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Une école à Khan Younis, à Gaza, en ruines après avoir été attaquée.

Pas de rentrée scolaire pour des centaines de milliers d'enfants à Gaza

© UNOCHA/Themba Linden
Une école à Khan Younis, à Gaza, en ruines après avoir été attaquée.

Pas de rentrée scolaire pour des centaines de milliers d'enfants à Gaza

Culture et éducation

Lundi 9 septembre aurait dû marquer le début de la nouvelle année scolaire à Gaza, mais la guerre continue de priver des centaines de milliers d'enfants de ce droit fondamental, ont averti les agences de l'ONU.

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Près de 625.000 enfants de l’enclave ont déjà perdu une année scolaire entière à la suite des attaques sanglantes du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens contre des communautés du sud d’Israël le 7 octobre 2023 et de l’opération militaire israélienne qui a suivi à Gaza.

Ils sont désormais rejoints par plus de 45.000 enfants de six ans sur le point d’entrer en première année, ce qui augmente le risque d’une deuxième année sans aucune éducation scolaire, a indiqué le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

« Un avenir en danger »

« Les enfants de la bande de Gaza ont perdu leur maison, des membres de leur famille, des amis, leur sécurité et leur routine », a déclaré Adele Khodr, Directrice régionale de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« Ils ont également perdu le sanctuaire et la stimulation que leur procurait l’école, ce qui met en péril leur avenir en raison de ce terrible conflit », a-t-elle ajouté

Les combats ont eu de graves répercussions sur les infrastructures éducatives. De nombreuses écoles transformées en abris pour personnes déplacées, y compris celles gérées par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), ont été endommagées ou détruites.

Pas de remise de diplômes

Avec la fermeture de toutes les écoles depuis octobre dernier, aucune classe de fin d’études n’a eu lieu dans la bande de Gaza – une première depuis des décennies, a noté l’UNICEF. Environ 39.000 élèves ont raté leur dernière année d’école et n’ont pas pu passer les examens.

Pour les enfants plus âgés, la perturbation va au-delà de l’opportunité d’éducation manquée.

Sans scolarité, les jeunes sont davantage exposés à l’exploitation, au travail des enfants, au mariage précoce et à d’autres formes d’abus. Plus important encore, ils risquent d’abandonner définitivement l’école, a déclaré l’agence.

Pour les plus jeunes, l’absence de scolarité menace leur développement cognitif, social et émotionnel. Les parents signalent des impacts importants sur la santé mentale et psychosociale des enfants, notamment des sentiments accrus de frustration et d’isolement.

Situation en Cisjordanie

Les enfants de Cisjordanie, y compris de Jérusalem-Est, sont également touchés alors que la rentrée scolaire démarre. L’augmentation de la violence et des restrictions de mouvement depuis octobre 2023 a créé de nouveaux obstacles à l’apprentissage pour les 782.000 élèves en Cisjordanie, selon l’UNICEF.

L’agence onusienne a noté que, selon les données du ministère de l’Éducation et des partenaires humanitaires, depuis octobre, entre 8 et 20 % des écoles de Cisjordanie sont fermées.

Même lorsque les écoles ne sont pas fermées, la peur de la violence, les restrictions de mouvement et les problèmes de santé mentale ont conduit de nombreux élèves à manquer l’école, ce qui entraîne davantage de pertes d’apprentissage.

Relancer l’apprentissage

Pour répondre à cette situation dans la bande de Gaza, l’UNICEF et ses partenaires ont mis en place 39 espaces d’apprentissage temporaires dans l’enclave, accueillant plus de 12.400 élèves. L’agence propose également des activités récréatives, des kits d’apprentissage d’urgence et un soutien psychosocial et de santé mentale aux enfants, aux jeunes, et aux enseignants dans les abris.

« Nous devons trouver des moyens de relancer l’apprentissage et de reconstruire les écoles pour défendre le droit à l’éducation des prochaines générations dans l’État de Palestine », a déclaré Mme Khodr.

« Les enfants ont besoin de stabilité pour faire face au traumatisme qu’ils ont subi et de la possibilité de se développer et d’atteindre leur plein potentiel ».

Un enfant reçoit le vaccin contre la polio à Gaza.
© WHO
Un enfant reçoit le vaccin contre la polio à Gaza.

La campagne de vaccination se poursuit

Parallèlement, l’ONU et les partenaires humanitaires ont conclu dimanche la deuxième phase de la campagne de vaccination contre la polio dans le sud de Gaza.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 256.000 enfants de Khan Younis et Rafah ont été vaccinés en quatre jours.

La première phase de la campagne est désormais achevée à près de 70%, avec plus de 446.000 enfants vaccinés sur les 640.000 ciblés lors de cette première phase de vaccination. La deuxième phase devrait commencer dans quatre semaines.

La dernière phase de cette première phase doit commencer mardi dans le nord de Gaza.

Les ordres d’évacuation aggravent la crise

Cependant, un nouvel ordre d’évacuation israélien émis pour certaines parties du nord inclut des zones où des pauses locales avaient été convenues pour la vaccination contre la polio, a indiqué le Bureau.

Environ 5.000 personnes déplacées hébergées dans sept centres collectifs, principalement des écoles, font partie des personnes concernées par cet ordre, selon les premières évaluations des partenaires humanitaires.

Les ordres d’évacuation répétés aggravent encore la crise humanitaire pour des centaines de milliers de personnes à Gaza, a averti l'OCHA.

Lundi, plus de 55 ordres d’évacuation restaient en vigueur, couvrant jusqu’à 86 % de la bande de Gaza.