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Les équipes de l'UNRWA continuent de distribuer de la farine dans le sud de la bande de Gaza, mais l'aide qui arrive au compte-gouttes ne suffit pas à répondre aux besoins actuels.

Gaza : la faim emporte un nombre croissant de jeunes vies, avertit l’ONU

© UNRWA
Les équipes de l'UNRWA continuent de distribuer de la farine dans le sud de la bande de Gaza, mais l'aide qui arrive au compte-gouttes ne suffit pas à répondre aux besoins actuels.

Gaza : la faim emporte un nombre croissant de jeunes vies, avertit l’ONU

Paix et sécurité

À quelques jours du début du mois sacré du Ramadan et alors qu’aucun accord de cessez-le-feu n’est pas encore en vue pour Gaza, les humanitaires de l’ONU ont réitéré leurs vives inquiétudes quant au nombre croissant d’enfants qui meurent de faim. 

Selon les agences onusiennes, les enfants gazaouis qui ont survécu aux bombardements risquent de « ne pas peut-être survivre à la famine », appelant à autoriser l’acheminement des aides dans l’enclave palestinienne assiégée. 

« La situation est épouvantable. Chaque minute, chaque heure, elle empire », a décrit l’agence de l’ONU pour les Palestiniens, l’UNWRA, dans un tweet sur X, anciennement Twitter.

Jeudi après-midi, le Conseil de sécurité des Nations Unies a tenu des consultations à huis clos sur la situation et a été informé par la Coordinatrice principale de l'aide humanitaire et de la reconstruction de Gaza, Sigrid Kaag.

Une augmentation massive de l'aide est nécessaire

S'adressant à la presse après le briefing, Mme Kaag a partagé que son message aux ambassadeurs soulignait la nécessité d'une aide humanitaire de qualité, prévisible et massivement augmentée à grande échelle pour les civils de Gaza.

« Nous devons inonder le marché de Gaza de produits humanitaires et redynamiser le secteur privé afin que les produits commerciaux puissent entrer pour répondre aux besoins des civils », a-t-elle déclaré.

Elle a également rappelé que l'aide humanitaire « ne consiste pas à compter les camions ». « Nous devons savoir si elle répond aux besoins et au volume », a-t-elle ajouté.

Mme Kaag a également souligné l'importance de diversifier les voies d'approvisionnement par voie terrestre, qui reste la solution optimale. 

Elle est plus facile, plus rapide, moins chère et plus durable à long terme, a-t-elle déclaré, notant également l'importance d'ouvrir des points de passage supplémentaires.

Se référant aux rapports de pays travaillant à la mise en place d'un corridor maritime vers Gaza, Mme Kaag a déclaré que de telles mesures visant à augmenter l'aide étaient les bienvenues. 

Dans le même temps, les fournitures humanitaires par voie aérienne ou maritime « ne peuvent se substituer à ce que nous devons voir arriver sur terre », a-t-elle déclaré.

Plus de 30.000 personnes ont été tuées au cours des intenses bombardements israéliens quotidiens sur la bande de Gaza, en réponse aux attaques terroristes menées par le Hamas en Israël le 7 octobre, qui ont fait quelque 1.200 morts et plus de 250 otages.

Un minimum de 300 camions d’aide par jour

Les négociations menées initialement au Qatar et cette semaine au Caire, en vue d’un cessez-le-feu lié à la libération des quelque 100 otages restants et à un accès beaucoup plus large de l’aide à Gaza, n’ont pas encore permis de mettre fin à la violence ni d’atténuer la catastrophe humanitaire.

La situation est épouvantable. Chaque minute, chaque heure, elle empire

En l’absence d’un accord entre le Hamas et Israël, les équipes d’aide de l’ONU ont prévu jeudi d’étudier la possibilité d’utiliser une route d’accès militaire israélienne au nord de la bande de Gaza pour transporter un minimum de 300 camions d’aide par jour.

En attendant, un maximum de 150 camions ont atteint quotidiennement le nord de Gaza, où un enfant de moins de deux ans sur six souffre de malnutrition aiguë et où les médias indiquent qu’au moins 20 jeunes sont morts de faim ces derniers jours, y compris un bébé de 14 jours.

L’espoir d’un accès au nord

Le principal responsable de l’aide des Nations Unies dans les Territoire palestiniens occupés (TPO), Jamie McGoldrick, a annoncé le déplacement du convoi d’aide mercredi. Il a expliqué que cela permettrait aux camions chargés de fournitures humanitaires d’atteindre les personnes vulnérables dans le nord de l’enclave sans avoir à franchir des obstacles et à faire face à l’insécurité.

« Nous devons utiliser cette route militaire, cette route clôturée sur le côté, à l’est (de Gaza), pour permettre au matériel de venir du point de passage de Kerem Shalom et de Rafah, jusqu’au nord et dans le nord, et jusqu’à un point de passage là-bas », a insisté M. McGoldrick, Coordinateur humanitaire par intérim de l’ONU, lors d’un briefing vidéo avec les journalistes. « Nous devons faire monter au moins 300 camions par jour. Pour l’instant, nous avons de la chance si nous en recevons environ 150 ».

Le responsable humanitaire a souligné que les secours entrant dans la bande de Gaza en février avaient diminué de moitié par rapport à janvier, malgré « les besoins énormes et croissants de plus de 2,3 millions de personnes vivant dans des conditions épouvantables ».

Le secteur de la pêche à 75 % détruit 

Près des trois quarts du secteur de la pêche, essentielle à l’économie de Gaza, a été touché par les attaques israéliennes depuis le 7 octobre, a indiqué jeudi le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. 

Michael Fakhri a décrit un sombre tableau de ce secteur, précisant qu’Israël a interdit à tous les pêcheurs l’accès à la mer et a détruit 75 % du secteur de la pêche. 

« Les forces israéliennes ont décimé le port de Gaza, détruisant chaque bateau de pêche et chaque cabane », a dit M. Fakhri, relevant qu’à Rafah par exemple, il ne reste que deux bateaux sur 40 et qu’à Khan Younis, Israël a détruit environ 75 bateaux de pêche artisanale. 

« Détruire la vie et les moyens de subsistance des pêcheurs palestiniens revient à saper le droit à l’alimentation de tous les habitants de Gaza et à les plonger dans la faim et la famine », a déploré l’Expert indépendant onusien, rappelant que cela fait 17 ans qu’Israël étrangle l’enclave palestinienne.

Cette alerte du Rapporteur spécial intervient alors que le conflit à Gaza dure depuis près de cinq mois et que « le peuple palestinien est confronté à une famine imminente ». Selon lui, Israël ne se contente pas de refuser et de restreindre l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, « il détruit le système alimentaire de Gaza ». 

Pour M. Fakhri il s’agit d’une «campagne de la faim contre le peuple palestinien de Gaza ». « Et l’un des moyens utilisés pour y parvenir est de cibler les petits pêcheurs », a affirmé Fakhri.

Pour que le peuple palestinien puisse exercer son droit à l’autodétermination et vivre dans la dignité, le Rapporteur spécial appelle au respect des droits de l’homme des petits pêcheurs de Gaza, notamment en leur garantissant un accès sûr et complet à leurs eaux territoriales.