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Des enfants du nord-ouest de la Syrie restent dans un centre d'accueil après que leurs maisons ont été bombardées.

L'envoyé de l’ONU pour la Syrie appelle à une désescalade urgente au Moyen-Orient

© OCHA/Bilal Al Hammoud
Des enfants du nord-ouest de la Syrie restent dans un centre d'accueil après que leurs maisons ont été bombardées.

L'envoyé de l’ONU pour la Syrie appelle à une désescalade urgente au Moyen-Orient

Paix et sécurité

Les retombées du conflit au Moyen-Orient et les combats en cours en Syrie ont un impact dévastateur sur les civils à l'intérieur du pays, a déclaré mardi l'Envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, au Conseil de sécurité. 

« Les retombées régionales ne sont que le dernier accélérateur d'un conflit dont la complexité s'accroît d'année en année. La situation s'aggrave sur presque tous les indicateurs et le statu quo est insoutenable et ingérable », a-t-il expliqué.

Frappes aériennes et victimes

De multiples frappes aériennes attribuées à Israël ont été menées ce mois-ci en Syrie, notamment sur des zones résidentielles de Homs et de Damas, qui auraient fait des victimes civiles et militaires, y compris des conseillers des Gardiens de la révolution iraniens. 

Les États-Unis ont également lancé des frappes de représailles sur des dizaines de cibles liées à l'Iran en Syrie et en Iraq à la suite d'une attaque de drone meurtrière contre leurs troupes en Jordanie.   

Pendant ce temps, tous les autres vecteurs du conflit syrien lui-même se poursuivent et restent la principale cause de pertes et de déplacements de civils. 

Tout le nord de la Syrie a été le théâtre de multiples escarmouches sur la ligne de front ce mois-ci. Des échanges de tirs d'artillerie, de roquettes et de snipers, des frappes de drones progouvernementaux, des frappes du groupe militant fondamentaliste HTS et des frappes de drones turcs ont également été signalés.

Les attaques de Daech ont également continué à augmenter, à la fois en quantité et en impact, en particulier dans les régions du centre et du nord-est, tandis que le sud de la Syrie reste violent et instable.

Geir Pedersen (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, informe le Conseil de sécurité de la situation au Moyen-Orient.
ONU Photo/Eskinder Debebe
Geir Pedersen (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, informe le Conseil de sécurité de la situation au Moyen-Orient.

Soutien au cessez-le-feu immédiat à Gaza 

« Il est évident que les tensions dans la région doivent être désamorcées d'urgence, en commençant par le cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza que le Secrétaire général a demandé », a déclaré M. Pedersen, tout en soulignant le besoin urgent d'une désescalade en Syrie.

Il est évident que les tensions dans la région doivent être désamorcées d'urgence, en commençant par le cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza

Il a également appelé à la protection des civils et des infrastructures civiles, ajoutant que « les groupes terroristes inscrits sur la liste du Conseil de sécurité doivent être combattus d'une manière qui soit coopérative et fermement conforme au droit international et qui donne la priorité à la protection des civils ».

Suspension du Comité constitutionnel 

M. Pedersen a également informé les ambassadeurs de ses efforts visant à convoquer le Comité constitutionnel syrien, qui réunit des représentants du gouvernement, de l'opposition et de la société civile, pour des réunions à Genève.

Le Comité s'est réuni pour la dernière fois en juin 2022 et sa neuvième session, prévue pour juillet dernier, n'a pas eu lieu « parce que, comme l'a confirmé ce mois-ci le ministre russe des Affaires étrangères (Sergueï) Lavrov, la Russie ne considère plus la Suisse comme un lieu neutre, et le gouvernement syrien n'a pas accepté Genève en conséquence ».

L'Envoyé spécial a clairement indiqué que Genève était le lieu convenu pour les réunions, conformément au mandat du comité, et que « le processus devait se dérouler sans ingérence étrangère ». En outre, en tant que facilitateur, il explorerait toutes les alternatives possibles et soutiendrait le choix d'un autre lieu s'il y avait consensus. 

Annonce de la réunion d'avril 

Bien que plusieurs lieux aient été proposés, y compris l'Office des Nations Unies à Nairobi, aucun consensus n'a été atteint.

« N'ayant rien négligé pour trouver un autre lieu de réunion, je pense que la seule façon d'avancer à l'heure actuelle est de se réunir à nouveau à Genève - au moins en tant que proposition de transition tant qu'il n'y a pas de consensus sur un autre lieu de réunion, tout en restant ouvert à un autre lieu de réunion pour les sessions futures si un consensus est trouvé », a-t-il déclaré.

M. Pedersen a annoncé qu'il lançait ce mardi même des invitations formelles pour un neuvième cycle de négociations à Genève en avril.

« Je pense qu'il est important que le comité constitutionnel se réunisse dès que possible et poursuive ses travaux. Une interruption indéfinie ne peut que nuire à la crédibilité et au travail du Comité constitutionnel », a-t-il averti.

La situation humanitaire se détériore 

L'Envoyé spécial a également abordé la sombre situation humanitaire en Syrie, un an après les tremblements de terre meurtriers qui ont frappé le nord du pays et la Türkiye voisine, faisant des milliers de morts et des millions de déplacés. 

Le Coordinateur des secours d'urgence des Nations Unies, Martin Griffiths, qui a également informé le Conseil, a souligné qu'il restait encore beaucoup à faire pour remédier à l'impact à long terme des tremblements de terre et à la crise humanitaire plus large en Syrie, qui n'a fait que se détériorer au cours des 12 derniers mois.

Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, fait le point sur la situation humanitaire au Moyen-Orient.
Photo ONU/Loey Felipe
Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, fait le point sur la situation humanitaire au Moyen-Orient.

Des besoins records 

Il a déclaré qu’avec 16,7 millions de personnes en Syrie, soit près des trois quarts de la population, en besoin d'une aide humanitaire, le nombre de personnes dans le besoin est le plus élevé depuis le début de la guerre.

M. Griffiths s'est félicité de la récente décision du gouvernement d'autoriser les Nations Unies à acheminer de l'aide dans le nord de la Syrie par deux postes-frontières avec la Türkiye - Bab al-Salam et Al Ra'ee - pour une période supplémentaire de trois mois, jusqu'au 13 mai.

Cette prolongation fait suite à la décision tout aussi bienvenue prise en janvier de prolonger de six mois, jusqu'au 13 juillet, l'autorisation d'utiliser le poste-frontière de Bab al-Hawa. 

Besoin crucial de financement

En 2023, les Nations Unies et leurs partenaires ont fait passer plus de 5.000 camions transportant de l'aide essentielle par les points de passage et plus de 40 missions transfrontalières ont été effectuées depuis janvier de cette année. 

« Cela nous a permis de fournir une aide essentielle à 2,5 millions de personnes chaque mois et d'administrer plus d'un million de procédures médicales », a dit M. Griffiths.

Il a souligné l'engagement de la communauté humanitaire à aider les populations à travers la Syrie, mais a insisté sur le besoin de financement. 

Il a indiqué que le plan de réponse humanitaire de l'année dernière pour le pays avait reçu moins de 40% des fonds nécessaires, soit le plus petit total depuis le début du conflit.