L'actualité mondiale Un regard humain

Burkina Faso : l’ONU alarmée par les informations sur la mort de centaines de civils dans le nord

Un soldat du Burkina Faso à la frontière avec le Mali et le Niger lors d'une opération militaire contre des terroristes présumés (photo d'archives).
© Michele Cattani
Un soldat du Burkina Faso à la frontière avec le Mali et le Niger lors d'une opération militaire contre des terroristes présumés (photo d'archives).

Burkina Faso : l’ONU alarmée par les informations sur la mort de centaines de civils dans le nord

Droits de l'homme

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a tiré la sonnette d'alarme vendredi sur la situation dans le nord du Burkina Faso, où des centaines de civils, dont des enfants, auraient été tués au cours de combats entre forces de sécurité et groupes armés.

Selon les médias, plus de 220 civils – dont 56 enfants – ont été tués dans des attaques qui auraient été menées par l'armée dans deux villages en une seule journée fin février.

Appel à des enquêtes

« Nous sommes profondément troublés par des rapports faisant état du meurtre d'un grand nombre de civils, dont des enfants, dans plusieurs villages des provinces du Yatenga et du Soum, au nord du Burkina Faso, au cours des derniers mois, lors d'affrontements survenus dans un contexte général de combats entre groupes armés et forces burkinabè », a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Marta Hurtado, lors d’un point de presse à Genève.

Bien que le HCDH n’ait pas été en mesure de vérifier ces informations de manière indépendante en raison du manque d’accès, « il est crucial que des allégations de violations et d’abus aussi graves commis par divers acteurs soient mises en lumière et que les autorités de transition entreprennent rapidement des enquêtes approfondies, impartiales et efficaces », a-t-elle ajouté.

Elle a rappelé que « les auteurs de ces actes doivent être tenus responsables et les droits des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations doivent être respectés ». « La lutte contre l’impunité et la poursuite des responsabilités sont primordiales pour garantir que les citoyens aient confiance dans l’État de droit et pour la cohésion sociale », a-t-elle estimé.

Suspension de deux médias internationaux

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme s’est également dit préoccupé par la suspension temporaire d'au moins deux médias internationaux suite à leurs reportages sur certains de ces incidents. Il s’agirait de la BBC et de Voice of America.

« Les restrictions à la liberté des médias et à l’espace civique doivent cesser immédiatement. La liberté d’expression, y compris le droit d’accès et d’information, est cruciale dans toute société, et encore plus dans le contexte de la transition au Burkina Faso », a déclaré Mme Hurtado.

Le Burkina Faso est dirigé par des militaires depuis début 2022, alors que le pays est confronté à une insurrection de militants extrémistes qui a déclenché une série de coups d’État et de contre-coups d’État.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, s'est rendu dans le pays fin mars, où il a souligné les défis multiformes auxquels le peuple burkinabè est confronté depuis le renversement du gouvernement démocratiquement élu en janvier 2022.

Au total, environ 6,3 millions de personnes sur une population de 20 millions ont besoin d’une aide humanitaire et, en 2023, le HCDH a recensé 1.335 violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international.

« Les groupes armés sont responsables de la grande majorité des violations contre les civils dans des incidents impliquant plus de 86% des victimes », a déclaré M. Türk, soulignant que « la protection des civils est primordiale. Une telle violence gratuite doit cesser et les auteurs doivent rendre des comptes ».