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Rwanda : 25 ans après le génocide, l’ONU appelle à s’attaquer aux causes profondes de la haine

En 1996, au Rwanda, des croix marquent les tombes d'un cimetière dans le village de Nyanza, près de Kigali. Lors du génocide de 1994, plus de 10.000 personnes ont été brûlées vives à Nyanza.
Photo: UNICEF/Giacomo Pirozzi
En 1996, au Rwanda, des croix marquent les tombes d'un cimetière dans le village de Nyanza, près de Kigali. Lors du génocide de 1994, plus de 10.000 personnes ont été brûlées vives à Nyanza.

Rwanda : 25 ans après le génocide, l’ONU appelle à s’attaquer aux causes profondes de la haine

Droit et prévention du crime

Le chef de l’ONU a appelé vendredi tous les dirigeants à rejeter les discours de haine et à s'attaquer à leurs causes profondes lors d’une cérémonie commémorative du 25e anniversaire du génocide contre les Tutsis au Rwanda.

Le 7 avril 1994, un génocide débutait au Rwanda. En moins de trois mois, un million de personnes - essentiellement des Tutsis, mais aussi des Hutus modérés et d'autres opposants au génocide - ont été systématiquement tuées.

« Nous rendons hommage à ceux qui ont été assassinés et nous réfléchissons à la souffrance et à la résilience de ceux qui ont survécu », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors de la cérémonie organisée à New York dans la salle de l’Assemblée générale des Nations Unies en présence du Président rwandais, Paul Kagamé.

« Aujourd'hui, nous sommes solidaires du peuple rwandais », a souligné le Secrétaire général lors de cet événement organisé dans le cadre de la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Mais pour M. Guterres « notre réflexion sur la tragédie rwandaise doit aussi dépasser un pays et un moment de l'histoire. Nous devons nous pencher sérieusement sur le présent ».

Pour le Secrétaire général, l’humanité doit renouveler sa détermination à empêcher que de telles atrocités ne se reproduisent. Mais des « tendances dangereuses » à la montée de la xénophobie, du racisme et de l'intolérance sont visibles dans de nombreuses régions du monde. 

« Il est particulièrement troublant de constater que les discours de haine et l'incitation à la violence sont aujourd'hui largement répandus. Ils constituent un affront à nos valeurs et menacent les droits de l'homme, la stabilité sociale et la paix », a déploré M. Guterres, faisant référence au massacre perpétré contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande il y a quelques semaines : « la dernière tragédie due à ce poison ».

Pour le chef de l’ONU, la commémoration du 25e anniversaire du génocide au Rwanda est l'occasion d'élever à nouveau la voix contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, notamment la discrimination sociale et ethnique, la haine antimusulmane et l'antisémitisme.

« Où qu'ils se produisent, ces maux doivent être identifiés, combattus et stoppés pour éviter qu'ils ne conduisent, comme par le passé, à des crimes haineux et à des génocides », a dit M. Guterres.

Le Secrétaire général a appelé tous les dirigeants politiques, religieux et de la société civile à rejeter les discours de haine et la discrimination et à s'attaquer à leurs causes profondes « qui minent la cohésion sociale et créent les conditions propices à la haine et à l'intolérance ».

Rwanda : des profondeurs les plus sombres à la construction d’un avenir durable

S’il reconnait que la capacité du mal réside dans toutes nos sociétés, António Guterres estime qu’il en va de même pour les qualités de compréhension, de bonté, de justice et de réconciliation. « C'est l'une des leçons profondes de l'expérience rwandaise », a -t-il dit, saluant le redressement du pays et son rôle exemplaire au sein de la communauté internationale.

Le Rwanda est aujourd’hui le quatrième plus important contributeur aux opérations de maintien de la paix de l'ONU. « Il est remarquable qu'un pays qui a enduré les pires atrocités expose ses soldats pour s'assurer que ces atrocités ne puissent se produire ailleurs », a dit le Secrétaire général.

M. Guterres a également salué les progrès accomplis par le Rwanda en matière de développement.

« Après avoir subi une violence sexiste indescriptible, les femmes détiennent désormais 60% des sièges parlementaires - un autre exemple que le Rwanda peut partager avec le monde », a-t-il dit.

Kigali est également un leader dans le domaine de l’environnement. Le pays a interdit les sacs en plastique à usage unique et est aujourd'hui l'un des plus propres au monde.

« L'expérience du Rwanda recèle tant de leçons pour l'humanité » a souligné le chef de l’ONU. « Des profondeurs les plus sombres, le pays s'est élevé en un quart de siècle en tant que pionnier de l'avenir durable auquel nous aspirons tous ».

M. Guterres a appelé la communauté internationale à prendre exemple sur la route prise par le Rwanda pour construire un avenir harmonieux pour toutes et tous. « C'est la meilleure façon de rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie de façon si tragique au Rwanda il y a 25 ans ».