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Afghanistan : Jean-Marie Guéhenno dresse un bilan positif de la conférence de Londres

Afghanistan : Jean-Marie Guéhenno dresse un bilan positif de la conférence de Londres

Jean-Marie Guéhenno
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a dressé aujourd'hui, au Conseil de sécurité, un bilan positif de la conférence de Londres pour la consolidation de la paix en Afghanistan, au cours de laquelle a été lancé un « Pacte » avec la communauté internationale qui fait suite au « processus de Bonn ».

A travers l'adoption du « Pacte pour l'Afghanistan », la communauté internationale s'est engagée à poursuivre son aide apportée au gouvernement afghan pour consolider la paix dans le pays, s'est félicité aujourd'hui Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, au cours d'une séance publique du Conseil de sécurité consacrée à la situation dans le pays.

« Plus de 60 représentants de haut niveau étaient présents à Londres, dont 23 ministres des Affaires étrangères, et une forte représentation des voisins de l'Afghanistan. Cette présence significative a envoyé un signal fort et sans équivoque de la détermination de la communauté internationale à soutenir l'Afghanistan à cette étape cruciale de sa transition », a relevé Jean-Marie Guéhenno.

Ce « Pacte » engage la communauté internationale à soutenir la stabilisation des institutions démocratiques naissantes, créées par le processus de Bonn, pour faire face à l'insécurité, mettre fin à l'industrie des stupéfiants, stimuler l'économie, faire régner la loi, fournir des services de base à la population et protéger les droits humains des personnes et des populations.

Sur la question de la sécurité, les participants à la conférence de Londres se sont félicités du rôle que joue la présence militaire internationale dans le pays. Les États susceptibles de contribuer en nouvelles troupes aux forces de l'ISAF, déployées par l'OTAN, ont été invités à le faire, a indiqué le Secrétaire général adjoint.

Les participants ont aussi reconnu que la stabilité en Afghanistan ne pourra pas être imposée seulement par des moyens militaires et qu'il faudrait mettre en place des forces nationales afghanes réellement opérationnelles, a-t-il poursuivi.

Un surplus d'assistance à la réforme du secteur judiciaire a également été souligné, tout comme l'importance de mettre en place des organes législatifs et de renforcer les capacités d'administration du territoire national, a-t-il ajouté.

Le gouvernement de l'Afghanistan a par ailleurs présenté sa stratégie provisoire de développement du pays, qui a été approuvée par les participants, a-t-il continué. Il a été unanimement reconnu que les donateurs devraient faire plus d'efforts pour fournir un supplément d'aide internationale à travers le budget du gouvernement, a-t-il précisé.

Les pays participants et les organisations présentes ont annoncé de nouvelles contributions financières à l'Afghanistan d'un montant de 10,5 milliards de dollars, ce qui démontre la confiance qu'ils ont envers le pays et le leadership du président Karzaï, a aussi fait remarquer Jean-Marie Guéhenno.

La menace croissante posée par les trafics illicites de drogues a été discutée sous l'angle d'une question multisectorielle. A cet égard, a annoncé le Secrétaire général ajoint, le gouvernement afghan a lancé une nouvelle stratégie de lutte contre ce phénomène et les donateurs ont annoncé de nouvelles contributions au Fonds de lutte contre les stupéfiants.

Abordant ensuite la situation en matière de sécurité, Jean-Marie Guéhenno a indiqué que les dernières semaines ont été marquées par une augmentation des attaques menées par des groupes d'insurgés dans les régions du Sud-Est et Sud-Ouest et par une aggravation des tensions entre factions dans les régions du Nord-Ouest.

Par ailleurs, l'affaire de la publication de caricatures du prophète Mahomet a déclenché des manifestations de grande ampleur au cours de la dernière semaine. Si ces manifestations ont été pour la plupart pacifiques, certaines ont été entachées de violence dans les cinq provinces de Baghlan, Faryab, Laghman, Parawan et Zabul, a indiqué le Secrétaire général adjoint.

Il a aussi dressé le bilan des incidents violents des récents jours qui se sont produits soit entre musulmans sunnites et shiites, soit entre forces de l'ordre et insurgés. Ainsi, le 2 février dernier, un homme déguisé en femme a commis un attentat à la bombe causant la mort de trois soldats de l'armée afghane et de cinq civils, et le 7 février un autre attentat suicide a été commis contre le siège de la police afghane.

Les progrès de l'Afghanistan sont « une préoccupation mondiale », avait affirmé le Secrétaire général, lors d'un discours prononcé le 31 janvier dernier, à la conférence internationale de Londres.

« C'est dans l'intérêt de la communauté internationale de fournir une assistance à l'Afghanistan alors que le pays consolide ses progrès vers la paix, la démocratie et, surtout, la sécurité », avait-t-il insisté. (voir notre dépêche du 31 janvier 2006)

Le 19 décembre dernier, l'assemblée nationale afghane entrait en fonction, après les élections parlementaires de septembre.

Le 9 octobre 2004, avec 55,4% des voix, Hamid Karzaï devenait le premier président élu de l'histoire afghane. Le 4 janvier de la même année, la nouvelle constitution de l'Afghanistan était adoptée, à l'issue de 20 jours de débats de la Loya Jirga (Grand Conseil).

Le 5 décembre 2001, sous l'égide de l'ONU, les accords de Bonn fixaient les étapes de la transition vers la démocratie.