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Un « cauchemar sans fin » de mort et de destruction à Gaza, disent des responsables de l’ONU au Conseil de sécurité

Les habitants de Gaza vivent dans des conditions de plus en plus insalubres.
© UNRWA
Les habitants de Gaza vivent dans des conditions de plus en plus insalubres.

Un « cauchemar sans fin » de mort et de destruction à Gaza, disent des responsables de l’ONU au Conseil de sécurité

Paix et sécurité

De hauts responsables de l'ONU ont réitéré vendredi que la situation humanitaire à Gaza est catastrophique et que les travailleurs humanitaires sont confrontés à des risques croissants. Ils ont appelé à une action immédiate pour empêcher une nouvelle détérioration.

Muhannad Hadi, Coordonnateur spécial adjoint des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, et Antonia De Meo, Commissaire générale adjointe de l’agence des Nations Unies chargée d’aider les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, ont informé le Conseil de sécurité de la situation dans l'enclave palestinienne, où plus de 38.000 personnes auraient été tuées et plus de 88.000 autres blessées depuis le début du conflit.

« Depuis près de 10 mois, les Palestiniens et les Israéliens vivent des souffrances, des chagrins, des peines et des pertes indescriptibles. Plus de deux millions de personnes à Gaza restent prises au piège d’un cauchemar sans fin de mort et de destruction à une échelle stupéfiante », a déclaré Mme De Meo aux membres du Conseil.

« Leurs vies sont dominées par la peur, la soif, la faim, la maladie, la déshumanisation, le manque d’assainissement de base et les déplacements répétés. C’est une lutte acharnée et incessante. La famine demeure un risque, y compris dans le sud de Gaza. Les maladies transmissibles sont en hausse », a-t-elle ajouté.

Des enfants profondément traumatisés

La situation est particulièrement alarmante pour les 625.000 enfants de l’enclave, profondément traumatisés et dont l’avenir est en jeu.

La plupart des écoles de l’UNRWA – lieux d’apprentissage pour environ la moitié des enfants et désormais utilisées comme abris par les déplacés – ont été détruites ou gravement endommagées lors des opérations militaires israéliennes. Huit d’entre elles ont été touchées au cours des deux dernières semaines.

Avant le 7 octobre de l’année dernière – le jour où le Hamas et des groupes armés palestiniens ont brutalement attaqué des communautés dans le sud d'Israël et l’opération militaire israélienne qui a suivi – l’agence gérait 183 écoles dans la bande de Gaza.

Vue d'ensemble de la réunion du Conseil de sécurité, avec Antonia De Meo (à gauche) et Muhannad Hadi (à droite) à l'écran.
UN Photo/Eskinder Debebe
Vue d'ensemble de la réunion du Conseil de sécurité, avec Antonia De Meo (à gauche) et Muhannad Hadi (à droite) à l'écran.

La polio menace

En outre, la menace de maladies transmissibles mortelles continue de croître de jour en jour, dans un contexte de montagnes de déchets et d’eaux usées débordant dans les camps de personnes déplacées.

Les personnes souffrant de maladies préexistantes telles que le cancer, l’insuffisance rénale ou le diabète ne peuvent pas non plus accéder aux traitements vitaux dont elles ont besoin. Et des dizaines de milliers d’autres patients ont besoin d’une évacuation médicale d’urgence.

Le dernier spectre qui menace les enfants est la polio, une maladie invalidante et incurable qui provoque la paralysie, après la découverte du virus de cette maladie hautement infectieuse dans des échantillons d’eaux usées.

Bien que la maladie puisse être efficacement évitée grâce à des vaccins, un système de santé sérieusement endommagé et épuisé à Gaza signifie que les enfants n’ont pas reçu les vaccinations cruciales.

Bien qu’aucun cas de polio n’ait été enregistré à ce jour, sans action immédiate, ce n’est « qu’une question de temps » avant que la maladie n’atteigne les milliers d’enfants qui ont été laissés sans protection, a averti l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En réponse, l’agence sanitaire des Nations Unies a annoncé l'envoi d'un million de vaccins contre la polio, qui, si les conditions le permettent, seront administrés aux enfants dans les semaines à venir.

L’acheminement de l’aide est une tâche impossible

M. Hadi a souligné qu’au milieu de la mort et de la destruction, les humanitaires « n’épargnent aucun effort pour fournir une assistance vitale aux plus vulnérables ».

« Mais il y a un gouffre entre ce qui devrait être fait et ce que les humanitaires peuvent faire. L’engagement ou la volonté des travailleurs humanitaires n’est pas le problème, c’est l’incapacité à remplir notre mandat, et cela échappe à notre contrôle », a-t-il averti, soulignant l’absence d’un environnement propice.

Il s’agit notamment d’assurer la protection des travailleurs humanitaires et de ceux qu’ils tentent d’aider ; de garantir la réception, l’envoi et la livraison sans entrave et en toute sécurité de toute l’aide humanitaire ; de faire en sorte qu'il n'y ait aucune restriction concernant la quantité et le type d’articles humanitaires livrés à Gaza ; et d'assurer des visas pour tous les membres du personnel de l’ONU et les travailleurs des organisations non gouvernementales internationales.

« La liste des prérequis est longue », a-t-il déclaré, ajoutant que « quelle que soit la forme que prendra le conflit dans un avenir proche, les humanitaires doivent pouvoir accéder en toute sécurité aux populations dans le besoin où qu’elles se trouvent à Gaza, dans toute la bande de Gaza ».