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Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit pour discuter de la situation au Moyen-Orient, notamment de la question palestinienne.

Ne détournez pas les yeux de la « catastrophe humanitaire monumentale à Gaza », déclare Guterres au Conseil de sécurité

ONU Photo/Loey Felipe
Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit pour discuter de la situation au Moyen-Orient, notamment de la question palestinienne.

Ne détournez pas les yeux de la « catastrophe humanitaire monumentale à Gaza », déclare Guterres au Conseil de sécurité

Paix et sécurité

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée mercredi à la crise israélo-palestinienne, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a salué l'accord conclu par Israël et le Hamas ayant permis une pause humanitaire et a appelé les Etats membres des Nations Unies à ne pas détourner les yeux de la « catastrophe humanitaire  monumentale à Gaza ».

Le chef de l'ONU a déclaré aux ambassadeurs et aux ministres participant à cette réunion que plus des deux tiers des personnes tuées jusqu'à présent à Gaza étaient des enfants et des femmes. En quelques semaines, un nombre bien plus important d'enfants ont été tués par Israël qu'au cours de n'importe quelle année, par n'importe quelle partie à un conflit, depuis qu'il est Secrétaire général, a souligné M. Guterres.

Saluant l'accord conclu par Israël et le Hamas, avec l'aide des gouvernements du Qatar, de l'Égypte et des États-Unis, comme une « lueur d’espoir et d’humanité » tant pour les otages et leurs familles que pour les civils à Gaza, il a déclaré que l'ONU s'efforçait de maximiser le potentiel positif de la pause actuelle dans les combats sur la situation humanitaire à Gaza.

« La pause nous a permis d'améliorer l'acheminement de l'aide vers et à travers Gaza », a-t-il dit, soulignant que pour la première fois depuis le 7 octobre, un convoi inter-agences a livré de la nourriture, de l'eau et des fournitures médicales au nord de Gaza, en particulier dans quatre abris de l'agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens, l'UNRWA, dans le camp de Jabalia.

Mais le niveau de l’aide reste totalement insuffisant pour répondre aux énormes besoins de plus de deux millions de personnes.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse à la réunion du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient.
ONU Photo/Loey Felipe
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse à la réunion du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient.

Libérer tous les otages

Le Secrétaire général a jugé que la libération d'otages ces derniers jours est « un début bienvenu », mais il a insisté sur le fait que « tous les otages doivent être libérés immédiatement et sans condition ».

L'accord annoncé le 22 novembre a jusqu'à présent permis la libération, en cinq jours, de 60 otages – 29 femmes et 31 enfants – détenus par le Hamas et d'autres groupes depuis le 7 octobre, a-t-il souligné, ajoutant qu'en outre, 21 autres otages avaient été libérés au cours de la même période. Cet accord a également permis la libération de 180 prisonniers et détenus palestiniens des prisons israéliennes, pour la plupart des femmes et des enfants.

Un « véritable cessez-le-feu humanitaire » est nécessaire

Le Secrétaire général de l'ONU a estimé que la mesure du succès de cette pause humanitaire ne sera pas le nombre de camions expédiés ou les tonnes de fournitures livrées – aussi importants soient-ils. « Le succès se mesurera à l’aune des vies sauvées, de la fin des souffrances et du rétablissement de l’espoir et de la dignité », a-t-il déclaré.

« La population de Gaza est au milieu d’une catastrophe humanitaire monumentale sous les yeux du monde », a-t-il ajouté. « Nous ne devons pas détourner le regard ».

Il s'est félicité des négociations intenses en cours pour prolonger la trêve. « Mais nous pensons que nous avons besoin d’un véritable cessez-le-feu humanitaire et nous devons garantir aux populations de la région un horizon d’espoir en avançant de manière déterminée et irréversible vers l’établissement d’une solution à deux États, sur la base des résolutions des Nations Unies et du droit international, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, a-t-il déclaré. « L’échec condamnera les Palestiniens, les Israéliens, la région et le monde à un cycle sans fin de mort et de destruction ».

Première réunion du Conseil depuis la résolution du 15 novembre

Tor Wennesland (à l'écran), Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, s'adresse à la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.
ONU Photo/Eskinder Debebe
Tor Wennesland (à l'écran), Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, s'adresse à la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.

Il s'agit de la première réunion publique du Conseil de sécurité de l'ONU sur le conflit entre Israël et le Hamas depuis que l'organe de 15 membres a adopté une résolution à la mi-novembre appelant à la libération immédiate des otages détenus par le Hamas et à des couloirs humanitaires pour sauver et protéger les vies civiles à Gaza.

Cette résolution a été la première expression de l'unité du Conseil sur la crise depuis les attaques sanglantes du Hamas du 7 octobre et l'offensive israélienne meurtrière qui a suivi. 

La Chine assure la présidence du Conseil jusqu'à la fin novembre et la réunion autour de la table en fer à cheval a eu lieu au niveau ministériel, sous la présidence du ministre des Affaires étrangères Wang Yi, et avec la participation de chefs de la diplomatie d'autres Etats membres des Nations Unies.

Effondrement de l'économie à Gaza

Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a également fait un exposé devant le Conseil.

Il a expliqué qu'avec la montée de la violence et des restrictions imposées aux déplacements par Israël, la crise budgétaire de longue date de l’Autorité palestinienne s’est considérablement aggravée.

L'activité économique en Cisjordanie s'est arrêtée et l'économie de Gaza s'est effondrée, a-t-il déclaré. La diminution des revenus de l’Autorité palestinienne a un impact sur de nombreux services essentiels et sur le paiement des salaires du secteur public, y compris ceux des forces de sécurité, a-t-il dit, avertissant que « la situation bouillonne et s’aggrave rapidement ».

« Dans les mois qui ont précédé la guerre, j’ai régulièrement averti ce Conseil qu’il fallait faire davantage pour aider à stabiliser la situation en Cisjordanie, et c’est le cas aujourd’hui plus que jamais auparavant », a déclaré M. Wennesland.

Il a souligné que la seule voie viable est celle qui mène à la fin de l'occupation et à la réalisation d'une solution à deux États conforme aux résolutions de l'ONU, aux accords antérieurs et au droit international.

« Nos efforts passés n’ont certainement pas été suffisants, un message qui résonne aujourd’hui alors que nous célébrons la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Il doit y avoir une approche nouvelle et différente, sinon nous sommes condamnés à revenir sur la voie de la gestion d’un conflit qui ne peut clairement pas être géré », a-t-il déclaré.

En 1977, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de créer une Journée de solidarité avec le peuple palestinien. La date du 29 novembre a été retenue en raison de sa signification particulière pour le peuple palestinien. En effet, ce jour-là en 1947, l’Assemblée générale a adopté une résolution qui prévoyait le partage de la Palestine en deux États.

Israël et Palestine

Lors de la réunion du Conseil de sécurité mercredi, Gilad Erdan, Représentant permanent d'Israël auprès de l'ONU, a déclaré que le 7 octobre, le Hamas a déclenché « un acte non provoqué de mal pur contre Israël », massacrant le plus grand nombre de Juifs en une journée depuis l'Holocauste.

« Pourtant, il est choquant de constater que nous voici deux mois plus tard et que les crimes sauvages du Hamas n’ont toujours pas été condamnés par cet organe [le Conseil de sécurité] ni par aucun autre organe de l’ONU », a-t-il dit. « Il est clair que l'ONU a été cooptée par ceux qui n'ont aucun intérêt réel dans une solution... Tous les organes de l'ONU ont été utilisés comme armes contre Israël ».

De son côté, Riyad Al-Maliki, ministre des Affaires étrangères et des expatriés de l'État observateur de Palestine, a estimé qu'il fallait que la trêve se transforme en cessez-le-feu.

« Ce n'est pas une guerre », a-t-il déclaré. « C'est un carnage que personne ne peut justifier. Il faut y mettre un terme ». Les gens doivent être autorisés à rentrer chez eux, a ajouté M. Al-Maliki.

Selon lui, la protection des Palestiniens ne peut être assurée par les forces d'occupation qui sont complices de ces crimes. « Nous avons besoin d'une protection internationale et d'une action internationale pour mettre fin à l'impunité et empêcher la répétition de ces crimes qui se produisent quotidiennement et en plein jour », a-t-il dit. « Ce que notre peuple endure aujourd’hui est le résultat de l’incapacité de la communauté internationale à assurer cette protection et à rendre des comptes ».

Lire le résumé complet de la réunion disponible ici