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Des femmes et des hommes de Cox's Bazar au Bangladesh participent à un événement Orange the World pour mettre fin à la violence contre les femmes.

« Le patriarcat fait de la résistance, nous aussi », déclare le chef de l'ONU

© UN Women/Magfuzur Rahman Shana
Des femmes et des hommes de Cox's Bazar au Bangladesh participent à un événement Orange the World pour mettre fin à la violence contre les femmes.

« Le patriarcat fait de la résistance, nous aussi », déclare le chef de l'ONU

Femmes

Les droits des femmes sont attaqués et les gouvernements doivent agir pour inverser cette tendance dangereuse, a déclaré le Secrétaire général de l'ONU lors de sa rencontre publique annuelle avec des militantes de la société civile mercredi.

Cette rencontre a eu lieu alors que la 68ème session de la Commission de la condition de la femme (CSW68) se poursuit, avec une série de manifestations parallèles qui mettent en évidence la détérioration des conditions des femmes dans le monde.

« Après des décennies de progrès, les droits des femmes sont battus en brèche et ont régressé », a déclaré António Guterres.

Citant plusieurs exemples inquiétants, il a noté que les droits des femmes sont sévèrement restreints en Afghanistan, que des violences sexuelles sont signalées pendant le conflit entre Israël et le Hamas, et que le patriarcat s'oppose aux droits durement acquis par les femmes.

« Les femmes de ma génération n'ont pas gagné la lutte pour leurs droits simplement pour voir leurs filles et leurs petites-filles mener le même combat », a-t-il déclaré lors de cette réunion publique.

« L'égalité demande des investissements »

Qu'il s'agisse des inégalités en matière de pouvoir politique ou du domaine de l'intelligence artificielle dominé par les hommes, M. Guterres a estimé que les gouvernements et la société civile doivent travailler ensemble pour s'assurer que les efforts incluent les femmes à la table des négociations dans la consolidation de la paix, la réduction de la fracture numérique et l'égalité des sexes.

« Le patriarcat fait de la résistance, nous aussi », a-t-il harangué tout en encourageant les gouvernements à « joindre le geste à la parole » en finançant l'égalité des droits et des chances pour les femmes et les filles.

« L'égalité demande des investissements », a observé le chef de l'ONU. Il a donc exhorté les gouvernements à prendre des mesures pour réduire la pauvreté et les inégalités.

À cet égard, le Sommet de l'avenir présente une opportunité de faire des progrès, a-t-il souhaité. Selon lui, les femmes et les filles sont une priorité constante dans le processus de planification du Sommet.

« Je ne cesserai jamais de me battre pour un monde qui fonctionne pour les femmes et les filles », a encore réitéré le Secrétaire général. « La question de l'égalité des sexes est une question de pouvoir. D'après mon expérience, le pouvoir n'est jamais donné ; il faut le prendre ».

Plus de 50 femmes meurent chaque jour à Gaza

Parmi les nombreuses manifestations spéciales au cours de cette 68ème session de la Commission de la condition de la femme figure une discussion organisée par des agences des Nations Unies et des partenaires sur les femmes et les enfants dans la bande de Gaza.

Ce Territoire palestinien occupé qui est ravagé par la guerre, fait face à la famine tout en étant soumis à un siège, aux bombardements et à l'invasion par les forces armées israéliennes dans leur réponse aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023.

Heli Uusikyla, de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a brossé un sombre tableau de la situation actuelle sur le terrain. Les femmes et les filles sont extrêmement vulnérables face aux bombardements et aux attaques.

Depuis le début du conflit, plus de 31.000 civils ont été tués, dont 9.000 femmes et 13.000 enfants, a-t-elle précisé lors d’une réunion préparatoire sur l'impact humanitaire du conflit. Chaque jour, environ 53 femmes sont tuées, a-t-elle informé, citant des rapports d'ONU-Femmes.

Les conditions de vie insalubres ont entraîné la propagation de maladies. La surpopulation dans les camps fait qu’actuellement 888 personnes partagent une seule toilette et il y a 5.400 personnes pour une salle de bain disponible.

« Les gens passent des jours sans rien manger », a déclaré Mme Uuikyla, alors que 155.000 femmes enceintes sont confrontées à la malnutrition.

Proche de la famine

Sur la situation actuelle, Laila Baker, de l’agence des Nations Unies sur la santé sexuelle et procréative, l’UNFPA, a déclaré que des dizaines de milliers de femmes enceintes ou allaitantes n'ont pas accès à la nourriture dont elles ont besoin. Quelque 180 femmes accouchent chaque jour.

Dans le même temps, les taux de malnutrition chez les enfants de moins de deux ans sont passés de moins de 1% en octobre à 15% aujourd'hui, a-t-elle rapporté.

« La faim est une menace mortelle en ce moment. Chaque jour est un combat pour la survie », a-t-elle déclaré. « Plus d'un demi-million de personnes sont à deux doigts de la famine dans une société qui n’en a jamais connu ».

Appel pour un cessez-le-feu immédiat

Tous les efforts déployés pour répondre aux préoccupations des femmes et des filles « sont tombés dans les oreilles d’un sourd », a regretté Mme Baker. Elle a demandé l'acheminement immédiat et sûr de l'aide humanitaire, conformément aux dispositions de l'ordonnance rendue par la Cour internationale de Justice (CIJ) en janvier.

L’UNFPA travaille sans relâche avec ses partenaires, mais ils sont attaqués et le personnel médical manque de conditions de sécurité, de médicaments et de fournitures pour soigner leurs patients.

« La seule façon d'y remédier est un cessez-le-feu immédiat », a-t-elle appelé. Il faut une protection égale pour tous.