L'actualité mondiale Un regard humain

Lutte contre le Covid-19 : les Casques bleus ont un rôle à jouer, souligne l’ONU

Un Casque bleu de la Force des Nations Unies au Liban (FINUL) remet des équipements pour affronter le Covid-19 à la municipalité de Naqoura, où se trouve le quartier-général de la FINUL.
Photo FINUL/Pasqual Gorriz
Un Casque bleu de la Force des Nations Unies au Liban (FINUL) remet des équipements pour affronter le Covid-19 à la municipalité de Naqoura, où se trouve le quartier-général de la FINUL.

Lutte contre le Covid-19 : les Casques bleus ont un rôle à jouer, souligne l’ONU

Paix et sécurité

La pandémie de Covid-19 se développe aussi dans des pays ravagés par des conflits armés, a rappelé jeudi le chef des opérations de paix de l’ONU. Dans une tribune publiée dans le journal français Le Monde, Jean-Pierre Lacroix souligne le rôle que peuvent jouer les Casques bleus en coopération avec les Etats face au coronavirus.

« Personne, aucune communauté, aucun pays, n’est à l’abri de cette pandémie mortelle. Il s’agit d’une crise de dimension mondiale, dont les conséquences humaines, sociales et économiques sont dévastatrices, comme nous le voyons déjà à travers le globe », a déclaré M. Lacroix.

Le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix s’est dit particulièrement préoccupé par les zones où le Covid-19 se développe sur le même terrain que les conflits armés. La propagation du coronavirus menace des personnes qui vivent déjà dans des environnements politiques fragiles, dans des sociétés touchées par un conflit ou se relevant d’un conflit, avec peu ou pas d’infrastructures ni de filets de sécurité sanitaire et social.

« Comment se laver les mains quand on n’a pas accès à de l’eau propre ? Qu’en est-il des femmes qui paient un tribut disproportionné dans leurs foyers ou dans les centres de soins, et qui pourraient perdre leur capacité à nourrir leur famille à cause de l’effondrement de l’économie ? », a demandé M. Lacroix qui supervise pas moins de 13 opérations de paix dont sept en Afrique.

« Et si, en plus de tout cela, ces familles vivent sous la menace de groupes armés ou d’actes terroristes ? », a-t-il ajouté en référence notamment aux missions déployées au Mali, en République centrafricaine (RCA) et en République démocratique du Congo (RDC). 

« Tout comme un corps se défend moins bien contre le virus si son système immunitaire est affaibli, les populations privées de systèmes de santé ou de filets de sécurité sont encore plus vulnérables à la pandémie et à ses conséquences »,  a expliqué le chef des opérations de paix de l’ONU. « Il en va de même des zones où opèrent nos soldats de la paix : les civils y sont les plus vulnérables ».

Poursuivre la mission de règlement des conflits

Si les Casques bleus ne sont pas le remède au Covid-19, M. Lacroix estime qu’ils tiennent cependant une place dans la lutte contre ce virus.

A ce titre, les opérations de maintien de la paix doivent pouvoir continuer à faire leur travail et à maintenir leur capacité opérationnelle pour continuer à mettre en œuvre leurs mandats, a-t-il dit, à savoir aider à promouvoir le règlement des conflits et à protéger les populations qu’elles servent, ainsi que le personnel des Nations Unies.

« Dans des pays tels que la République démocratique du Congo, la République centrafricaine et le Mali, où la paix est fragile et où les populations ont déjà trop souffert, nos missions, en poursuivant notre important travail, aident ainsi les autorités de l’Etat avec d’autres partenaires », a donné pour exemple le Secrétaire général adjoint.

En conformité avec les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les missions onusiennes continuent à patrouiller tout en appliquant les règles de distanciation sociale et ont intensifié l’utilisation des ressources en ligne.

Les opérations de paix de l’ONU continuent à fournir toute l’aide directe possible, notamment en protégeant les fournitures et les dépôts humanitaires.

« Nos avions volent à un moment où beaucoup d’autres sont cloués au sol », a indiqué M. Lacroix, soulignant que « comme toujours », il s’agit d’un partenariat avec les Etats membres de l’ONU. Ces derniers fournissent les policiers et les soldats aux missions onusiennes et travaillent avec les Nations Unies pour suspendre ou reporter les rotations de troupes et les déploiements prévus par précaution afin d’éviter tout risque de propagation du Covid-19.

Il est temps de faire taire les armes

Le fait que les Casques bleus restent sur le terrain pour aider à contrer la pandémie de Covid-19 est un élément essentiel pour aider les pays où l’ONU est déployée dans leur lutte. A cet égard, M. Lacroix rappelle que les Nations Unies ont « plus que jamais » besoin de l’appui de leurs Etats membres, dans l’esprit de l’initiative « Action pour le maintien de la paix » qu’a lancé le Secrétaire général, António Guterres, en 2018.

« Leur volonté de maintenir leurs engagements envers les opérations de maintien de la paix est cruciale pour assurer notre capacité d’assistance », a souligné le chef des opérations de paix.

Sur le terrain, les missions onusiennes ont rapidement pris des mesures supplémentaires de précaution, notamment la mise en quarantaine et le confinement du personnel à l’arrivée, en coopération avec les autorités du pays hôte. Elles travaillent également en étroite collaboration avec les autorités nationales pour soutenir leurs efforts contre la pandémie.

L’ONU leur apporte un soutien multiforme : « Nous facilitons les communications à distance grâce à nos moyens de communication, nous contribuons à assurer le maintien des chaînes d’approvisionnement essentielles, et notre personnel sensibilise les communautés au coronavirus, par le biais des radios locales et des réseaux sociaux, ou encore lors des patrouilles », a détaillé M. Lacroix.

Contre l’ennemi commun qu’est le virus mortel du Covid-19, l’ONU rappelle que la communauté internationale doit être unie et agir de concert. « Tous les Casques bleus qui sont actuellement déployés méritent notre gratitude et notre soutien ; ces femmes et ces hommes continuent à servir sous le drapeau onusien pour la cause de la paix, dans des conditions rendues encore plus difficiles par le Covid-19 », a rappelé le Secrétaire général adjoint. « Grâce à eux, les efforts pour la paix ne faiblissent pas, malgré le virus, qu’ils contribuent à combattre ».

Le 23 mars, à New York, M. Guterres avait appelé toutes les parties belligérantes dans le monde à observer un cessez-le-feu global. « Nos missions ont transmis ce message et nous le répétons : il est temps de faire taire les armes », a souligné M. Lacroix.