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Malaisie : des centaines de Rohingyas se sont évadés mercredi d’un centre de détention, six morts – HCR

Des réfugiés rohingyas
Photo: PAM / Saikat Mojumder
Des réfugiés rohingyas

Malaisie : des centaines de Rohingyas se sont évadés mercredi d’un centre de détention, six morts – HCR

Migrants et réfugiés

Des centaines de migrants rohingyas du Myanmar se sont évadés mercredi d’un centre de détention dans le nord de la Malaisie et six ont été tués sur une autoroute alors qu’ils s’échappaient, a annoncé jeudi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, qui s’est dit « choqué et profondément attristé par la mort de ces six demandeurs d’asile ».

Parmi ces réfugiés morts « tragiquement » alors qu’ils tentaient de s’échapper du dépôt temporaire d’immigration de Sungai Bakap (Penang), figurent deux enfants. Selon l’agence onusienne, près de 500 demandeurs d’asile dont la majorité sont des Rohingyas du Myanmar se sont échappés tôt mercredi d’un centre de détention pour immigrés situé dans le nord du pays, mais certains ont été tués alors qu’ils tentaient de traverser une autoroute.

À l’heure actuelle, le HCR indique ne disposer d’aucune information concernant l’incident ou les personnes impliquées, notamment parce que n’ayant « pas reçu l’approbation des autorités d’immigration pour accéder à un quelconque centre de détention d’immigration en Malaisie depuis août 2019 ». Selon l’agence onusienne, cela leur a « malheureusement empêché »  de voir les personnes détenues relevant de sa compétence afin de déterminer celles qui ont besoin d’une protection internationale et de plaider pour leur libération.

Dans ces conditions, le HCR rappelle que dans ce centre de Sg Bakap, ainsi que dans tous les autres centres de détention d’immigration autour de la Malaisie, des personnes sont parfois détenues alors qu’elles relèvent de la compétence du HCR, y compris des personnes vulnérables, nécessitant l’attention et la protection de l’agence onusienne.

Des demandeurs d’asile souvent envoyés dans des centres de détention

Plus de 180.000 personnes vivent actuellement en Malaisie en tant que réfugiés et demandeurs d’asile, dont près de 60 % de Rohingyas, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés. Des centaines de milliers de Rohingyas ont fui le Myanmar il y a cinq ans dans le cadre d’une répression militaire brutale. Beaucoup restent dans de vastes camps de réfugiés au Bangladesh voisin.

Dans le même temps, d’autres risquent un voyage de plus en plus périlleux pour tenter d’atteindre l’Indonésie et la Malaisie, bien qu’aucun de ces pays ne soit signataire de la convention des Nations unies sur les réfugiés. Mais pour ces nombreux Rohingyas arrivant en Malaisie par bateau et capturés par la suite, ils sont souvent envoyés dans des centres de détention.
Or selon l’ONU, « priver des personnes de leur liberté afin de dissuader d’autres personnes d’entrer dans le pays est illégal, inhumain et inefficace ». Une façon pour le HCR de rappeler que « demander l’asile n’est pas un acte illégal ». 

« Dans tous les cas, la détention doit être une mesure de dernier recours, doit être autorisée par la loi et n’être appliquée que si elle est nécessaire et raisonnable au vu de toutes les circonstances, et proportionnée à un objectif légitime », a fait valoir le HCR, relevant que « les alternatives à la détention doivent être envisagées avant de recourir à la détention ».

Face à cette situation, le HCR, avec ses partenaires de la société civile, s’est dit prêt à soutenir le gouvernement pour développer des alternatives à la détention d’immigrants, en particulier pour les personnes vulnérables, y compris les enfants et les personnes âgées. L’objectif est d’aider à évaluer les besoins de protection internationale des détenus qui peuvent avoir besoin d’accéder à l’asile.