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Pramila Patten, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU de la situation au Moyen-Orient, y compris de la question pale…

Les civils en Israël et en Palestine « ne peuvent être abandonnés », déclare une haute responsable de l’ONU

ONU Photo/Eskinder Debebe
Pramila Patten, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU de la situation au Moyen-Orient, y compris de la question palestinienne.

Les civils en Israël et en Palestine « ne peuvent être abandonnés », déclare une haute responsable de l’ONU

Paix et sécurité

La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Pramila Patten, a présenté devant le Conseil de sécurité lundi son rapport sur sa récente mission en Israël et en Cisjordanie, précisant que celle-ci n'était pas de nature investigatrice, mais visait à recueillir, analyser et vérifier des rapports sur les violences sexuelles commises en période de conflit.

Compte tenu des hostilités en cours, elle n'a pas demandé à se rendre à Gaza, où d'autres entités des Nations Unies opèrent et où certaines surveillent les violences sexuelles.

« Il n'y a eu aucune tentative de la part du Secrétaire général de faire taire mon rapport ou de supprimer ses conclusions », a-t-elle déclaré d'emblée, soulignant que son équipe, composée de neuf experts des Nations Unies, avait mené sa mission dans le respect de l'indépendance et de la transparence.

« Les conclusions ont été basées sur la crédibilité et la fiabilité des sources et sur l'évaluation de l'existence ou non d'informations suffisantes pour établir une conclusion de fait », a-t-elle dit, notant que dans un certain nombre de cas, l'équipe a estimé que certaines allégations n'étaient pas fondées.

Visite en Israël

Comme elle l'avait fait pendant sa conférence de presse présentant son rapport la semaine dernière, Mme Patten a indiqué que son équipe a mené des entretiens avec 34 personnes, y compris des survivants des attaques du 7 octobre, en visitant quatre sites d'attaques présumées et en examinant plus de 5.000 images et 50 heures de séquences fournies par les autorités et des sources indépendantes. L'équipe n'a pas rencontré de survivants d'agressions sexuelles, qui seraient sous traitement intense et n’étaient pas disposées à la rencontrer et parler.

« Ce dont j'ai été témoin en Israël, ce sont des scènes de violence indicible perpétrées avec une brutalité choquante, entraînant d'intenses souffrances humaines », a-t-elle souligné, se souvenant de sa rencontre avec des communautés traumatisées qui tentent de recoller les morceaux de leur vie brisée.

« J'ai vu la douleur dans leurs yeux », a-t-elle déclaré, citant des témoignages de personnes abattues, brûlées dans leurs maisons et tuées par des grenades, ainsi que des enlèvements d'otages, des mutilations de cadavres et des pillages à grande échelle. « C'était un catalogue des formes les plus extrêmes et inhumaines de meurtres, de tortures et d'autres horreurs ».

Otages à Gaza

« Nous avons trouvé des informations claires et convaincantes selon lesquelles des violences sexuelles, notamment des viols, des tortures à caractère sexuel et des traitements cruels, inhumains et dégradants ont été commis à l'encontre d'otages et nous avons des motifs raisonnables de croire que de telles violences peuvent encore être commises à l'encontre des personnes en captivité », a déclaré Mme Patten.

Mais si la Représentante a affirmé disposer d'informations « claires et convaincantes » selon lesquelles le Hamas avait commis des violences sexuelles lors des attaques du 7 octobre contre des otages israéliens, elle a souligné que si rien ne peut justifier la « violence délibérée » perpétrée par le groupe palestinien, rien ne peut justifier « la punition collective infligée à la population de Gaza ».

Cisjordanie

Lors de sa visite à Ramallah, elle a déclaré que des entités des Nations Unies avaient déjà fourni des informations qui seraient incluses dans son rapport au Conseil en avril.

« Ce dont j'ai été témoin en Cisjordanie occupée, c'est d'un climat de peur et d'insécurité intenses, avec des femmes et des hommes terrifiés et profondément troublés par la tragédie qui se déroule actuellement à Gaza », a-t-elle dit.

Les interlocuteurs ont fait part de leurs préoccupations concernant les fouilles corporelles invasives, les attouchements non désirés, les menaces de viol à l'encontre des femmes et la nudité forcée, inappropriée et prolongée, des détenus.

Elle a fait part de ces informations aux autorités israéliennes, qui lui ont fourni des renseignements sur les protocoles mis en place pour prévenir et traiter de tels cas et ont indiqué leur volonté d'enquêter sur toute infraction présumée.

« À cet égard, je tiens à exprimer ma déception face à la réaction immédiate de certains acteurs politiques à mon rapport, qui n'ont pas ouvert d'enquête sur ces incidents présumés, mais les ont plutôt rejetés catégoriquement via les médias sociaux », a-t-elle regretté.

« Nous devons traduire la détermination politique en réponses opérationnelles, qui sont essentielles dans le contexte actuel de violence incessante », a-t-elle ajouté.

Vue large de la salle du Conseil de sécurité de l'ONU où les membres se réunissent pour discuter de la situation au Moyen-Orient, notamment de la question palestinienne.
ONU Photo/Eskinder Debebe
Vue large de la salle du Conseil de sécurité de l'ONU où les membres se réunissent pour discuter de la situation au Moyen-Orient, notamment de la question palestinienne.

Recommandations

Le rapport formule plusieurs recommandations, notamment celle d'exhorter toutes les parties à accepter un cessez-le-feu et celle d'inciter le Hamas à libérer tous les otages.

« Les parties impliquées dans ces hostilités ont fermé les yeux sur le droit international », a-t-elle déclaré, encourageant le gouvernement israélien à accorder sans plus tarder l'accès au Haut-Commissariat aux droits de l'homme et à la Commission internationale indépendante d'enquête sur le territoire palestinien occupé, et à mener des enquêtes approfondies sur toutes les violations présumées qui se sont produites le 7 octobre.

La vérité est la seule voie vers la paix

Rien ne peut justifier la violence perpétrée par le Hamas le 7 octobre contre Israël, ni l'horrible punition collective infligée au peuple palestinien

« La vérité est le seul chemin vers la paix », a-t-elle déclaré, appelant également les organes compétents à traduire les auteurs de ces actes en justice.

« Les otages israéliens et les millions de civils de Gaza partagent le même sort : pour leur bien commun, un cessez-le-feu humanitaire doit être instauré dès maintenant », a affirmé Mme Patten. 

Rien ne peut justifier la violence perpétrée par le Hamas le 7 octobre contre Israël, ni l'horrible punition collective infligée au peuple palestinien, a-t-elle dit. Au contraire, cela crée « un impératif moral » pour un cessez-le-feu humanitaire afin de mettre fin aux souffrances indicibles imposées aux civils palestiniens à Gaza et de ramener les otages à la maison.

« L'objectif final de mon mandat est un monde sans guerre », a-t-elle déclaré. 

« Les civils et leurs familles, en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, ne peuvent être abandonnés par la communauté internationale. Les survivants de violences sexuelles et les personnes en danger doivent être protégés et soutenus. Nous ne pouvons pas les laisser tomber », a fait valoir la Représentante spéciale de l’ONU.

Pramila Patten a ajouté que « l'horreur et le chagrin doivent être remplacés par la guérison, l'humanité et l'espoir ».

« La crédibilité du système multilatéral en dépend et l'ordre international fondé sur des règles n'en exige pas moins », a conclu la Représentante spéciale.