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Darfour : un accord de paix "à portée de main", selon le Médiateur des pourparlers d'Abuja

Darfour : un accord de paix "à portée de main", selon le Médiateur des pourparlers d'Abuja

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Malgré « l'incapacité des parties à faire des concessions », « un accord de paix global pour le Darfour est à portée de main », a déclaré, aujourd'hui devant le Conseil de sécurité, le Médiateur en chef des « pourparlers d'Abuja » dont le dernier round a démarré le 9 avril dernier.

« L'incapacité ou l'absence de volonté des parties de faire des concessions et la méfiance profonde qui subsistent entre elles » n'ont pas empêché Salim Ahmed Salim, Envoyé spécial de l'Union africaine (UA) et Médiateur en chef des pourparlers de paix inter-soudanais, dits « pourparlers d'Abuja », de croire à la conclusion avant la fin du mois d'avril d'un accord de paix global.

L'UA et le Conseil de sécurité avaient fixé au 30 avril la date butoir pour la réalisation de cet objectif, déjà attendu pour janvier dernier.

« Nous devrions prochainement mettre sur la table un ensemble de propositions de compromis justes et équilibrés », a affirmé le Médiateur en chef devant le Conseil de sécurité, réuni aujourd'hui en séance publique sur la situation au Soudan.

image? Retransmission de la séance publique [25mins]

« Samedi dernier à Abuja, nous avons passé en revue systématiquement et graduellement l'ensemble des arguments sur des questions-clés comme le partage du pouvoir et des richesses », a-t-il expliqué.

Le septième round de négociations entre le gouvernement du Soudan et les rebelles du Darfour, en conflit depuis février 2003, a débuté à Abuja le 9 avril dernier.

Pour la première fois, a souligné l'Envoyé sépcial, des discussions directes et bilatérales ont eu lieu entre les parties.

« Je suis personnellement convaincu que nous serons en mesure de présenter un ensemble de propositions importantes aux parties avant la fin du mois d'avril, a-t-il poursuivi. Ces propositions porteront sur le partage des richesses et du pouvoir, les accords en matière de sécurité, le dialogue et la consultation au Darfour, la mise en oeuvre de modalités et de mécanismes ».

Les rebelles - Armée/Mouvement de Libération du Soudan (A/MLS) et Mouvement pour la Justice et l'Egalité (MJE) - réclamment plus d'autonomie et demandent un partage plus équitable des ressources du pays, notamment pétrolières.

Au centre des propositions figure une formule pour le partage du pouvoir qui tient compte de la représentation de la province au sein de la présidence soudanaise, au sein de l'Assemblée nationale et du pouvoir exécutif, du statut du Darfour au sein du Soudan et de la composition des trois États composant la province. Il est aussi question de la représentation équitable des habitants du Darfour au sein des institutions nationales soudanaises, a détaillé le Médiateur.

Sur la question du partage des richesses, quatre questions de taille existent : l'aide aux personnes déplacées et aux réfugiés, le transfert de l'autorité de l'État aux quatre Etats qui composent le Darfour, le financement de la reconstruction au Darfour, les réparations aux communautés et aux victimes du conflit.

La question des réparations et le fonds pour le Darfour sont les questions les plus problématiques, a rappelé Salim A. Salim.

Par ailleurs, la sécurité est au coeur de la crise au Darfour, a-t-il ajouté. Nous avons fait, a-t-il encore dit, des propositions pour le désengagement des forces et le cantonnement des Janjaouites, le contrôle et la neutralisation des milices, mais aussi pour assurer la sécurité des camps de réfugiés, des corridors migratoires des nomades et la démilitarisation des routes empruntées par les convois humanitaires.

Le conflit au Darfour qui a provoqué tant d'effusions de sang est proche d'un dénouement, a-t-il insisté

Le conflit entre les mouvements rebelles et le gouvernement a déjà provoqué la mort de 200.000 civils et le déplacement de plus de deux millions de personnes - dont 200.000 au Tchad.

L'accord de paix global sera précédé d'un accord de cessez-le-feu renforcé et suivi d'un accord global sur les arrangements en matière de sécurité, a avancé le Médiateur en chef.

L'Envoyé spécial de l'UA a souligné l'ampleur des tâches que cette nouvelle donne impliquera pour la Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS), avant d'appeler le Conseil de sécurité à prendre dès maintenant les mesures qui s'imposent pour la renforcer.

La MUAS devrait être remplacée par une mission de l'ONU d'ici au 30 septembre prochain conformément à la résolution 1663 du Conseil de sécurité (dépêche du 27.03.06).

Au Darfour, les opérations de nettoyage continuent, village après village, avait encore dénoncé, le 21 mars dernier, Jan Pronk, Représentant du Secrétaire général pour le Soudan, devant le Conseil de sécurité (dépêche du 21.03.06).

Khartoum est accusé d'avoir armé les milices arabes « Janjaouites » qui sèment la terreur au sein des populations noires du Darfour.