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L'affaire Jeffrey Epstein enverra le message que de tels crimes contre les femmes et les enfants sont inacceptables ou confirmera que le pouvoir et les relations protègent les responsables de l'obligation de rendre des comptes.

Affaire Epstein : personne ne doit échapper à la justice, affirment des expertes de l'ONU

Unsplash/Mika Baumeister
L'affaire Jeffrey Epstein enverra le message que de tels crimes contre les femmes et les enfants sont inacceptables ou confirmera que le pouvoir et les relations protègent les responsables de l'obligation de rendre des comptes.

Affaire Epstein : personne ne doit échapper à la justice, affirment des expertes de l'ONU

Droit et prévention du crime

Alors que près d’un millier de pages de documents juridiques ont été rendues publiques cette semaine par la justice fédérale de Manhattan, révélant les noms de victimes, de proches et de complices présumés dans l'affaire du financier américain Jeffrey Epstein, mettant en lumière l'ampleur inquiétante des abus sexuels qu'il a commis à l'encontre d'adolescentes, des expertes indépendantes des droits de l'homme de l'ONU ont souligné vendredi que « personne n'est au-dessus de la loi ».

Les documents judiciaires révèlent une liste de crimes présumés perpétrés par M. Epstein, allant des abus sexuels, de l'exploitation sexuelle, des viols, du trafic sexuel, à l'esclavage, la torture et la disparition forcée de femmes et d'enfants. 

M. Epstein est décédé en août 2019, ayant été trouvé par des gardiens de prison à New York sans réaction dans sa cellule de prison où il attendait son procès.

Un précédent important pour l'avenir 

Cette affaire enverra le message que de tels crimes contre les femmes et les enfants sont inacceptables ou confirmera que le pouvoir et les relations protègent les responsables de l'obligation de rendre des comptes  

Dans un communiqué de presse publié vendredi, la Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences, Reem Alsalem, et la Rapporteure spéciale sur la vente, l'exploitation et les abus sexuels concernant des enfants, Mama Fatima Singhateh, ont exprimé leur profonde inquiétude quant au vaste réseau de victimes mineures et de survivants attirés dans le « monde pervers » de Jeffrey Epstein et de sa complice Ghislaine Maxwell, aujourd'hui incarcérée, ainsi qu'à leur capacité à opérer en toute impunité « pendant tant d'années ».

« La manière dont cette affaire sera traitée par les autorités policières et judiciaires créera un précédent important pour l'avenir », ont affirmé les défenseures des droits humains. « Elle enverra le message que de tels crimes contre les femmes et les enfants sont inacceptables ou confirmera que le pouvoir et les relations protègent les responsables de l'obligation de rendre des comptes ».

Appel à des enquêtes rapides

Plus de 150 personnes liées à Jeffrey Epstein et à son réseau, ou simplement citées dans des procédures judiciaires, figurent dans les documents rendus publics, selon les médias.

Beaucoup de ces personnes sont mentionnées soit en passant ou parce qu'elles jouent un rôle dans les procédures judiciaires.  Leur présence ne suggère en aucun cas qu'elles ont commis des actes répréhensibles.

Compte tenu de la nature des activités criminelles et des enquêtes en cours au niveau international, les expertes en droits de l'homme ont demandé instamment aux autorités chargées de l'application de la loi de veiller à ce que des enquêtes complètes, rapides et transparentes soient menées et à ce que des procédures judiciaires soient engagées avec effet immédiat. 

« Tous ceux qui ont pu participer à ces crimes odieux de violence contre les femmes et les enfants, y compris en payant pour des services sexuels et en se livrant au proxénétisme, doivent être traduits en justice », ont-elles déclaré.

Hommage aux victimes

En hommage au courage des victimes et des survivantes qui se sont manifestées malgré les risques, les expertes nommées par le Conseil des droits de l'homme ont souligné la nécessité de protéger leur vie privée afin d'éviter toute stigmatisation et tout traumatismes supplémentaires. 

Elles ont souligné l'importance de la protection des témoins et des victimes, ainsi que des réparations globales, transformatrices, centrées sur les victimes et les survivantes, afin de les protéger contre les risques de préjudices supplémentaires.

Mmes Alsalem et Singhateh ont conclu par un constat sévère, soulignant que « des cas comme celui d'Epstein démontrent l'incapacité persistante de la communauté internationale à prévenir l'exploitation et la maltraitance des femmes et des enfants ». « Tout cela doit être traité de toute urgence par des réponses préventives et l'obligation de rendre des comptes, un aspect qui est souvent oublié ».

Mort et condamnation

Jeffrey Epstein a été arrêté en juillet 2019 pour trafic sexuel, après avoir conclu un accord de plaidoyer en 2008 qui l’avait permis de purger une peine de 13 mois pour sollicitation et proxénétisme à l'égard d'une mineure, dans le cadre d'un programme de placement à l'extérieur. L'accord de non-poursuite lui a permis d'éviter une éventuelle condamnation à perpétuité, selon les médias.

Sa complice Ghislaine Maxwell, citoyenne britannique, a été inculpée de crimes sexuels en juillet 2020 et reconnue coupable en décembre 2021. En juin 2022, elle a été condamnée à 20 ans de prison.

NOTE

Les Rapporteurs spéciaux et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les titulaires de mandat des procédures spéciales sont des experts indépendants en matière de droits de l'homme nommés par le Conseil des droits de l'homme pour traiter soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et sont indépendants de tout gouvernement ou organisation. Ils servent à titre individuel et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail.