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Les agences humanitaires déplorent les difficultés d’accès au nord de Gaza

Un garçon dans son quartier bombardé à Gaza.
© UNRWA
Un garçon dans son quartier bombardé à Gaza.

Les agences humanitaires déplorent les difficultés d’accès au nord de Gaza

Paix et sécurité

Les opérations d’aide dans le nord de la bande de Gaza deviennent de plus en plus difficiles, a regretté mercredi une agence des Nations Unies, relevant que les organisations humanitaires « se voient systématiquement refuser l’accès » à Gaza et que « les convois d’aide humanitaire sont la cible de tirs ».

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Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), les partenaires humanitaires (y compris l’UNRWA) n’ont pas été en mesure d’atteindre le nord de Gaza, et de plus en plus certaines parties du sud de Gaza, en toute sécurité. « Les convois d’aide continuent d’être la cible de tirs et les autorités israéliennes leur refusent l’accès », a dit l’agence onusienne dans son dernier rapport. 

L’accès restreint au nord de Gaza contribue ainsi de manière significative à l’insuffisance de l’acheminement de l’aide humanitaire, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’insécurité alimentaire et à la possibilité d’une famine généralisée et de décès dus à la faim. En outre, « les forces israéliennes continuent de tirer sur les Palestiniens qui attendent l’aide humanitaire dans la ville de Gaza », a indiqué pour sa part le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). 

Moyenne quotidienne de près de 100 camions d’aide

D’une manière générale, les camions de l’UNRWA ont du mal à entrer dans la bande de Gaza en raison des contraintes de sécurité et des fermetures temporaires aux deux points de passage. L’agence onusienne a parfois dû interrompre temporairement l’acheminement des fournitures pour des raisons de sécurité.

« La sécurité de la gestion du point de passage a été gravement affectée par la mort de plusieurs policiers palestiniens lors de frappes aériennes israéliennes près des points de passage ».  

Par ailleurs, les routes d’approvisionnement de la bande de Gaza ont fonctionné de manière irrégulière tout au long de la période couverte par le rapport. Entre le 25 et le 26 février, seuls 232 camions sont entrés dans la bande de Gaza via Rafah et les points de passage de Karem Abu Salem (Kerem Shalom). 

En février, l’aide reste très limitée, avec une moyenne de près de 100 camions par jour, alors qu’en janvier 2024, environ 150 camions de fournitures entraient chaque jour dans la bande de Gaza. Selon l’UNRWA, le nombre de camions entrant dans la bande de Gaza reste bien en deçà de l’objectif de 500 par jour, et il est très difficile d’acheminer l’aide par Karem Abu Salem (Kerem Shalom) et Rafah.

Entrave aux opérations humanitaires

Sur le terrain, l’armée israélienne continue à mener des opérations terrestres contre le Hamas à Khan Younis, et prépare une offensive contre Rafah, à quelques kilomètres plus au sud, où sont massés près d’un million et demi de Palestiniens, selon l’ONU, pour la plupart des déplacés, piégés dans un périmètre exigu contre la frontière fermée avec l’Égypte.

« L’augmentation des frappes aériennes à Rafah, y compris dans les zones résidentielles sans avertissement préalable, a fait craindre qu’elles n’entravent encore davantage les opérations humanitaires déjà surchargées », a détaillé l’UNRWA.

Dans le même temps, des mouvements de population hors de Rafah et vers les camps de réfugiés de Deir Al Balah et de Nuseirat dans la zone intermédiaire ont été signalés, bien que des rapports fassent état de nouveaux combats et de nouvelles frappes aériennes dans ces zones. Au 26 février, jusqu’à 1,7 million de personnes (plus de 75% de la population) ont été déplacées dans la bande de Gaza, parfois à plusieurs reprises.

Des personnes déplacées par les combats s'abritent dans une école de l'UNRWA à Deir el Balah, dans le centre de Gaza.
© UNRWA/Ashraf Amra
Des personnes déplacées par les combats s'abritent dans une école de l'UNRWA à Deir el Balah, dans le centre de Gaza.

L’ONU redoute une « famine généralisée presque inévitable »

Les familles sont obligées de se déplacer à plusieurs reprises pour se mettre à l’abri. Suite aux intenses bombardements israéliens et aux combats à Khan Younis et dans la zone intermédiaire ces derniers jours, un nombre important de personnes déplacées se sont déplacées plus au sud.  

Parmi elles, un million de personnes résident dans ou à proximité d’abris d’urgence ou d’abris informels.

Ces mouvements de population et ces restrictions de l’accès humanitaire interviennent alors que l’ONU s’est alarmée d’une « famine généralisée presque inévitable » dans la bande de Gaza, particulièrement dans le nord du territoire palestinien assiégé où, sans accès humanitaire et avec un système agricole dévasté, elle est « imminente ».

Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine.

« Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de Gaza », a déclaré hier mardi devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York, Carl Skau, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial. « Nous devons persister et être à la hauteur de nos responsabilités pour assurer que cela n’arrive pas sous nos yeux ».