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En Chine, Guterres appelle à transformer le défi mondial des infrastructures en opportunités

Le Secrétaire général António Guterres (à gauche) est accueilli par Xi Jinping, Président de la Chine, dans le Grand Palais du Peuple lors du 3e Forum des Nouvelles Routes de la Soie à Beijing, en Chine.
ONU Chine
Le Secrétaire général António Guterres (à gauche) est accueilli par Xi Jinping, Président de la Chine, dans le Grand Palais du Peuple lors du 3e Forum des Nouvelles Routes de la Soie à Beijing, en Chine.

En Chine, Guterres appelle à transformer le défi mondial des infrastructures en opportunités

Développement durable (ODD)

Les infrastructures sont une « voie cruciale » pour générer la croissance économique, créer des emplois décents, transformer les systèmes énergétiques et faire progresser le développement durable, a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies dans un discours prononcé devant des dirigeants réunis à Beijing, en Chine, ce mercredi. 

António Guterres s'exprimait lors du troisième Forum international sur l'initiative chinoise des Nouvelles Routes de la soie, qui a consisté à financer et construire des routes, des centrales électriques, des ponts, des ports ainsi que d'autres installations à travers les pays en développement au cours de la dernière décennie. 

Défi et opportunités 

Bien que les infrastructures régissent la vie quotidienne des personnes et des économies, M. Guterres a rappelé que des milliards de personnes dans le monde en développement n'avaient toujours pas accès à des services de base tels que l'eau et l'assainissement, l'électricité, les écoles, les hôpitaux et les routes, ponts, tunnels et ports modernes.

Face à une « crise des infrastructures » qui survient alors que les populations du monde entier sont confrontées à la flambée du coût de la vie, à l'accroissement des inégalités et aux effets des changements climatiques, le chef de l’ONU a exhorté les dirigeants à « transformer cette urgence des infrastructures en opportunités ». 

« L'initiative des Nouvelles Routes de la soie reconnaît que l’occasion est historique pour construire des villes, des communautés, ainsi que des systèmes de transport et d'énergie modernes et verts, qui placent la résilience et la durabilité au cœur », a-t-il déclaré. 

Le Secrétaire général António Guterres prononce une allocution à l'ouverture du Forum des Nouvelles Routes de la Soie, à Beijing.
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Le Secrétaire général António Guterres prononce une allocution à l'ouverture du Forum des Nouvelles Routes de la Soie, à Beijing.

Soutenabilité économique 

Un premier levier d’action réside dans la promotion de la durabilité économique dans les pays en développement, en réformant l'architecture financière mondiale actuelle, en promouvant des mécanismes efficaces d'allègement de la dette et en soutenant un plan de relance annuel de 500 milliards de dollars pour augmenter les investissements dans les objectifs de développement durable (ODD). Les dirigeants ayant participé au Sommet sur les ODD le mois dernier ont approuvé ces initiatives. 

Dans ce contexte dramatique pour les pays en développement, la pertinence de l'initiative chinoise est « indéniable, comprenant près de 1 000 milliards de dollars d'investissements cumulés dans plus de 3 000 projets à travers le monde », a-t-il dit.

Le deuxième domaine d'action concerne la promotion de la durabilité environnementale. Celle-ci nécessitera des investissements « intégrant la résilience et l'adaptation dans les plans de développement nationaux et locaux » afin de respecter l’Accord de Paris sur le climat.  

« Route de la soie verte » 

Le Secrétaire général a abordé ce point lors d'un forum de haut niveau sur l'initiative de la « Route de la soie verte », qui vise à ce que les projets et les investissements des Nouvelles Routes de la soie soient en harmonie avec la nature. Leur échelle, leur nombre et leur portée « peuvent littéralement changer les paysages - les économies, les systèmes énergétiques, les transports, les bâtiments et des industries entières », a-t-il déclaré, « et cela doit être fait de manière à préserver l'avenir de nos enfants ».  

M. Guterres a exhorté les dirigeants à « veiller à ce que les projets fournissent les infrastructures vertes et durables dont les pays ont besoin pour soutenir les populations et les écosystèmes, tout en s'affranchissant des modèles de développement qui ont échoué et qui nous maintiennent dépendants des combustibles fossiles ». 

Là encore, il a identifié deux domaines clés dans lesquels les investissements peuvent contribuer à stimuler les efforts en faveur de la durabilité et de l'action climatique. 

Tout d'abord, il a souligné la nécessité de mettre en place des « systèmes de transport et d'énergie municipaux écologiques », tout en fournissant une électricité abordable pour tous. 

« Nous avons besoin que les industries du bâtiment et de la construction tiennent compte de leur impact sur la nature dans tous leurs plans et projets », a-t-il ajouté. « Nous avons besoin de bâtiments et de systèmes de distribution d'eau et d'électricité résistants aux changements climatiques, et capables de continuer à servir les communautés en cas de catastrophe ».  

Abandonner les combustibles fossiles 

En outre, tout nouvel investissement dans les infrastructures doit « donner un coup de fouet à une transition juste et durable des combustibles fossiles, qui détruisent la planète, vers les énergies renouvelables » - son deuxième point.  

À cet égard, M. Guterres a rappelé sa proposition d’un pacte de solidarité climatique, qui inciterait les principaux pays émetteurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.  Le chef de l'ONU a aussi souligné la nécessité de respecter l'engagement des pays industrialisés de verser 100 milliards de dollars annuels pour soutenir l'action climatique dans les pays en développement, de doubler le financement de l'adaptation d'ici à 2025 et de rendre opérationnel le Fonds pour les pertes et les dommages lors de la conférence sur le climat COP28 qui se tiendra à Dubaï, le mois prochain. 

Il a également rappelé son appel à mettre fin à l'octroi de licences pour les nouveaux projets pétroliers et gaziers, à supprimer les subventions aux combustibles fossiles, ainsi qu’à totalement abandonner le charbon d'ici à 2040.  

« La Route de la soie verte peut être un élément essentiel de ce processus visant à accélérer une transition énergétique juste, équitable et juste, en apportant une énergie propre et abordable à tous et en traçant des chemins vers de zéro carbone », a-t-il dit.