aux crises sous financées. « Cette subvention permettra aux partenaires de répondre aux besoins prioritaires immédiats, mais elle ne sera pas suffisante pour leur permettre de relever les nombreux défis auxquels ils devront faire face cette année », a dit M. Fisher.

« La communauté humanitaire demande de toute urgence l'allocation de 53,9 millions de dollars pour la période d'avril à juin », a-t-il ajouté.

Cet argent permettra au gouvernement haïtien, aux agences des Nations Unies et leurs partenaires de maintenir les services dans les camps pour ceux qui n'auront pas été en mesure de partir avant la saison des pluies et des ouragans ; de protéger les camps vulnérables aux inondations et faire face aux dommages causés par les aléas climatiques ; de protéger les plus vulnérables contre les abus sexuels et la violence perpétués dans les camps ; de coordonner et de répondre aux flambées de choléra; garantir l'approvisionnement en eau potable, la gestion des déchets solides et les activités de promotion de l'hygiène dans les camps isolés qui ne sont pas en mesure d'accéder aux services de base des quartiers ; de fournir d'avantage d'abris provisoires et de subventions à la location de logements afin d'accélérer le rythme des retours et de multiplier les initiatives de relocalisation ; de poursuivre les préparatifs en cours en prévision de la saison des pluies et des ouragans, qui visent entre autres à garantir que des stocks d'urgence suffisants seront disponibles et que les écoles utilisées comme centres d'évacuation résisteront à de fortes pluies et à des vents violents.

« Sans un financement approprié, les multiples initiatives de réinstallation qui ont déjà bénéficié à des centaines de milliers de personnes déplacées risquent de prendre fin. Les gains obtenus dans la lutte contre le choléra à travers la promotion des pratiques d'hygiène risquent d'être perdus et l'existence même de centaines de milliers de personnes déplacées vivant dans des camps sera en danger », a insisté M. Fisher.

Par ailleurs, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a nommé le général Fernando Rodrigues Goulart, du Brésil, comme commandant de la Force de la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH). Il remplace le général Luiz Ramos, qui a achevé son mandat le 27 mars 2012.

Le général Goulart a déjà travaillé pour les Nations Unies. En 1993, il a été observateur militaire des Nations Unies au sein d'ONUMOZ (Mozambique) et en 2007, il a été commandant de secteur au sein de la Mission des Nations Unies au Népal (UNMIN). De mai 2008 à mai 2010, il a travaillé au Département des opérations de maintien de la paix, comme officier de liaison au sein de la Division Europe et Amérique latine.