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Mozambique : Michelle Bachelet consternée par l’escalade du conflit à Cabo Delgado

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés soutient les familles déplacées par la violence extrémiste à Cabo Delgado au Mozambique.
Photo : HCR/Deiliany Lazara de Souza
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés soutient les familles déplacées par la violence extrémiste à Cabo Delgado au Mozambique.

Mozambique : Michelle Bachelet consternée par l’escalade du conflit à Cabo Delgado

Aide humanitaire

Des rapports font état d’une situation des droits de l’homme « de plus en plus alarmante » dans la province de Cabo Delgado, au nord-est du Mozambique, a alerté vendredi la Cheffe des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, qui s’est dite « consternée par l’escalade du conflit ».

Avec ces violences dans cette région septentrionale, des milliers de civils seraient pris au piège dans les zones de conflit, « beaucoup se cachant dans les bosquets pendant des jours ». « Ceux qui sont restés sur place ont été privés des produits de première nécessité et risquent d’être tués, abusés sexuellement, kidnappés ou recrutés de force par des groupes armés. Ceux qui fuient, risquent leur vie », a affirmé dans une déclaration, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

Selon les services de Mme Bachelet, les attaques menées par des groupes armés et les affrontements violents avec les forces de sécurité à différents endroits au nord de la province de Cabo Delgado, se sont multipliées ces dernières semaines. « Des dizaines de personnes seraient mortes et des centaines auraient été forcées de fuir leurs maisons et de chercher refuge dans les zones du sud », a-t-elle ajouté.

Des dizaines de personnes seraient mortes et des centaines auraient été forcées de fuir leurs maisons - Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l'homme

Au cours des deux dernières semaines, une série d’attaques a eu lieu dans plusieurs villages. Et des témoignages recueillis par le Haut-Commissariat indiquent que plusieurs maisons et infrastructures publiques ont été brûlées.

Ces rapports font état aussi de la mort de dizaines de personnes, « mentionnant entre autres des décapitations de femmes, d’enfants et d’hommes, ainsi que des enlèvements ».

« En raison des difficultés d’accès aux zones touchées, il est extrêmement difficile de vérifier ces rapports », précise toutefois Mme Bachelet.

Les groupes armés accusés d’avoir commis des meurtres, des mutilations et des pillages

Ces violences ont poussé plus de 350.000 personnes à fuir leur domicile au cours des trois dernières années. Depuis le 16 octobre seulement, plus de 14.000 personnes ont fui par la mer et sont arrivées à Pemba, le chef-lieu de la province. « Au moins un bateau a chaviré, ce qui aurait fait une quarantaine de morts, dont des enfants », a précisé la Haut-Commissaire.

Depuis 2017, des éléments et groupes armés ont commis de graves violations des droits de l’homme. Et, plus récemment, il leur est reproché des abus du droit international humanitaire, notamment des meurtres et des mutilations, des pillages, des destructions de maisons et d’infrastructures publiques et religieuses. On les accuse aussi de procéder à des enlèvements, mais aussi des abus commis sur des filles et des femmes, ainsi que des allégations de recrutement forcé d’enfants.

Les familles déplacées par la violence extrémiste à Cabo Delgado au Mozambique ont été aidées par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Photo : HCR/Deiliany Lazara de Souza
Les familles déplacées par la violence extrémiste à Cabo Delgado au Mozambique ont été aidées par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Des rapports font état également de violations commises par les forces de sécurité mozambicaines ces dernières années. Ces dernières sont accusées d’avoir commis des exécutions extrajudiciaires, des mauvais traitements, des recours abusifs à la force, des détentions arbitraires, notamment de journalistes, ainsi que des restrictions illégales à la liberté de mouvement.

Une détérioration de la situation sécuritaire qui a des conséquences sur le plan humanitaire. En effet, les conflits et les déplacements ont exacerbé l’insécurité alimentaire. Les services publics, notamment les écoles et les établissements de santé, ont été détruits ou fermés dans les districts les plus touchés.

Cabo Delgado est l’une des régions les plus touchées par la Covid-19 au Mozambique

Certaines zones ont été privées de toute aide humanitaire pendant plus de six mois, de nombreux districts du nord ayant été isolés de fait du reste de la province. « La situation est désespérée à la fois pour ceux qui sont piégés dans les zones touchées par le conflit, avec à peine de quoi survivre, et pour ceux qui sont déplacés à travers la province et au-delà », a fait valoir Mme Bachelet.

Une situation humanitaire aggravée, avec les risques « de choléra et de la propagation de la pandémie de Covid-19 ». « Cabo Delgado est l’une des régions les plus touchées par la Covid-19 dans le pays », a d’ailleurs insisté Mme Bachelet, appelant tous les acteurs à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils de cette province.

Le Mozambique comptabilise près de 14.000 cas confirmés de Covid-19 dont 104 décès.

Plus largement, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme invite Maputo à veiller à ce que toutes les forces sous son contrôle, y compris les entreprises militaires privées, respectent leurs obligations.

« Toutes les violations et abus présumés du droit international relatif aux droits de l’homme et du droit international humanitaire commis par les groupes armés et les forces de sécurité doivent faire l’objet d’une enquête approfondie, indépendante et transparente par les autorités compétentes » a conclu Mme Bachelet, relevant l’importance d’une reddition des comptes.