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Livraison de l’aide à Gaza : « chaque jour compte », prévient une haute responsable de l’ONU au Conseil de sécurité

Sigrid Kaag, Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, informe le Conseil de sécurité de la situation au Moyen-Orient, y compris de la question palestinienne.
UN Photo/Loey Felipe
Sigrid Kaag, Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, informe le Conseil de sécurité de la situation au Moyen-Orient, y compris de la question palestinienne.

Livraison de l’aide à Gaza : « chaque jour compte », prévient une haute responsable de l’ONU au Conseil de sécurité

Aide humanitaire

La Coordonnatrice de haut niveau de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, Sigrid Kaag, a expliqué mercredi au Conseil de sécurité que l'ampleur des destructions et de la souffrance humaine dans l'enclave palestinienne assiégée font que « chaque jour compte » pour assurer la livraison d’une aide humanitaire suffisante.

Mme Kaag était venue présenter au Conseil l’état de la mise en œuvre de la résolution 2720 (2023), faisant part de certains progrès tout en témoignant d’une situation humanitaire cauchemardesque. Elle a annoncé que le mécanisme pour Gaza prévu par cette résolution serait opérationnel dans les prochains jours.

Sigrid Kaag rencontre un enfant malnutri et sa famille dans un hôpital de campagne de l'International Medical Corps, à Gaza.
OCHA / Olga Cherevko
Sigrid Kaag rencontre un enfant malnutri et sa famille dans un hôpital de campagne de l'International Medical Corps, à Gaza.

Intensifier l’assistance

La haute responsable humanitaire a déclaré qu’un changement de paradigme était nécessaire pour répondre aux immenses besoins de la population civile de Gaza. Cela nécessite une intensification de l’assistance et de la distribution ; des mesures irréversibles pour permettre une livraison sûre, sécurisée et sans entrave à l'intérieur de Gaza ; et une préparation rapide au relèvement et à la reconstruction.

Signalant que les infrastructures de santé à Gaza ont été décimées, elle a dit que les quelques hôpitaux encore debout ont du mal à fonctionner en raison de graves pénuries de fournitures et de fréquentes coupures de courant.

Alors que l’été approche et que les températures augmentent, les maladies transmissibles menacent de se propager à Gaza. Les enfants, qui souffrent le plus dans chaque crise, sont privés de nutrition, de protection et d'éducation et leur avenir est en jeu, a-t-elle souligné, notant que l'efficacité des opérations humanitaires ne peut pas être déterminée en comptant les camions. « Il s’agit d’un faux indicateur permettant de déterminer si l’aide humanitaire est suffisante », a-t-elle observé.

Rôle crucial de l’UNRWA

Sigrid Kaag a rappelé que l'Agence des Nations Unies chargée d’aider les réfugiés palestiniens (UNRWA) joue un rôle essentiel dans la fourniture d'une aide humanitaire vitale et de services sociaux essentiels aux réfugiés de Palestine. « En tant que telle, l'UNRWA est irremplaçable et indispensable en tant que planche de salut humanitaire et doit être autorisée à remplir son mandat », a-t-elle souligné.

Elle a également indiqué qu'Israël avait pris plusieurs engagements pour améliorer la fourniture de l'aide et qu'un certain nombre de mesures avaient été prises à cette fin.

Il s’agit notamment d’une augmentation du volume de l’aide dédouanée, inspectée et acheminée vers Gaza ; l'ouverture temporaire du passage d'Erez et du port d'Ashdod aux biens humanitaires, l'augmentation du nombre de camions entrant à Gaza directement depuis la Jordanie, l'allongement des horaires d'ouverture des postes frontières de Kerem Shalom et de Nitzana, la reprise des opérations de certains boulangeries dans le nord et le centre de Gaza et la réparation de la conduite d'eau de Nahal Oz.

Toutefois, des mesures supplémentaires sont nécessaires pour permettre un flux soutenu de biens humanitaires et commerciaux vers Gaza en termes de volume, de besoins et de portée, a-t-elle dit.

Assurer un acheminement cohérent

La Coordinatrice humanitaire a décrit ses discussions avec les parties prenantes régionales pour assurer un acheminement cohérent des marchandises et leur distribution à Gaza. Elle a souligné le lancement du corridor terrestre jordanien, qui a entraîné une augmentation du volume, et a souligné le potentiel d'augmentations supplémentaires.

Son équipe a également engagé un dialogue constructif pour optimiser l'efficacité de l'acheminement de l'aide à travers l'Égypte, a-t-elle rapporté.

Concernant le corridor maritime de Chypre, elle a déclaré que, même s'il ne pourra jamais remplacer les livraisons terrestres, il peut fournir des ressources supplémentaires. Les efforts visant à construire un port flottant et une jetée sur les côtes de Gaza progressent, a-t-elle ajouté.

Elle a également déclaré qu'une base de données et un système de notification seront mis en ligne pour toutes les marchandises destinées à Gaza le long des routes d'approvisionnement, précisant que leur mise en œuvre permettra la priorisation des pipelines, la prévisibilité, la visibilité et le suivi de ces fournitures.

Permettre le retour de l’Autorité palestinienne

L'ampleur des destructions et l'impact dévastateur de cette guerre sur l'ensemble de la population nécessitent un plan de soutien ambitieux et global avec des investissements proportionnés, a souligné Mme Kaag.

Faisant écho au Secrétaire général, elle a souligné le rôle crucial que doit jouer l'Autorité palestinienne à Gaza. « La communauté internationale doit œuvrer pour permettre son retour, renforcer sa capacité de gouvernance et la préparer à reprendre ses responsabilités à Gaza », a-t-elle dit.

Exprimant également son inquiétude face à une éventuelle opération israélienne à Rafah, elle a souligné : « Une telle action aggraverait une catastrophe humanitaire en cours, avec des conséquences pour les personnes déjà déplacées et endurant de graves difficultés et souffrances. La capacité de l’ONU à agir sera limitée ».