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Des chefs d’agences humanitaires alertent sur la menace de famine au Soudan

Des enfants vont chercher de l'eau potable dans une station installée par l'UNICEF dans le village d'Al-Serif, au Darfour.
© UNICEF/Tariq Khalil
Des enfants vont chercher de l'eau potable dans une station installée par l'UNICEF dans le village d'Al-Serif, au Darfour.

Des chefs d’agences humanitaires alertent sur la menace de famine au Soudan

Paix et sécurité

Une vingtaine de responsables humanitaires, dont des chefs d’agences onusiennes, ont lancé vendredi un cri d'alarme sur la menace d’une famine imminente au Soudan. 

Dans une déclaration conjointe, ils demandent notamment un apaisement des violences à El Fasher, au Darfour.

« Il n’y a plus de temps à perdre, la famine guette des millions de personnes au Soudan dans un contexte de combats intenses et de refus d’accès », ont déclaré ces chefs d’agence, rappelant que « le temps presse pour des millions de personnes au Soudan qui sont exposées à un risque imminent de famine, déplacées de leurs terres, vivant sous les bombardements et coupées de l’aide humanitaire ». 

« Si nous n’agissons pas immédiatement, les gens souffriront de la faim et seront contraints de se déplacer à la recherche de nourriture, d’un abri et d’une protection », ont-ils ajouté.

Parmi les signataires se trouvent le chef des affaires humanitaires de l’ONU Martin Griffiths, Cindy McCain, la cheffe du Programme alimentaire mondial (PAM), le chef des droits de l’homme de l’ONU Volker Türk, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus et le Haut-Commissaire pour les réfugiés Filippo Grandi.

Des perspectives « sombres »

Alors que le conflit est entré dans sa deuxième année, 18 millions de personnes souffrent de la faim, dont 3,6 millions d’enfants souffrant de malnutrition aiguë. Dans ce lot, la famine se rapproche rapidement de millions de personnes au Darfour, au Kordofan et à Khartoum. 

Le Soudan abrite le plus grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays, soit près de 10 millions. Deux autres millions de personnes ont fui vers les pays voisins. 

A El Fasher, quelque 800.000 civils sont exposés à une possible attaque imminente à grande échelle, qui aurait des conséquences humanitaires catastrophiques dans la ville et dans tout le Darfour.

Dans ce contexte de violences, les humanitaires évoquent des perspectives « sombres » cette année pour la production alimentaire pour 2024 alors qu’une famine extrême s’installe.

« Nous disposons d’un délai de plus en plus court pour fournir des semences aux agriculteurs avant la fin de la principale saison de plantation et le début de la saison des pluies. Si nous agissons à temps, les gens - en particulier ceux qui vivent dans des zones inaccessibles - seront en mesure de produire de la nourriture localement et d’éviter les pénuries alimentaires au cours des six prochains mois ».

Des femmes réfugiées soudanaises dans le camp d'Adre, au Tchad.
HCR
Des femmes réfugiées soudanaises dans le camp d'Adre, au Tchad.

Appel à un cessez-le-feu national

Malgré les besoins considérables, les travailleurs humanitaires continuent de faire face à des obstructions systématiques et à des refus délibérés d’accès de la part des parties au conflit.

« En mars et avril de cette année, près de 860.000 personnes ont été privées d’aide humanitaire dans les États du Kordofan, du Darfour et de Khartoum », ont fait valoir les hauts responsables humanitaires, relevant que les travailleurs humanitaires sont tués, blessés et harcelés, et les fournitures humanitaires sont pillées. 

« Soyons clairs : si nous sommes empêchés de fournir une aide rapide et à grande échelle, davantage de personnes mourront. Sans un changement immédiat et majeur, nous serons confrontés à un scénario cauchemardesque : Une famine s’installera dans de grandes parties du pays. Les femmes et les jeunes filles, qui subissent déjà le poids du conflit, seront confrontées à des souffrances et à des dangers encore plus grands ».

Les chefs d’agences humanitaires demandent à nouveau un cessez-le-feu national entre l’armée et les paramilitaires de la Force de soutien rapide (FSR), la fin des violations des droits humains ou un accès sans entraves à l’aide humanitaire. Il s’agit aussi de désamorcer la situation à El Fasher et adopter un cessez-le-feu à l’échelle nationale.