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Plus d’un million de déplacés dans l’Est de la RDC où sévit le virus Ebola (HCR)

Une Casque bleue d'Afrique du Sud en patrouille dans la région de Béni, en République démocratique du Congo, en mars 2018.
Photo MONUSCO/Michael Ali
Une Casque bleue d'Afrique du Sud en patrouille dans la région de Béni, en République démocratique du Congo, en mars 2018.

Plus d’un million de déplacés dans l’Est de la RDC où sévit le virus Ebola (HCR)

Santé

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est dit vivement préoccupée par l’insécurité dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC), où les attaques se sont multipliées ces dernières semaines près de la frontière congolaise avec l’Ouganda, dans la région de Beni, dans la province du Nord-Kivu, et plus au nord, dans la province d’Ituri.

« Dans la ville de Beni au Nord-Kivu, une attaque menée par l’un des principaux groupes rebelles, les Forces démocratiques alliées (ADF), a tué plus de 20 personnes, dont la plupart étaient des civils », a déclaré un porte-parole du HCR lors d’un point de presse ce vendredi à Genève. « C’est la première fois que des combats ont atteint la ville elle-même ».

« Lors d’une autre attaque dans une localité proche de Beni, un groupe armé, - vraisemblablement les rebelles ougandais de l’ADF-Nalu, l’Armée nationale pour la libération de l’Ouganda - aurait abattu un homme de 47 ans, enlevé au moins neuf enfants, puis pillé et incendié des maisons », a ajouté Babar Baloch.

La situation serait tendue dans la ville depuis dimanche avec des personnes en état de choc. « Une opération « ville morte » signifie que personne n’est au travail, des magasins et des écoles sont fermés alors qu’aucun trafic n’est constaté dans la ville depuis lundi », a précisé le porte-parole du HCR. Les derniers mouvements de déplacements à Beni aggravent encore la catastrophe humanitaire dans le Nord-Kivu.

Plus au nord, dans le territoire de Djougou, dans la province de l’Ituri, une nouvelle série d’attaques déstabilise la région qui était sur le point de se stabiliser après avoir été secouée par des violences massives au premier semestre de l’année, entraînant le déplacement d’environ 350.000 personnes.

« Le retour à la paix est désormais menacé et le personnel du HCR rapporte que près de 16.000 personnes ont fui leur domicile, dont beaucoup pour la deuxième fois en un an », a fait remarquer Babar Baloch.

Le 14 septembre 2018, des travailleurs de santé sont soigneusement nettoyés après avoir rendu visite à des patients dans un centre de traitement d'Ebola à Butembo, en République démocratique du Congo.
© UNICEF/UN0235950/Nybo
Le 14 septembre 2018, des travailleurs de santé sont soigneusement nettoyés après avoir rendu visite à des patients dans un centre de traitement d'Ebola à Butembo, en République démocratique du Congo.

 

Les déplacements forcés de populations restent massifs dans l'Est de la RDC. Le HCR estime que plus d’un million de personnes sont déplacées dans le Nord-Kivu. Il s’agit de la plus forte concentration de personnes déplacées internes en RDC. Selon les estimations, un demi-million de personnes ont été forcées de fuir leur foyer durant la seule année 2018.

Cette situation humanitaire dans l’Est de la RDC est d’autant plus dramatique que cette zone de violence est le nouveau foyer d’Ebola. Déclarée le 1er août à Mangina, à 35 kilomètres de Béni, cette dixième épidémie d’Ebola sur le sol congolais a tué 101 personnes.

Dans ces conditions, le HCR contribue aux efforts déployés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le gouvernement ougandais pour filtrer les personnes franchissant la frontière en Ouganda. « Aucun cas d’Ebola n’a été signalé dans la population réfugiée », a précisé Babar Baloch.

Malgré cette insécurité, les autorités sanitaires congolaises et l’OMS ont repris depuis mercredi leurs activités de riposte sur le terrain. En RDC, 154 cas de fièvre hémorragique ont été signalés dans la région, dont 123 confirmés et 31 probables. Sur les 123 confirmés, 70 sont décédés et 43 sont guéris.

Un employé de l'UNICEF parle à une petite fille qui se lave les mains pour prévenir la propagation du virus Ebola au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC).
Photo © UNICEF/Mark Naftalin
Un employé de l'UNICEF parle à une petite fille qui se lave les mains pour prévenir la propagation du virus Ebola au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC).

L’UNICEF s’associe aux survivants d’Ebola pour aider à arrêter la propagation de l’épidémie

Certains récents survivants d’Ebola et l’UNICEF se sont associés pour aider à prévenir la transmission de cette maladie mortelle dans l’Est de la RDC.

« Les survivants partagent leur vécu auprès des communautés touchées par la maladie lors des présentations publiques et par le biais de témoignages à la radio », a déclaré le porte-parole de l’UNICEF à Genève.

Selon Christophe Boulierac, « les témoignages de ces survivants d’Ebola aident à réduire la peur au sein des communautés et à encourager les personnes présentant des symptômes ressemblant à Ebola à se rendre rapidement dans un centre de traitement Ebola, évitant ainsi le risque de transmission ».

L’UNICEF commence également à travailler avec les premiers survivants d’Ebola de Ndindi, un quartier de la ville de Beni, l’autre épicentre de l’épidémie.

Selon le Fonds, les témoignages de survivants à Mangina, la zone de santé la plus touchée par l’épidémie, ont déjà démontré leur efficacité.

Grâce à la confiance accrue envers les centres de traitement Ebola, à la compréhension de l’importance du dépistage précoce et du suivi des cas suspects, à une meilleure connaissance des mesures de prévention, la région a connu une réduction significative du nombre de nouveaux cas confirmés d’Ebola.