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Gaza : le début de la trêve nourrit l’espoir d’un répit et d’un accès aux personnes dans le besoin

Un garçon de cinq ans boit de l'eau en bouteille livrée par l'UNICEF dans le camp de Khan Younis à Gaza.
© UNICEF/Eyad El Baba
Un garçon de cinq ans boit de l'eau en bouteille livrée par l'UNICEF dans le camp de Khan Younis à Gaza.

Gaza : le début de la trêve nourrit l’espoir d’un répit et d’un accès aux personnes dans le besoin

Paix et sécurité

Des camions transportant des fournitures de secours ont continué d'entrer dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah depuis l'Egypte vendredi après l'entrée en vigueur d'une pause de quatre jours dans les combats, ont indiqué des agences humanitaires de l'ONU.

Elles ont réitéré leurs appels à l'accès à toutes les parties de l'enclave ravagée par la guerre, où le nombre de morts se rapproche de 15.000 et où de nombreuses personnes déplacées dorment dans les rues.

Le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Jens Laerke, a déclaré aux journalistes à Genève que l'espoir concernant l'accord entre Israël et le Hamas annoncé plus tôt cette semaine est « que la pause soit respectée, qu'elle nous permette d'atteindre les personnes qui ont besoin de nous et qu'elle se prolonge par un véritable cessez-le-feu humanitaire à long terme ».

Outre la pause humanitaire de 96 heures dans les combats, l'accord, qui a été facilité par l'Égypte, le Qatar et les États-Unis, prévoit la libération d’otages enlevés lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, et de détenus palestiniens des prisons israéliennes.

« Nous espérons que l'accord (...) apportera un répit à la population de Gaza et d'Israël et un certain soulagement aux otages et aux détenus qui seront libérés, ainsi qu'à leurs familles », a dit M. Laerke.

Des Palestiniens à Gaza recevant de l'aide alimentaire de l'ONU (photo d'archives).
© WFP/Ali Jadallah
Des Palestiniens à Gaza recevant de l'aide alimentaire de l'ONU (photo d'archives).

Atteindre les gens « où qu'ils soient »

Le porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires a noté la « situation volatile et intense » durant les premières heures de la trêve, observant que « le pipeline est assez long pour l'aide et que certaines parties – en grande partie en fait – échappent à notre contrôle en raison de la vérification des cargaisons ».

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Parlant de l'urgence d'atteindre les personnes dans le besoin « où qu'elles se trouvent », il a souligné le besoin urgent d'accéder au nord de Gaza « où les dégâts et les besoins humanitaires sont les plus importants » et qui a longtemps été coupé du sud de l'enclave et de l'aide par les opérations militaires israéliennes.

D'autres évacuations d'hôpitaux sont prévues

Joignant sa voix à l'espoir que la pause se prolonge en un cessez-le-feu durable, le porte-parole de l'agence de santé des Nations Unies (OMS), Christian Lindmeier, a souligné le sort des patients et des travailleurs de la santé pris au piège dans les hôpitaux du nord de Gaza et a déclaré que la planification et les efforts en vue de nouvelles évacuations, notamment des hôpitaux d'Indonésie et d'Al-Ahli, étaient en cours.

Mercredi, dans le cadre d'un effort conjoint entre les agences de l'ONU et l'organisation humanitaire partenaire du Croissant-Rouge palestinien, 151 blessés et malades, des membres de leurs familles et des membres du personnel médical ont été évacués de l'hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza et transportés dans une ambulance et un convoi de bus vers le sud.

M. Lindmeier a déclaré que l'OMS était « extrêmement préoccupée par la sécurité des quelque 100 patients et agents de santé » qui restent à l'hôpital. 

Sur les 24 hôpitaux qui fonctionnaient dans le nord avant la guerre, 22 sont soit hors service, soit incapables d'admettre de nouveaux patients, tandis que sur les 11 établissements médicaux du sud, huit sont fonctionnels. L'OMS a indiqué que parmi ceux-ci, un seul a la capacité de traiter des cas de traumatisme critique ou d'effectuer des interventions chirurgicales complexes.

Carburant pour les opérations de sauvetage

À l'approche de l'heure de début de la trêve de vendredi à 7 heures du matin, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a noté une augmentation des bombardements et des affrontements violents, affirmant que les frappes israéliennes depuis les airs, la terre et la mer s'étaient intensifiées dans la majeure partie de Gaza, « parallèlement aux combats terrestres contre les groupes armés palestiniens dans le nord, à Jabaliia en particulier », et que de nombreuses victimes avaient été signalées.

Alors que le nombre de morts dans l'enclave dépassait les 14.800 jeudi soir, selon le bureau des médias du gouvernement de Gaza cité par l'OCHA, des milliers de personnes seraient piégées sous les ruines de leurs maisons.

Dans le cadre de l'intensification de l'action humanitaire, Jens Laerke, d'OCHA, a insisté sur la nécessité d'acheminer plus de carburant dans la bande de Gaza pour « faire fonctionner les machines permettant de sortir les gens des décombres », compte tenu des dommages massifs causés aux infrastructures et de l'effondrement des bâtiments.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a rapporté que 75.000 litres de carburant sont entrés à Gaza en provenance d'Égypte jeudi, à la suite d'une décision israélienne du 18 novembre de « permettre l'entrée quotidienne de petites quantités de carburant pour des opérations humanitaires essentielles ». L'OCHA a précisé la semaine dernière qu'environ 200.000 litres de carburant par jour étaient nécessaires.

M. Laerke a souligné que le carburant qui entre à Gaza est « sous le contrôle de l'ONU à tout moment » et qu'il est distribué par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA.

« Seulement le minimum »

On estime que plus de 1,7 million de personnes à Gaza sont déplacées à l'intérieur de l'enclave et qu'environ un million d'entre elles vivent dans plus de 150 abris de l'UNRWA à travers la bande de Gaza. 

Les abris dans le sud, où les gens ont été forcés de fuir par les opérations militaires israéliennes, sont surpeuplés et selon l'OCHA, la plupart des hommes déplacés et des garçons plus âgés dorment à la belle étoile, dans les cours d'école ou dans les rues voisines. 

Dans un communiqué publié jeudi, le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a souligné que les habitants de Gaza « méritent de dormir sans s'inquiéter de savoir s'ils vont passer la nuit ».

« C'est le strict minimum que l'on devrait pouvoir avoir », a-t-il insisté.