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Gaza : les équipes d’aide de l’ONU attendent toujours le feu vert d’Israël pour soulager l’hôpital Al-Shifa

Images de destruction de l’hôpital Al-Shifa à Gaza, après la fin du dernier siège israélien.
UN News
Images de destruction de l’hôpital Al-Shifa à Gaza, après la fin du dernier siège israélien.

Gaza : les équipes d’aide de l’ONU attendent toujours le feu vert d’Israël pour soulager l’hôpital Al-Shifa

Paix et sécurité

A la suite de deux semaines de siège par l'armée israélienne, le plus grand hôpital de Gaza est en ruines, ont déclaré mardi des agences humanitaires de l’ONU, qui ont également exprimé leur indignation après que sept travailleurs de l’ONG World Central Kitchen ont été tués lors d’un raid aérien.

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Dans une évaluation de la fermeture de l’hôpital Al-Shifa d’une capacité de 750 lits dans la ville de Gaza, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que les équipes d’aide attendaient depuis « des jours et des jours » l’autorisation israélienne d’accéder à l’établissement sinistré, où le personnel et les patients subissaient « des niveaux de violence horribles ».

« Nous avons eu des contacts avec le personnel. Les directeurs (de l’hôpital) nous ont dit qu’Al -Shifa avait disparu, qu’il n’était plus en mesure de fonctionner de quelque manière que ce soit en tant que centre médical », a déclaré une porte-parole de l’OMS, la Dre Margaret Harris.

Réduit à l’état de ruines

S’adressant à des journalistes à Genève, la Dre Harris a indiqué que l’établissement était désormais « en ruines » et qu’au moins 21 patients étaient morts pendant le « siège » des forces de défense israéliennes.

Au fur et à mesure que la situation se détériorait, le personnel médical a dû déplacer les patients dans un bureau situé dans l’enceinte de l’hôpital, sans toilettes et où il n’y avait « pas d’eau (ni) de nourriture. A la fin, ils partageaient une bouteille d’eau entre 15 personnes », a poursuivi la porte-parole de l’OMS.

Selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, le personnel médical « n’avait aucun moyen de s’occuper des patients, dont beaucoup étaient des blessés graves (ou) des patients en soins intensifs » équipés de sondes urinaires mais dépourvus de sacs urinaires. « Vous pouvez imaginer l’horreur qui s’est déroulée ».

Si l’autorisation d’accéder à Al-Shifa et aux derniers établissements de santé du nord de la bande de Gaza est accordée mardi, les priorités des équipes de l’OMS seront d’évaluer les fournitures nécessaires dans l’immédiat et les moyens de porter secours aux blessés et aux malades les plus graves.

« Nous essayons de nous rendre sur place depuis des jours et des jours et la plupart de nos missions ont été rejetées », a déclaré la Dre Harris. « Nous ne serons pas en mesure de fournir ce dont a besoin, par exemple, un hôpital en état de marche, mais nous devons tout d’abord procéder à une évaluation pour comprendre ce que nous pouvons faire. Deuxièmement, nous devons déterminer qui doit être évacué, comment le faire, où il peut aller et ce que nous pouvons faire pour sauver la vie des patients restants ».

Indignation

Ces derniers développements interviennent alors que les opérations d’aide à Gaza suscitent de nouvelles inquiétudes en matière de sécurité, après que l'ONG World Central Kitchen a signalé qu’une frappe aérienne israélienne sur l’un de ses véhicules avait tué sept travailleurs humanitaires à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza.

À la suite de ces informations et des images du véhicule de l’ONG montrant un grand trou dans son toit, le Coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, Martin Griffiths, a exprimé son indignation face à cette attaque et a décrit les victimes comme des « héros, tués alors qu’ils tentaient de nourrir des personnes affamées ».

Faisant écho à ce message, la Dr Harris a souligné que la mission de l’ONG avait été convenue à l’avance avec les autorités israéliennes et que la voiture de l’organisation était « bien identifiée, c’était très clair : il s’agissait de World Central Kitchen ».

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a présenté ses condoléances au personnel de World Central Kitchen. « La multiplicité de tels événements est le résultat inévitable de la manière dont cette guerre est menée actuellement », a dit son porte-parole lors d'un point de presse. « Nous réaffirmons une fois de plus la nécessité d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat ».

Le Coordonnateur humanitaire pour le territoire palestinien occupé, Jamie McGoldrick, s'est dit « extrêmement attristé et consterné » par la mort des sept employés de World Central Kitchen à Deir al-Balah, à Gaza. 

Il a noté qu'il ne s'agissait pas d'un cas isolé. « Au 20 mars, au moins 196 humanitaires ont été tués dans le territoire palestinien occupé depuis octobre 2023. Cela représente près de trois fois le nombre de morts enregistré dans n'importe quel conflit en un an », a-t-il souligné dans un communiqué de presse, ajoutant que depuis octobre 2023, les territoires palestiniens occupés sont devenus l’un des lieux de travail les plus dangereux au monde.

« Toutes les parties au conflit, y compris le gouvernement israélien, doivent respecter le droit international humanitaire, qui interdit de prendre pour cible le personnel humanitaire », a déclaré M. Goldrick.

Image de destruction de l’hôpital Al-Shifa à Gaza.
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Image de destruction de l’hôpital Al-Shifa à Gaza.

Le sort inquiétant des enfants malnutris à l’hôpital Kamal

À ce jour, des centaines de professionnels de la santé ont été tués « en faisant leur travail », a noté Dre Harris de l’OMS, ainsi que des milliers de civils, dont 13.000 enfants, dans le cadre des bombardements israéliens constants lancés après les attaques sanglantes menées par le Hamas contre Israël le 7 octobre, qui ont fait quelque 1.200 morts et plus de 240 personnes prises en otage.

L’équipe de l'OMS a également l’intention de se rendre à l’hôpital Kamal, dans la ville de Gaza, où le nombre croissant de bébés nés avec un poids trop faible pour survivre suscite déjà de vives inquiétudes.

L’établissement admet déjà au moins 15 enfants mal nourris par jour et les besoins sont « de plus en plus graves », a insisté la Dre Harris, en lançant un nouvel appel au cessez-le-feu. « Il faut prendre cela au sérieux - le cessez-le-feu, la résolution de l’ONU - le monde a convenu qu’un cessez-le-feu devait avoir lieu. Il aurait dû avoir lieu il y a des mois, mais il doit avoir lieu maintenant », a-t-elle fait valoir.