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Libye : le HCR préoccupé par la baisse soudaine des arrivées à la frontière avec la Tunisie

Libye : le HCR préoccupé par la baisse soudaine des arrivées à la frontière avec la Tunisie

Un employé de l'ONU parle avec un groupe de travailleurs migrants qui viennent de franchir la frontière entre la Libye et la Tunisie, à Ras Adjir.
Devant la nette diminution du nombre de personnes traversant la frontière entre la Libye et la Tunisie, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) s'inquiète de possibles blocages ou interdictions de fuir imposés par le régime à la population libyenne.

Devant la nette diminution du nombre de personnes traversant la frontière entre la Libye et la Tunisie, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) s'inquiète de possibles blocages ou interdictions de fuir imposés par le régime à la population libyenne.

« Jusqu'à la moitié de la semaine, entre 10.000 à 15.000 personnes traversaient la frontière tous les jours, ce qui a mis à rude épreuve la capacité des autorités tunisiennes et des organisations humanitaires pour faire face à la situation. Mais, depuis mercredi après-midi, les mouvements ont brusquement diminué. Jeudi, moins de 2000 personnes ont passé la frontière », s'est alarmée la porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'une conférence de presse à Genève.

« Du côté libyen, la frontière est maintenant gardée par des forces progouvernementales fortement armées. Les personnes qui sont parvenues à traverser nous ont dit que leurs téléphones portables et appareils photos avaient été confisqués en route. Beaucoup d'entre elles semblent avoir peur et préfèrent garder le silence », a-t-elle ajouté.

La rapidité de la réaction de la communauté internationale à l'appel conjoint du HCR et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour une évacuation humanitaire en début de semaine a permis d'accomplir de nets progrès dans l'évacuation d'Égyptiens et d'autres ressortissants étrangers expatriés en Libye. L'Égypte, la Tunisie, l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni ont tous offert des moyens de transport aérien ou maritime.

Le gouvernement égyptien a rapatrié des dizaines de milliers de ses propres ressortissants. L'Allemagne, l'Australie, l'Autriche, la Belgique, la Commission européenne, le Danemark, l'Espagne, la France, le Luxembourg, et la Pologne ont offert des fonds au HCR pour son intervention dans la crise libyenne.

A l'heure actuelle, environ 12.500 personnes doivent encore être évacuées de Tunisie. Plus de 10.000 d'entre elles sont originaires du Bangladesh.

Une équipe du HCR est par ailleurs arrivées dans la ville de Benghazi, à l'est de la Libye, pour une mission d'évaluation. « Elle a trouvé un camp au port de Benghazi où près de 8000 étrangers attendent d'être évacués. Les évacuations se poursuivent et la plupart des étrangers pensent quitter le pays ces deux prochains jours, même si 305 Érythréens, 191 Éthiopiens et 153 Somaliens affirment qu'ils ont été bloqués à plusieurs reprises », a dit Melissa Fleming.

« Nous craignons que l'essence ne commence à faire défaut dans les 15 prochains jours, avec aussi la possibilité de pénuries alimentaires », a conclu la porte-parole du HCR.

La Secrétaire générale adjointe de l'ONU aux affaires humanitaires, Valerie Amos, se rendra samedi en Tunisie afin d'examiner la situation à la frontière avec la Tunisie et rencontrer les membres du gouvernement et les représentants des agences de l'ONU.

Dans un point presse au siège de l'ONU à New York, Valerie Amos a annoncé vendredi que l'ONU lancera un appel de fonds humanitaire lundi prochain à Genève, en Suisse. L'appel concernera la Libye, la Tunisie, l'Egypte et le Niger et se concentrera sur le financement des besoins aux abords des frontières en matière de santé, d'aide alimentaire, d'eau et de sécurité.