Darfour : après les menaces du Soudan, réunion d'urgence au Conseil de sécurité
« Le Conseil s'est réuni ce matin, lors de consultations informelles, pour discuter du Soudan et, plus particulièrement, de la réaction du gouvernement soudanais face à la préparation d'un futur déploiement d'une force de l'ONU au Darfour », a indiqué le Japonais Kenzo Oshima, dont le pays assume la présidence du Conseil de sécurité au mois d'octobre.
Retransmission de la déclaration de Kenzo Oshima[9mins]
« Certains membres ont estimé que cette réponse des Soudanais était inappropriée, notamment au niveau du langage et de la tonalité, offensive et choquante », a rapporté l'ambassadeur du Japon.
« Nous avons discuté de la façon dont le Conseil allait réagir à cette lettre. Après quelques échanges, nous avons convenu que je prendrais contact, en tant que président, avec le Représentant permanent du Soudan, pour obtenir des clarifications sur cette note envoyée à certains Etats membres », a-t-il fait savoir.
Certains membres ont suggéré que le Conseil réagisse par « une déclaration claire » et pensent soumettre un projet de déclaration, d'autres préfèreraient se concentrer sur les moyens de restaurer la paix au Darfour, a encore rapporté le président.
A la sortie du Conseil, l'ambassadeur américain, John Bolton, a estimé, lors d'une rencontre avec la presse, qu'il avait obtenu un soutien fort pour l'adoption d'une déclaration présidentielle, ajoutant qu'il ferait circuler un projet dans l'après-midi.
Retransmission de la déclaration de John Bolton[7mins]
Avant de rentrer en réunion, l'ambassadeur américain a expliqué la raison pour laquelle il avait demandé cette réunion d'urgence et rappelé les grandes lignes de la lettre envoyée par le Représentant du Soudan à certaines missions à New York.
« En l'absence du consentement du Soudan pour le déploiement de troupes de l'ONU, tout volontaire pour fournir des troupes de maintien de la paix au Darfour, sera considéré comme auteur d'un acte hostile et du prélude à l'invasion d'un pays membre de l'ONU », a lu John Bolton.
« A ma connaissance, c'est un fait sans précédent à l'ONU : un gouvernement qui est sur le point de devenir le bénéficiaire de l'extension d'une mission de maintien de la paix et qui tente d'intimider les pays potentiellement contributeurs », a-t-il commenté.
« C'est un défi lancé directement à l'autorité du Conseil de sécurité [...] et cela requiert une réponse forte », a-t-il ajouté.
Le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, a affirmé aujourd'hui, lors de son point de presse, que l'ONU poursuivait la préparation du déploiement d'une force de l'ONU. Il a aussi précisé que le déploiement d'une telle force se ferait uniquement avec le consentement du Soudan.
En votant le 31 août la résolution 1706, le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement d'une force des Nations Unies au Darfour, qui pourra compter jusqu'à 17.300 soldats et qui sera chargée de relayer la mission de l'UA, invitant le gouvernement soudanais à consentir à un tel déploiement (dépêche du 31.08.06).
La force de l'ONU aurait pour mandat de soutenir l'application de l'accord de paix signé en mai entre le gouvernement du Soudan et une partie des rebelles du Darfour. Elle aurait aussi pour mission de protéger les populations civiles.
Dans son dernier rapport sur le Darfour publié aujourd'hui, le Secrétaire général de l'ONU a affirmé que l'insécurité n'avait jamais été aussi grande dans cette région, où les organismes humanitaires n'ont jamais eu un accès aussi limité depuis 2004, mettant en garde contre une catastrophe humanitaire (dépêche du 05-10-06).