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Les corps des personnes décédées lors d'une catastrophe naturelle, par exemple lors d'une inondation, ne représentent presque jamais un danger pour la santé des communautés. (archives)

Catastrophes naturelles : l'OMS appelle à gérer les cadavres dans la dignité et éviter les fosses communes

© UNICEF/Alfredo Zuniga
Les corps des personnes décédées lors d'une catastrophe naturelle, par exemple lors d'une inondation, ne représentent presque jamais un danger pour la santé des communautés. (archives)

Catastrophes naturelles : l'OMS appelle à gérer les cadavres dans la dignité et éviter les fosses communes

Santé

Les corps des personnes décédées à la suite d’une catastrophe naturelle ou d’un conflit armé ne présentent généralement pas de risques pour la santé des communautés, ont rassuré vendredi la Croix-Rouge internationale et l’agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS), appelant ainsi à cesser d’enterrer les victimes des inondations dans des fosses communes, comme l’ont montré certaines images après la tempête en Libye.

Les corps des personnes décédées à la suite d’une catastrophe naturelle ou d’un conflit armé ne sont généralement pas une source de maladie. Dans un contexte de pertes humaines dévastatrices dues aux catastrophes et aux conflits, les morts font souvent l’objet de craintes infondées et d’incompréhensions. Il est donc important que les communautés disposent des outils et des informations nécessaires pour gérer les cadavres en toute sécurité et avec dignité, a affirmé l’OMS

Un risque négligeable

À moins que le défunt ne soit mort d’une maladie hautement infectieuse, le risque pour le public est négligeable

La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont précisé vendredi que leur démarche visait en partie à aider les survivants sur la voie de la guérison.

En effet, les victimes décédées à la suite d’un traumatisme, d’une noyade ou d’un incendie n’hébergent généralement pas d’organismes pathogènes, même avec les précautions d’usage. 

Bien qu’il soit pénible de voir des cadavres, les chefs de communautés ou les autorités ne devraient pas enterrer les corps à la hâte dans des fosses communes ou procéder à des crémations massives. 

À moins que le défunt ne soit mort d’une maladie hautement infectieuse, le risque pour le public est négligeable. 

« La croyance selon laquelle les cadavres provoqueraient des épidémies n’est pas étayée par des preuves. Nous voyons trop de cas où les médias et même certains professionnels de la santé se trompent sur ce point », explique Pierre Guyomarch, chef de l’unité médico-légale du CICR. 

« Les personnes qui survivent à une catastrophe naturelle sont plus susceptibles de propager des maladies que les cadavres », a ajouté le responsable du CICR.

Une mère est assise devant les tombes anonymes de ses deux jeunes enfants dans un camp de personnes déplacées à Dollow, en Somalie.
© UNICEF/Mark Condren
Une mère est assise devant les tombes anonymes de ses deux jeunes enfants dans un camp de personnes déplacées à Dollow, en Somalie.

Ne pas se précipiter pour procéder à des inhumations

C’est dans ce contexte qu’en Libye, les équipes de la Croix-Rouge et de l’OMS travaillent directement avec les autorités, les communautés et le Croissant-Rouge libyen, en leur fournissant des conseils, du matériel et des formations. Le CICR et l’OMS livrent tous deux des housses mortuaires en Libye afin d’aider à traiter les morts dans la dignité.

« Nous demandons instamment aux autorités des communautés touchées par une tragédie de ne pas se précipiter pour procéder à des inhumations ou à des crémations massives. Une gestion digne des corps est importante pour les familles et les communautés et, en cas de conflit, elle constitue souvent un élément important pour mettre fin plus rapidement aux combats », a déclaré le Dr Kazunobu Kojima, médecin au sein du programme de l’OMS pour les situations d’urgence sanitaire.

D’une manière générale, les cadavres ne présentent un risque sanitaire d’épidémie que lorsque les décès sont dus à des maladies infectieuses ou lorsqu’une catastrophe naturelle se produit dans une région où une telle maladie est endémique. Parmi ces exceptions, quand ces décès sont dus à des maladies infectieuses telles que les maladies d’Ebola ou de Marburg ou le choléra, ou lorsque la catastrophe s’est produite dans une zone endémique pour ces maladies infectieuses.

Les cadavres ne doivent pas être laissés en contact avec des sources d’eau potable

« Quelles que soient les circonstances, la présence de cadavres à proximité ou dans des réserves d’eau peut poser des problèmes de santé, car les cadavres peuvent laisser échapper des excréments et contaminer les sources d’eau, entraînant un risque de diarrhée ou d’autres maladies », ont précisé la Croix rouge internationale et l’OMS, ajoutant que « les cadavres ne doivent pas être laissés en contact avec des sources d’eau potable ».

D’autant qu’il existe un risque de diarrhée lié à la consommation d’eau contaminée par des matières fécales provenant de cadavres. Mais dans de tels cas, la désinfection systématique de l’eau potable suffit à prévenir les maladies d’origine hydrique. 

« Après tout contact avec le défunt, les mains doivent être lavées à l’eau et au savon, ou nettoyées avec une solution hydroalcoolique s’il n’y a pas de souillure visible », ont averti les experts.

Le CICR, la FICR et l’OMS exhortent toutes les parties à un conflit et les intervenants en cas de catastrophe à respecter les principes établis en matière de gestion des cadavres, pour le bien de l’ensemble de la société, et ont proposé un soutien supplémentaire en cas de besoin.

« Une précipitation inutile à se débarrasser des corps des personnes tuées lors de catastrophes ou de conflits prive les familles de la possibilité d’identifier et de pleurer leurs proches, tout en n’apportant aucun bénéfice en termes de santé publique », a fait valoir Gwen Eamer, chef des opérations d’urgence de la FICR pour la réponse au tremblement de terre au Maroc.