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Un Conseil de sécurité divisé débat du sens du multilatéralisme

Sergueï Lavrov (troisième à partir de la gauche), ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie et président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, préside une réunion du Conseil de sécurité.
UN Photo/Loey Felipe
Sergueï Lavrov (troisième à partir de la gauche), ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie et président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, préside une réunion du Conseil de sécurité.

Un Conseil de sécurité divisé débat du sens du multilatéralisme

Paix et sécurité

Les divisions géopolitiques actuelles se sont ouvertement affichées mardi au Conseil de sécurité des Nations Unies, alors qu'il se réunissait pour l'événement phare de la présidence russe ce mois-ci, intitulé « La coopération multilatérale dans l'intérêt d'un ordre mondial plus juste, démocratique et durable ».

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont le pays occupe la présidence du Conseil de sécurité pendant le mois de juillet, a accusé les États-Unis de faire preuve d'exceptionnalisme et de promouvoir un « ordre fondé sur des règles » qui menace le multilatéralisme et le droit international.

Washington « exige une obéissance inconditionnelle » de ses alliés, a-t-il déclaré, « même au détriment de leurs intérêts nationaux ».

« L’Amérique dirige, c’est l’essence même du fameux ordre fondé sur des règles, qui constitue une menace directe pour le multilatéralisme et le droit international », a-t-il affirmé.

Violations de la Charte

En réponse, l’Ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a fustigé « l’hypocrisie » russe en convoquant une réunion sur la coopération multilatérale tout en « violant délibérément et de manière flagrante » les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies que sont l’intégrité territoriale, le respect des droits de l’homme et la coopération internationale.

Elle a dénoncé la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, « une guerre qui a transformé la nourriture en arme », aggravant la faim non seulement pour les Ukrainiens mais pour des millions de personnes dans le monde.

« Une guerre qui a amené Moscou à recourir à la corde raide en matière nucléaire et à violer ses obligations en matière de sanctions internationales », a-t-elle déclaré.

Système de sécurité collective mis en péril

L'Ambassadeur de France auprès des Nations Unies, Nicolas de Rivière, a estimé pour sa part que « la Russie prétend demander un ordre mondial plus juste et durable, mais elle multiplie les violations de la Charte et met en péril notre système de sécurité collective ».

« Alors que la Charte bannit le recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou sur autorisation du Conseil de sécurité, la Russie y a eu recours illégalement contre la Géorgie en 2008, contre la Crimée et le Donbass en 2014, et conduit une guerre d’agression à grande échelle contre l’Ukraine depuis plus de deux ans », a-t-il ajouté.

Barbara Woodward, Ambassadrice du Royaume-Uni, a rappelé aux membres du Conseil leur responsabilité de respecter leurs propres engagements en mettant en œuvre et en respectant les résolutions adoptées.

« Il est donc vital que le gouvernement russe cesse de s'approvisionner en armes auprès de la RPDC (République populaire démocratique de Corée) en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et qu'il mette fin à ses tentatives visant à perturber les efforts de l'ONU en Afrique, notamment en mettant un terme aux actions ciblées d'intermédiaires russes contre la MINUSCA (Mission des Nations Unies en République centrafricaine) », a-t-elle dit.

Contre l'impunité

Faisant référence à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, elle a réitéré la position du Royaume-Uni selon laquelle il n’acceptera pas un monde « où les pays puissants peuvent intimider et envahir d’autres pays en toute impunité ».

L’Ambassadeur chinois Fu Cong a rappelé la fondation des Nations Unies au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et les principes de coexistence pacifique avancés par les dirigeants de son pays à l’époque.

Il a déploré la notion d’« ordre international fondé sur des règles » promue par certains pays, arguant qu’elle cherche à créer un système parallèle en dehors du droit international, cherchant « une légitimité pour les doubles standards et les exceptions ».

Il a appelé l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à cesser d’être un « fauteur de troubles » et s’est dit préoccupé par la recherche de l’expansion du bloc, la création de faux récits et « l’attisation de la confrontation entre les camps ».