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Corée du Nord : l’ONU demande la vérité sur le sort des personnes disparues de force

Une tour d'habitation à Pyongyang, la capitale de Corée du nord
UNICEF/UNI102364/Jeremy Horner
Une tour d'habitation à Pyongyang, la capitale de Corée du nord

Corée du Nord : l’ONU demande la vérité sur le sort des personnes disparues de force

Droits de l'homme

Le Bureau des Nations Unies pour les droits de l’homme à Séoul a demandé mardi à la Corée du Nord de confirmer le sort et le lieu où se trouvent les personnes disparues sous son régime, accusant Pyongyang de violer les droits des victimes et de leurs proches depuis plusieurs décennies.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) devrait reconnaître qu’elle s’est engagée dans une politique de disparitions forcées depuis 1950 et prendre des mesures immédiates pour mettre fin à ces violations, a indiqué le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), dans un rapport sur les disparitions forcées et les enlèvements en Corée du Nord. Ce document décrit avec beaucoup de détails les souffrances actuelles des victimes de disparitions forcées et d’enlèvements par la RPDC.

Selon le HCDH, les témoignages recueillis dans ce rapport montrent que des générations entières de familles ont vécu dans le chagrin de ne pas connaître le sort de leurs conjoints, parents, enfants et frères et sœurs. Le rapport appelle donc à redoubler d’efforts pour obtenir la vérité, la justice, des réparations et des garanties de non-répétition.

« L’angoisse, le chagrin et les représailles que les familles - sur plusieurs générations - ont dû endurer sont déchirants », a déclaré dans un communiqué Volker Türk, chef des droits de l’homme des Nations Unies.

Pyongyang, capitale de la République populaire démocratique de Corée.
© Unsplash
Pyongyang, capitale de la République populaire démocratique de Corée.

L’ONU appelle la RPDC à reconnaître ces violations

De nombreuses victimes de disparitions forcées ont été envoyées, souvent à vie, dans des camps de prisonniers politiques appelés kwanliso ou dans d’autres lieux de détention où elles ont été soumises à la détention au secret et à la torture. Certains auraient été exécutés sommairement sans qu’aucune information ne soit communiquée à leurs proches, selon le rapport.

« J’ai appris que [ma femme et mon fils] avaient été envoyés séparément dans différents camps de prisonniers politiques. Mon fils, qui était mineur, aurait dû terminer sa peine d’emprisonnement de quatre ans, mais je n’ai toujours aucune idée de l’endroit où il se trouve. Cela suggère qu’il est toujours dans un camp de prisonniers politiques ou qu’il est mort en détention », a témoigné une victime interrogée dans le cadre du rapport.

Pour l’ONU, ces disparitions forcées constituent une violation profonde de nombreux droits et la responsabilité en incombe à l’État. Les Nations Unies appellent donc la RPDC à reconnaître ces violations et à prendre des mesures pour résoudre ces affaires.

« Ces histoires profondément tragiques de vies brisées par des enlèvements et des disparitions forcées commandités par l’État exigent que des mesures soient prises », a ajouté M. Türk.

Le rapport, basé sur des entretiens avec des transfuges, d’anciennes personnes enlevées et des parents de victimes, décrit en détail les disparitions, y compris les détentions arbitraires en Corée du Nord et l’enlèvement de ressortissants de Corée du Sud, du Japon et d’autres pays.

Enquêter sur ces crimes

Le Haut-Commissaire a exprimé sa détermination à travailler avec le gouvernement nord-coréen pour résoudre les problèmes bien documentés en matière de droits de l’homme. « Les victimes ont droit à la vérité et à la justice, à des réparations et à des garanties de non-répétition. Même dans des affaires vieilles de plusieurs dizaines d’années, nous ne devrions négliger aucune piste pour demander des comptes, de la transparence et des réparations », a ajouté M. Turk.

Pyongyang a rejeté à plusieurs reprises les accusations de violations des droits de l’homme et a critiqué les enquêtes de l’ONU sur sa situation, estimant qu’il s’agissait d’une manœuvre pour s’ingérer dans ses affaires internes.

Les victimes ont droit à la vérité et à la justice, à des réparations et à des garanties de non-répétition - Volker Türk 

En 2014, une Commission d’enquête des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en RPDC avait conclu que la nature systématique et généralisée des enlèvements et des disparitions forcées constituait des crimes contre l’humanité. Le rapport appelle donc la communauté internationale à continuer de soutenir les efforts d’enquête sur les crimes internationaux commis en République populaire démocratique de Corée.

Il indique que les responsables devraient être traduits en justice devant des tribunaux nationaux ou internationaux, notamment sur la base des principes reconnus de compétence universelle ou extraterritoriale. Elle appelle également les États concernés à soutenir les efforts visant à garantir aux victimes un accès effectif à la justice et à mettre en place des programmes de réparation complets.