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Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU s'est réuni à Genève pour sa 55e session.

Le chef de l’ONU s’engage à protéger les droits des populations de Gaza, d’Ukraine et d’ailleurs

UN Photo/Elma Okic
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU s'est réuni à Genève pour sa 55e session.

Le chef de l’ONU s’engage à protéger les droits des populations de Gaza, d’Ukraine et d’ailleurs

Droits de l'homme

Une offensive israélienne totale sur Rafah sonnerait le glas de l’aide humanitaire apportée à la population de Gaza sous l’égide des Nations Unies, a averti lundi le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un large appel à la communauté internationale pour qu’elle s’acquitte de sa « responsabilité première » de promouvoir et de protéger les droits humains partout et pour tout le monde.

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S’adressant au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève à l’ouverture du débat de haut niveau de la 55e session, le chef de l’ONU a insisté sur le fait que toute nouvelle extension de l’opération terrestre d’Israël dans le sud de Gaza « ne serait pas seulement terrifiante pour plus d’un million de civils palestiniens qui s’y abritent ; elle mettrait le point final à nos programmes d’aide ».

Le Secrétaire général a également répété son appel à un cessez-le-feu « immédiat » et à une libération « inconditionnelle » des otages retenus par le Hamas. Sans nommer Israël ou d’autres Etats, il a appelé à honorer tous les droits humains, « sans doubles standards ».

Les règles de la guerre ignorées

António Guterres a par ailleurs souligné que « rien ne peut justifier les meurtres, blessures, tortures et enlèvements délibérés de civils par le Hamas, le recours à la violence sexuelle ou le lancement aveugle de roquettes vers Israël », mais aussi que « rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien ».

Devant le principal organe de défense des droits de l’homme, le chef de l’ONU a également dénoncé la façon dont « l’État de droit et les règles de la guerre » sont mis à mal, de l’Ukraine au Soudan et du Myanmar à la République démocratique du Congo et au-delà. Des thématiques reprises aussi par Volker Türk, le chef des droits de l’homme de l’ONU, et par Dennis Francis, Président de l’Assemblée générale de l’ONU.

Pour répondre à ces urgences, et dans un appel à des solutions raisonnées et à long terme à ces conflits et à d’autres menaces graves pour les droits de l’homme dans le monde, M. Guterres a souligné que le Sommet du Futur en septembre serait l’occasion idéale pour les États membres « d’intensifier et de réaffirmer leur engagement à œuvrer pour la paix et la sécurité enracinées dans les droits de l’homme ».

Engagement en matière de protection

Pour le chef de l’ONU, les processus de paix réussis, de la Colombie à l’Irlande du Nord, démontrent que l’ensemble des droits de l’homme est indispensable à la construction de la paix. « Le nouvel agenda pour la paix reconnaît que les politiques de sécurité qui ignorent les droits de l’homme peuvent diviser les communautés, exacerber les inégalités et pousser les gens vers l’extrémisme », a-t-il dit.  

Le nouvel agenda pour la paix demande que tous les engagements militaires respectent les droits de l’homme et le droit humanitaire et qu’ils soient soutenus par des stratégies politiques et de développement.

M. Guterres a également promis le soutien de l’ensemble du système onusien à tous les gouvernements dans cette entreprise, en annonçant le lancement de l’Agenda des Nations Unies pour la protection, en partenariat avec le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH).

« Dans le cadre de cet agenda, les Nations Unies, dans l’ensemble de leurs activités, agiront de concert pour prévenir les violations des droits de l’homme, les identifier et y répondre lorsqu’elles ont lieu », a fait valoir le Secrétaire général de l’ONU. « C’est la promesse de protection de tous les organes des Nations Unies : faire tout leur possible pour protéger les personnes ».

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse à la 55e session du Conseil des droits de l'homme.
UN Photo/Elma Okic
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse à la 55e session du Conseil des droits de l'homme.

Cible de la désinformation

Saluant l’initiative du chef de l’ONU et proposant d’aider à faire progresser les droits fondamentaux des personnes « dans toutes les circonstances, quel que soit le défi », le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a averti que le travail de l’organe mondial était sérieusement menacé par « les tentatives continues de saper la légitimité et le travail des Nations Unies et d’autres institutions ».

Selon M. Türk, ces tentatives « comprennent la désinformation qui vise les organisations humanitaires de l’ONU, les soldats de la paix de l’ONU et mon Bureau ». « L’ONU est devenue le paratonnerre d’une propagande manipulatrice et le bouc émissaire des échecs politiques », a-t-il fustigé.

Cette influence malveillante est « profondément destructrice du bien commun et trahit sans ménagement les nombreuses personnes dont la vie dépend d’elle », a insisté le chef des droits de l’homme de l’ONU.

Alerte du Président de l’Assemblée générale

Faisant écho aux avertissements selon lesquels le droit humanitaire international et même la Charte des Nations Unies sont de plus en plus menacés dans le monde, le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Dennis Francis, a estimé de son côté, qu’il était temps pour tous les citoyens du monde de « faire leur part du travail ».

75 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme – « la grande charte si chère à l’humanité » - les conflits, l’impact du changement climatique « y compris la menace existentielle de l’élévation du niveau de la mer » - ont fait que 300 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire, dont 114 millions de réfugiés et autres personnes déplacées, a mis en garde M. Francis.

« Nous ne devons pas nous contenter d’être des observateurs insensibles, sous peine d’être considérés comme complices du réseau de déshumanisation qui s’étend... Nous devons faire notre part », a-t-il fait remarquer.

Soulignant la crise au Moyen-Orient, le président de l’Assemblée générale a déclaré que les souffrances des civils innocents à Gaza avaient atteint un « point de basculement insupportable ».

Au nom de l’humanité

Plus de 90% de la population de l’enclave palestinienne a été déplacée et se trouve désormais « au bord de la famine et piégée dans les profondeurs d’une catastrophe imminente, bien qu’évitable, en matière de santé publique », a affirmé M. Francis aux 47 États membres du Conseil.

Alors que la guerre se poursuit à Gaza - déclenchée par des attaques sans précédent menées par le Hamas et un bain de sang qui a fait quelque 1.200 morts et plus de 250 otages le 7 octobre, « ce sont les plus vulnérables qui souffrent le plus », a poursuivi M. Francis. « Les otages et leurs familles vivent dans l’angoisse ; les femmes et les enfants sont confrontés à un avenir désespéré et incertain ; et des civils innocents sont injustement pris dans des tirs croisés qui mettent leur vie en danger ».

Pour aider les plus vulnérables - non seulement à Gaza, mais aussi en Ukraine, à Haïti et au Yémen, au Soudan, au Sahel et au Myanmar - le Président de l’Assemblée générale a insisté sur le fait que de « ne pas laisser tomber les victimes - les victimes de violations des droits de l’homme ».

Pérenniser le financement de l’UNRWA

« Nous ne devons jamais tolérer ou ignorer le mépris flagrant des droits et des libertés que nos ancêtres ont travaillé si durement à définir et à codifier. Nous ne devons pas non plus ignorer l’impunité systémique avec laquelle ces violations sont perpétrées », a souligné le Président de l’Assemblée générale.

M. Francis a également insisté sur la nécessité d’un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » à Gaza et de corridors humanitaires pour acheminer l’aide à quelque 1,5 million de Palestiniens sans abri « au nom de l’humanité ».

L’appel du Président de l’Assemblée générale intervient quelques jours après la réception d’une lettre du chef de l’Agence des Nations Unies pour les Palestiniens (UNRWA), mettant en garde contre un « désastre monumental » à Gaza et en Cisjordanie, dans un contexte marqué par les appels répétés d’Israël à démanteler l’agence et par le gel de 450 millions de dollars de financement par des douzaines de donateurs.

« J’implore les États donateurs de maintenir et de pérenniser leurs contributions au financement critique nécessaire à l’UNRWA pour qu’il s’acquitte des responsabilités qui lui ont été confiées à l’égard des Palestiniens. Même au milieu des défis extraordinaires actuels, l’UNRWA a été et continue d’être une bouée de sauvetage indispensable pour les Palestiniens », a conclu M. Francis.