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L&#39insécurité n&#39a jamais été aussi grande, estime Kofi Annan dans son dernier rapport sur le Darfour

L&#39insécurité n&#39a jamais été aussi grande, estime Kofi Annan dans son dernier rapport sur le Darfour

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Dans son dernier rapport sur la situation au Darfour publié aujourd&#39hui, le Secrétaire général de l&#39ONU affirme que l&#39insécurité n&#39a jamais été aussi grande dans cette région, où les organismes humanitaires n&#39ont jamais eu un accès aussi limité depuis 2004, mettant en garde contre une catastrophe humanitaire.

« Si la sécurité ne s'améliore pas, le monde risque d'avoir à réduire de façon draconienne une opération humanitaire dont le besoin se fait pourtant cruellement sentir », a indiqué Kofi Annan dans son dernier rapport mensuel sur le Darfour qui couvre la période du mois d'août.

« Pendant la période considérée, la situation générale au Darfour s'est considérablement dégradée », tant au niveau de la sécurité, que sur le plan des droits de l'homme et sur le plan humanitaire, a estimé le Secrétaire général, affirmant que « la région était en train de retomber dans le cercle vicieux de la violence ».

Kofi Annan a notamment dénoncé « la décision du gouvernement soudanais de déployer d'importantes forces armées au Darfour », ce qui témoigne de « son apparente détermination à rechercher une solution militaire à la crise dans la région ».

Plus grave encore sont « les informations selon lesquelles le gouvernement a fourni un appui militaire aérien durant des attaques dirigées contre les populations civiles ».

Le Secrétaire général a aussi dénoncé les violents affrontements qui ont eu lieu entre signataires et non-signataires de l'accord de paix signé le 5 mai à Abuja entre le gouvernement du Soudan et une partie des rebelles du Darfour.

« Il y a maintenant trois mois que l'Accord de paix au Darfour a été signé mais, au lieu de la réconciliation et du rétablissement de la confiance, c'est à une recrudescence de la violence et à une polarisation plus grande que nous assistons », a-t-il déploré.

Kofi Annan a notamment cité l'embuscade tendue le 19 août, à Kuma, contre un convoi de ravitaillement en combustible de l'Union africaine (UA) qui a coûté la vie à deux soldats de la paix.

Il a également dénoncé les attaques contre des travailleurs humanitaires qui se sont poursuivies sans répit et le banditisme qui sévit « partout ou presque ».

A propos des camps de personnes déplacées au Darfour, il a estimé que la situation restait « très précaire, notamment là où la Mission de l'UA au Soudan (MUAS) n'a pas pu déployer de personnel ni organiser de patrouilles ».

Il a aussi déploré que « la militarisation de certains camps de personnes déplacées s'était poursuivie sans relâche pendant toute la période considérée ».

Il a enfin fait état de rumeurs d'empoisonnement qui ont entravé les efforts faits pour approvisionner les camps du Darfour en eau et en vaccins.

« Le 20 juillet, ces rumeurs ont apparemment incité un groupe de personnes déplacées en colère à battre à mort trois employés du Département de l'assainissement de l'eau et de l'environnement dans le camp de Hassa Hissa, près de Zalingei. Dans plusieurs camps situés dans diverses régions du Darfour, des personnes déplacées ont défié et menacé des employés chargés de la vaccination et de l'assainissement », explique le rapport.

Sur le plan des droits de l'homme, « les violences sexuelles et sexistes se sont multipliées de façon alarmante dans toute la région du Darfour ».

« Les milices ont continué de s'en prendre aux femmes déplacées qui sortent du périmètre des camps pour couper du fourrage, cueillir des fruits ou ramasser du bois de chauffe afin d'en tirer un revenu », confirme le rapport.

« Aux environs du camp de Kalma, le nombre de ces agressions est passé de 10 par mois à près de 10 par jour à la mi-juillet. Le 23 juillet, un groupe de plusieurs centaines de miliciens armés ont violé 21 femmes au nord de ce camp, le lendemain, 17 autres femmes ont été violées au même endroit », rapporte-t-il.

« Les pouvoirs publics semblent incapables ou peu désireux de faire face à cette vague de violences sexuelles. Les autorités locales du Darfour-Sud ont minimisé les agressions sexuelles, qu'ils ont assimilées à des actes criminels d'ordre général tels qu'il s'en commet dans les camps », dénonce-t-il.

« La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme au Soudan, Sima Samar, s'est rendue au Soudan du 11 au 17 août. Elle s'est dite profondément troublée par la situation catastrophique des droits de l'homme dans la région et par des signes qui annoncent une nouvelle détérioration de la situation dans les prochains mois si rien n'est fait pour protéger les civils des attaques et mettre un terme au conflit de manière pacifique », ajoute le Secrétaire général.