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Ce quartier de Boutcha a beaucoup souffert pendant l'occupation russe. Cette maison a été bombardée. Aujourd'hui, tout a été complètement restauré.

Ukraine : Boutcha et Irpin renaissent des cendres de l'occupation militaire russe

ONU Info/Anna Radomska
Ce quartier de Boutcha a beaucoup souffert pendant l'occupation russe. Cette maison a été bombardée. Aujourd'hui, tout a été complètement restauré.

Ukraine : Boutcha et Irpin renaissent des cendres de l'occupation militaire russe

Paix et sécurité

Lorsque l'occupation russe de Boutcha au début de l'invasion de grande ampleur de l'Ukraine par la Russie, a pris fin en mars 2022, des destructions massives et des atrocités ont été révélées et une commission des Nations Unies a conclu que des crimes de guerre avaient été commis à l'encontre de la population civile.

Deux ans plus tard, la vie reprend son cours dans cette ville de la banlieue de Kyïv, qui a été restaurée avec l'aide de l’ONU.

« Ils sont venus en hélicoptère de l'aéroport de fret d'Hostomel [au nord de Boutcha]. Puis ils ont avancé avec des chars le long de la rue Vokzalna.  Ils ont traversé la voie ferrée et se sont dirigés vers Kyïv », raconte Mykhaylina Skoryk-Shkarivska, la fondatrice de l'Institut pour le développement durable des communautés de Boutcha et députée du conseil municipal d'Irpin, en se remémorant les premiers jours de l'invasion russe.

L'occupation par les troupes russes a duré près d'un mois et, lorsque la ville a été libérée le 31 mars 2022, des preuves de meurtres, de tortures et d'autres crimes commis par les militaires russes, ainsi que de nombreuses destructions, ont été révélées.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, en visite dans la ville en décembre 2022, a déclaré qu'il lui était difficile de penser à ce que la population de Boutcha avait dû endurer : « Vous entendez parler de soldats qui viennent dans votre village ou votre ville, et puis vous voyez ces soldats, vous les voyez commencer à tuer des gens dans les rues, puis des tirs de francs-tireurs, des fusillades, des massacres, des exécutions sommaires ».

Le rapport de la Mission de surveillance des Nations Unies en Ukraine fait référence à des meurtres documentés de résidents locaux. Selon les auteurs du rapport, l'armée russe a procédé souvent à des exécutions sommaires aux postes de contrôle : un message texte sur un téléphone, un article d'uniforme militaire ou un certificat de service militaire dans le passé ont pu avoir des conséquences fatales. 

En septembre 2022, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a évoqué les conséquences de l'occupation devant les membres du Conseil de sécurité de l'ONU. « Dans la ville de Boutcha, j'ai visité l'église Saint-André, où j'ai vu des corps cachés derrière un bâtiment. Il ne s'agit pas d'un simulacre. En marchant dans les rues de Borodyanka, j'ai vu des écoles et des maisons détruites. Il s'agit d'une véritable destruction, je l'ai vue », a-t-il déclaré à l'époque. On estime que des milliers de bâtiments ont été endommagés à Boutcha et que plus d'une centaine ont été complètement détruits. 

La rue Vokzalnaya à Boutcha aujourd'hui. Le secteur du logement privé, qui avait été gravement détruit, a été entièrement restauré.
ONU Info/Anna Radomska
La rue Vokzalnaya à Boutcha aujourd'hui. Le secteur du logement privé, qui avait été gravement détruit, a été entièrement restauré.

Redonner vie à Bucha

Mais aujourd'hui, environ deux ans après l'occupation, il y a de nets signes d'un renouveau. Les Nations Unies ont travaillé en étroite collaboration avec les autorités locales, le gouvernement et les partenaires internationaux, afin de permettre à la ville de reprendre vie le plus rapidement possible. 

« Dans le quartier de Nova Boutcha, tout a été détruit pendant l'occupation. Aujourd'hui, il a été presque entièrement reconstruit », explique Mme Skoryk-Shkarivska.

« Tous les immeubles endommagés sont réparés de manière globale : les toits sont entièrement remplacés, l'isolation thermique est installée et la façade est améliorée, de sorte que le bâtiment conserve mieux la chaleur. Il est difficile d'imaginer qu'il y a deux ans, il y avait ici un convoi de matériel militaire russe lourd et que la plupart des maisons étaient détruites ou brûlées ».

« J'entends parfois des discussions sur la nécessité de reconstruire », poursuit-elle. « Mais la région de Kyïv n'est pas soumise à des tirs russes aussi massifs que, par exemple, les zones frontalières de la région de Kharkiv. Les gens reviennent, ils ont besoin de vivre et de travailler. La ville vit, il y a des affaires, beaucoup de nouveaux restaurants. Il faut reconstruire une ville vivante. Et les gens viendront encore plus nombreux. Après tout, les régions occidentales de l'Ukraine, où tout le monde a fui au début, sont surpeuplées, il n'y a rien à faire pour de nombreux citoyens. Ici, à Kyïv, il y a plus de travail, plus d'opportunités ». 

Un abri dans une école d'Irpin, rénové par l'UNICEF.
ONU Info/Anna Radomska
Un abri dans une école d'Irpin, rénové par l'UNICEF.

La réhabilitation du parc immobilier est soutenue et financée par des partenaires internationaux, notamment des agences des Nations Unies, qui s'occupent également du déblaiement des décombres et du déminage dans la région de Kyïv, en particulier à Boutcha.

L'école d'Irpin, qui a été au cœur de violents combats en 2022, a été entièrement restaurée par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). Elle est aujourd'hui l'un des établissements scolaires les plus modernes de la ville, avec un abri bien équipé et un espace ouvert à tous. 

« Dès que Boutcha et Irpin, dans la région de Kyïv, ont repris le contrôle du gouvernement, l'UNICEF a lancé des initiatives de réhabilitation et apporté un soutien global », explique Munir Mammadzadeh, Représentant de l'UNICEF en Ukraine. « Plus de 5.000 enfants de Boutcha et d'Irpin étudient dans des écoles reconstruites, notamment l'école d'Irpin, qui a été détruite à 70% et dont la restauration a été financée par l'UE. Cette école est aujourd'hui pleinement opérationnelle et offre à 1.700 élèves, dont des enfants de personnes déplacées à l'intérieur du pays, un enseignement à temps plein ». 

« Pour de nombreux enfants, tant en Ukraine qu'à l'étranger, la guerre les a privés de deux années d'école, de temps pour jouer avec leurs amis et de la possibilité de communiquer avec leurs proches », ajoute-t-il. « Elle les a privés d'éducation, de bonheur et d'une enfance normale. Elle a eu un impact dévastateur sur leur santé mentale. Nous devons minimiser les pertes éducatives. Les enseignants de maternelle, qui sont désormais formés à l'assistance psychosociale et psychologique aux enfants, sont mieux à même de les soutenir pendant cette période difficile ».