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Une fillette au Zimbabwe boit de l'eau propre et salubre à un puits réhabilité avec le soutien de l'ONU.

Zimbabwe : l’épidémie de choléra a fait plus de 300 morts depuis février

© UNICEF/Karin Schermbrucker
Une fillette au Zimbabwe boit de l'eau propre et salubre à un puits réhabilité avec le soutien de l'ONU.

Zimbabwe : l’épidémie de choléra a fait plus de 300 morts depuis février

Santé

Une épidémie de choléra s’est propagée dans les dix provinces du Zimbabwe, tuant des dizaines de personnes depuis février 2023, a indiqué jeudi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

« Depuis le début de l’épidémie et jusqu’au 5 janvier 2024, 15.571 cas cumulés de choléra, 67 décès confirmés et 280 décès suspects ont été signalés dans 57 des 63 districts des dix provinces », a confirmé l’UNICEF dans son dernier rapport humanitaire consacré au choléra dans ce pays d’Afrique australe.

Selon le Fonds onusien, une recrudescence des cas de choléra a été observée pendant la période des fêtes, exacerbée par les mouvements de population pendant la période des fêtes et le début de la saison des pluies.

Des chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publiés en décembre indiquaient qu’entre février et novembre 2023, 191 morts et plus de 7.000 cas avaient été recensés dans le pays.

Infection diarrhéique aiguë provoquée par l’absorption d’aliments ou d’eau contaminés par la bactérie Vibrio choleræ, le choléra est en forte recrudescence sur le continent, notamment en Afrique australe, mais aussi dans certaines zones de la Corne de l’Afrique. 

Hausse de 85% des nouveaux cas pendant les fêtes de fin d’année

Au Zimbabwe, l’UNICEF a constaté pendant ces périodes des fêtes une augmentation de 85 % des nouveaux cas signalés par semaine, entre 770 nouveaux cas signalés la semaine précédant Noël et 1.423 nouveaux cas signalés au cours de la dernière semaine de 2023. La plupart des cas de choléra ont été signalés dans les provinces de Harare, Manicaland et Chitungwiza.

Une hausse des cas a également été observée dans les provinces de Masvingo, Mashonaland Central et Mashonaland West depuis le début de l’année 2024. 

« La mobilité accrue de la population pendant les fêtes de fin d’année et les pluies qui se sont abattues sur la région ont contribué à l’augmentation du nombre de cas de choléra et à leur propagation dans d’autres districts », a expliqué l’UNICEF.

Plus de la moitié des cas cumulés de choléra sont des femmes, tandis que 16% sont des enfants de moins de 5 ans. 

« Les enfants, les femmes en âge de procréer, les adeptes du déclin religieux, les mineurs illégaux et les agriculteurs en milieu rural ont été les groupes à haut risque identifiés » au cours de la période couverte par le rapport. 

Des risques continus de transmission transfrontalière

A noter que le nombre de cas de choléra signalés a dépassé les 10.730 cas recensés lors de l’épidémie de choléra de 2018-2019. Ce qui fait craindre une situation similaire à celle de l’épidémie majeure de 2008-2009, qui avait fait plus de 4.000 morts.

« Dans le scénario le plus probable, l’OMS et l’UNICEF estiment qu’un taux d’attaque de 0,3 entraînera 38.763 cas d’ici février 2024, si les interventions actuelles ne parviennent pas à stopper la transmission, notant que les taux d’attaque du choléra sont généralement plus élevés dans les zones urbaines et périurbaines que dans les milieux ruraux », ont informé les agences onusiennes.

Alors que les pluies ont augmenté le risque d’inondation et de contamination de l’eau en raison du ruissellement et de l’infiltration des égouts, la sécheresse prévue induite par El Niño pourrait entraîner une plus grande pénurie d’eau. Avec des ménages se retrouvant avec des sources d’eau insalubres et un rationnement de l’eau pour l’assainissement, cela pourrait compliquer la situation, avertit l’UNICEF.

Outre les conséquences liées à la saison des pluies, les mouvements de population sous-régionaux et les grands rassemblements pour des raisons économiques, culturelles et religieuses au milieu des épidémies de choléra en cours dans les pays voisins (Zambie, Malawi, Mozambique) présentent des risques continus de transmission transfrontalière.

2,2 millions de personnes ciblées par une campagne de vaccination

Sur le terrain, les autorités sanitaires et les agences humanitaires se mobilisent. Hararé a d’ailleurs présenté une demande de vaccin réactif à dose unique. Les préparatifs de la campagne de vaccination ont commencé sous la direction du gouvernement avec le soutien de l’UNICEF et de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS).

Cette campagne cible 2,2 millions de personnes dans 29 districts à haut risque des 8 provinces. En attendant, l’Agence onusienne et ses partenaires ont distribué des produits d’hygiène essentiels à 164.000 personnes, dont plus de 75.000 enfants.

Le choléra est une infection diarrhéique aiguë dont la forme grave se caractérise par une diarrhée aqueuse extrême et une déshydratation potentiellement mortelle. L’infection est provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae. 

Bien qu’elle puisse être traitée facilement à l’aide de sels de réhydratation orale, cette maladie demeure une menace de santé mondiale en raison de sa morbidité et de sa mortalité élevées chez les populations vulnérables qui n’ont pas accès à des soins de santé adéquats.