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Gaza : les missions d’aide risquent d’être interrompues sans garanties de sécurité, avertit l’ONU

Des enfants dans un abri à Gaza.
© UNRWA
Des enfants dans un abri à Gaza.

Gaza : les missions d’aide risquent d’être interrompues sans garanties de sécurité, avertit l’ONU

Paix et sécurité

Les opérations d’aide humanitaire à Gaza, dont ont désespérément besoin les populations, doivent être protégées contre les attaques, a averti le chef des opérations humanitaires de l’ONU, alors que des Palestiniens ont été tués quand ils attendaient l’aide dans l’enclave palestinienne, selon des informations parues jeudi.

Six Palestiniens seraient morts dans l’incident de Gaza City et plus de 80 autres auraient été blessés alors qu’ils attendaient l’arrivée de camions d’aide au rond-point de Koweït, selon les rapports des médias.

Ces incidents interviennent au lendemain d’une frappe sur un entrepôt de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Rafah qui a fait au moins un mort et une vingtaine de blessés. Le Coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies a condamné ce bombardement qui a tué au moins un employé de l’UNRWA

Attaque d’un entrepôt de l’UNRWA

« La nouvelle est dévastatrice pour nos collègues à Gaza qui ont déjà subi tant de pertes, et pour les familles qu’ils essayaient d’aider », a déclaré sur le réseau social X, Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires. « Comment pouvons-nous maintenir les opérations d’aide lorsque nos équipes et nos fournitures sont constamment menacées ? Ils doivent être protégés. Cette guerre doit cesser ».

Dans une déclaration faite peu après l’attaque, le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a indiqué que l’entrepôt touché par l’attaque israélienne était situé à l’est de Rafah et qu’il s’agissait de l’un des « très rares » points de distribution restants de l’agence onusienne.

« Les réserves de nourriture s’épuisent, la faim est généralisée et, dans certaines régions, se transforme en famine », a déclaré M. Lazzarini, avant d’insister sur le fait que les coordonnées de l’entrepôt avaient été communiquées à toutes les parties au conflit.

Des photos explicites de l’entrepôt ont montré une boîte de fournitures couverte de sang près de l’entrée de l’installation. Toutefois, les dommages subis par l’entrepôt, qui sont toujours en cours d’acheminement, ont été minimes, selon l’UNRWA.

Au moins 165 membres du personnel de l’UNRWA tués

L’agence des Nations Unies a également mis en garde contre le caractère « apocalyptique » des plans israéliens visant à transférer 1,4 million de Palestiniens de la ville la plus méridionale de Gaza vers des camps ou des « îlots humanitaires » situés plus au nord.

Cette proposition intervient alors que la communauté internationale continue de s’inquiéter vivement d’une invasion israélienne imminente de Rafah, cinq mois après le début d’intenses bombardements en réponse aux attaques sanglantes perpétrées par le Hamas, qui ont fait quelque 1.200 morts en Israël et plus de 250 personnes prises en otage.

« Où allez-vous évacuer les gens, car aucun endroit n’est sûr dans la bande de Gaza, le nord est en ruine, criblé d’armes non explosées, c’est pratiquement invivable », a affirmé Juliette Touma, Directrice de la communication de l’UNRWA. « Trop c’est trop. Toute nouvelle escalade serait absolument apocalyptique ».

Selon l’agence onusienne, au moins 165 membres de son personnel ont été tués, y compris dans l’exercice de leurs fonctions, à Gaza depuis le 7 octobre. Plus de 150 installations ont été touchées, dont de nombreuses écoles.

Mohammad fait mesurer son tour de bras dans le cadre de son dépistage de la malnutrition dans une tente de clinique pédiatrique soutenue par l'UNICEF dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.
© UNICEF/Eyad El Baba
Mohammad fait mesurer son tour de bras dans le cadre de son dépistage de la malnutrition dans une tente de clinique pédiatrique soutenue par l'UNICEF dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.

Plan d’aide maritime

Sur le front humanitaire, un navire d’une ONG est resté amarré au large de la côte de Gaza jeudi, après avoir quitté le sud de Chypre mardi, le long d’une nouvelle voie maritime humanitaire.

L’initiative est une mission conjointe impliquant World Central Kitchen, partenaire des Nations Unies, et l’organisation caritative de recherche et de sauvetage Open Arms, apparemment en coordination avec les autorités israéliennes et la communauté internationale. L’objectif est d’acheminer 200 tonnes de fournitures humanitaires vers le nord de l’enclave une fois qu’une digue aura été construite au sud de la ville de Gaza.

Un autre plan impliquant l’armée américaine prévoit la livraison par bateau de deux millions de repas par jour à l’enclave via une structure flottante temporaire qui doit encore être construite.

Bien que les nouvelles voies d’acheminement de l’aide par mer et les largages aériens soient les bienvenus, les agences humanitaires des Nations Unies ont insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’ils ne pouvaient pas remplacer les fournitures acheminées par voie terrestre.

Menace de famine

Ces différentes initiatives interviennent alors que la famine est imminente à Gaza, ont averti les équipes humanitaires des Nations Unies, en particulier dans le nord de l’enclave, où les convois d’aide ont été, au mieux sporadiques, dans un contexte de combats et de bombardements continus et de refus d’accès répétés.

Toutefois, un convoi de six camions du Programme alimentaire mondial (PAM) a atteint le nord de la bande de Gaza mardi, après avoir été autorisé à franchir une porte de la barrière de sécurité séparant l’enclave d’Israël, selon l’armée israélienne. La cargaison du convoi a été contrôlée au point de passage de Kerem Shalom, plus au sud, avant d’être autorisée à se diriger vers le nord, selon l’armée israélienne, qui a ajouté que plus de 1.000 colis d’aide avaient été largués dans la bande de Gaza par des pays étrangers au cours de la semaine écoulée.