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La Tunisie doit changer de cap face à la répression des médias, appelle le chef des droits de l'homme

L'ONU s'inquiète des restrictions croissantes de la liberté de la presse en Tunisie.
UN News/Daniel Johnson
L'ONU s'inquiète des restrictions croissantes de la liberté de la presse en Tunisie.

La Tunisie doit changer de cap face à la répression des médias, appelle le chef des droits de l'homme

Droits de l'homme

En Tunisie, une législation « vague » est utilisée pour criminaliser le journalisme indépendant et supprimer les critiques du gouvernement, a regretté vendredi le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk.

« Il est troublant de voir la Tunisie, un pays autrefois porteur de tant d'espoir, régresser et perdre les acquis de la dernière décennie en matière de droits de l'homme », a déclaré M. Türk, exhortant le pays à « changer de cap ».

Le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies (HCDH) a déclaré qu'au cours des trois derniers mois, les autorités tunisiennes ont utilisé la législation sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme, ainsi qu'un décret présidentiel sur les cybercrimes, pour arrêter et condamner six journalistes pour avoir diffusé de « fausses nouvelles, informations ou rumeurs ».

Poursuites civiles et militaires

Depuis juillet 2021, le HCDH a recensé 21 cas de violations présumées des droits de l'homme à l'encontre de journalistes, y compris des poursuites devant des tribunaux civils et militaires, vraisemblablement engagées pour contrer les critiques des autorités.

En vertu du droit international des droits de l'homme, toutes les personnalités publiques, y compris les chefs d'État, peuvent légitimement faire l'objet de critiques.

Les gens ont le droit d'être informés et, pour ce faire, les journalistes doivent pouvoir faire leur travail sans restriction indue

Le 15 juin, les autorités parlementaires ont décidé d'interdire aux journalistes de couvrir les réunions des commissions parlementaires. Deux jours plus tard, un juge a interdit aux médias de couvrir deux affaires de « conspiration contre la sécurité de l'État » dans lesquelles des dizaines de personnes ont été poursuivies et placées en détention depuis la mi-février.

Des médias indépendants réduits au silence

« Ces décisions portent atteinte au principe de transparence dans les affaires publiques. Les citoyens ont le droit d'être informés et, pour ce faire, les journalistes doivent pouvoir faire leur travail sans restriction indue », a déclaré le Haut-Commissaire.

« Réduire au silence les voix des journalistes, dans un effort concerté, sape le rôle crucial des médias indépendants, ce qui a un effet corrosif sur la société dans son ensemble », a-t-il ajouté.

Le Haut Commissaire a appelé le gouvernement tunisien à respecter les droits de la défense et les normes d'équité dans toutes les procédures judiciaires.

Il a également demandé aux autorités de cesser de juger des civils devant des tribunaux militaires et de libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, y compris celles qui ont exercé leur droit de rechercher, de recevoir et de diffuser des informations.