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Kofi Annan espère convaincre le Soudan d'accepter une force de l'ONU au Darfour

Kofi Annan espère convaincre le Soudan d'accepter une force de l'ONU au Darfour

Le Secrétaire général a espéré aujourd'hui à Genève que la communauté internationale arriverait à convaincre le Soudan d'accepter une force de l'ONU au Darfour, rappelant que personne n'avait l'intention d'imposer une autorité coloniale au Soudan, contrairement à ce que pouvait dire son président.

« J'espère qu'en définitive, nous réussirons à les convaincre d'accepter la présence d'une force des Nations Unies », a déclaré Kofi Annan, lors d'une conférence de presse donnée aujourd'hui à Genève, alors que les pourparlers avec le gouvernement soudanais se poursuivent.

« Personne, et encore moins l'ONU, n'a l'intention d'imposer un quelconque régime à caractère colonial à un des États Membres. Mais c'est l'une des craintes que le président Béchir utilise pour rejeter une présence des Nations Unies » au Darfour, a-t-il affirmé.

A plusieurs reprises, le président soudanais a affirmé qu'il était opposait à la présence de casques bleus dans la région du Darfour, accusant les Occidentaux de vouloir « recoloniser » le Soudan.

Le Secrétaire général a estimé qu'une force de maintien de la paix était pourtant « nécessaire » pour « mettre en oeuvre l'accord de paix » et « assurer la sécurité des populations déplacées ».

Kofi Annan a cependant rappelé que l'accord signé, le 5 mai dernier à Abuja, entre Khartoum et le Mouvement pour la libération du Soudan (SLM), principal groupe rebelle au Darfour, était « ténu et incomplet », précisant que deux mouvements rebelles n'avaient toujours pas signé.

Le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) et une faction du Mouvement pour la libération du Soudan (SLM) ont pour l'instant refusé de signer le texte.

Le Secrétaire général a indiqué qu'il attendait la semaine prochaine le rapport de la mission d'évaluation conjointe Nations Unies /Union africaine (UA) pour le déploiement d'une force de l'OUN au Darfour.

La mission d'évaluation, conduite par Jean-Marie Guéhenno, s'est achevée aujourd'hui. Elle permettra de finaliser les préparatifs du déploiement d'une force onusienne.

En attendant l'éventuel déploiement d'une telle force, Kofi Annan a estimé que la communauté internationale devait faire pression sur les parties signataires d'Abuja pour qu'ils appliquent les modalités de l'accord ainsi que sur les deux mouvements rebelles qui n'ont pas signé pour qu'ils le fassent.

Il a aussi rappelé qu'il fallait « de toute urgence » renforcer la Mission de l'UA au Soudan (MUAS), une force africaine déployée au Darfour en 2004 pour protéger les populations civiles, afin qu'elle puisse accomplir son mandat.

Si elle est déployée, la force de l'ONU n'interviendra pas avant la fin de l'année.

Il a aussi rappelé qu'une conférence des donateurs était organisée au mois de juillet à Bruxelles et espéré que les pays donateurs seraient généreux.

Il a enfin souhaité que les programmes humanitaires soient renforcés, rappelant que le Programme alimentaire mondial (PAM) avait du diminuer ses rations faute de moyens.

Le Darfour est ravagé depuis février 2003 par une guerre civile qui a fait près 300 000 morts et plus de 2 millions de déplacés.

Le Secrétaire général plaide depuis le mois de janvier pour le déploiement de casques bleus au Darfour. Le Conseil de sécurité a donné son feu vert au mois de mars (dépêche du 06.05.06).