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Gaza : « Les hôpitaux ne sont pas des champs de bataille », déclarent les humanitaires de l’ONU

La Directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell, visite l'hôpital Nasser à Khan Yunis, à Gaza, où elle a rencontré des patients et des familles déplacées en quête d'abri et de sécurité.
© UNICEF
La Directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell, visite l'hôpital Nasser à Khan Yunis, à Gaza, où elle a rencontré des patients et des familles déplacées en quête d'abri et de sécurité.

Gaza : « Les hôpitaux ne sont pas des champs de bataille », déclarent les humanitaires de l’ONU

Paix et sécurité

Des enfants ont été tués, mutilés, enlevés et privés d'assistance à Gaza, et les parties au conflit doivent « mettre fin à cette horreur », a déclaré la cheffe du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Catherine Russell, lors d'une visite dans l'enclave palestinienne dans laquelle les opérations humanitaires s'arrêtent ce mercredi par manque de carburant.

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Cette déclaration intervient alors que des informations font état mercredi matin d'un raid en cours de l'armée israélienne à l'intérieur de l'hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, où des patients, y compris des bébés prématurés, sont morts au cours des derniers jours après que des incubateurs et d'autres équipements vitaux ont été coupés d'électricité.

« Les hôpitaux ne sont pas des champs de bataille », a écrit le chef des secours de l'ONU, Martin Griffiths, sur la plateforme sociale X, insistant sur le fait que « la protection des nouveau-nés, des patients, du personnel médical et de tous les civils doit primer sur toutes les autres préoccupations ». 

« Graves violations »

Mme Russell a condamné les « graves violations » commises contre les enfants par les parties au conflit et a déclaré qu'elle était à Gaza « pour faire tout ce qui est en mon pouvoir pour plaider en faveur de la protection des enfants ».

« À l'intérieur de la bande de Gaza, il n'y a nulle part où aller en toute sécurité pour le million d'enfants de Gaza », a-t-elle déclaré, soulignant que plus de 4.600 enfants auraient été tués et près de 9.000 blessés.

De nombreux enfants seraient ensevelis sous les décombres des bâtiments effondrés, « conséquence tragique de l'utilisation d'armes explosives dans des zones peuplées », a-t-elle dit.

Cessez-le-feu maintenant

La Directrice exécutive de l'UNICEF a raconté avoir entendu des histoires poignantes de la part du personnel de son agence sur le terrain et a souligné le risque élevé pour les acteurs humanitaires opérant à l'intérieur de Gaza. Depuis le 7 octobre, 102 membres du personnel de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont été tués dans l'enclave.

Mme Russell a réitéré ses appels à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat », à la libération de tous les enfants enlevés et détenus, et à un « accès sûr, durable et sans entrave » des humanitaires aux personnes dans le besoin.

La Directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell (à droite), visite l'hôpital Nasser à Khan Younis, dans le sud de Gaza.
© UNICEF
La Directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell (à droite), visite l'hôpital Nasser à Khan Younis, dans le sud de Gaza.

« Situation horrible »

M. Griffiths, le plus haut responsable de l'aide humanitaire de l'ONU, a déclaré à ONU Info que d'un point de vue humanitaire et en dehors de toute considération militaire, « notre problème est de protéger la population de Gaza ».

Il a souligné que les Gazaouis se trouvent dans une « situation horrible dans laquelle ils n'ont pas d'échappatoire et sont invités à se déplacer dans des conditions dangereuses ».

On estime que plus de 1,5 million de personnes à Gaza sont déplacées à l'intérieur de l'enclave, dont environ 787.000 qui sont hébergées dans quelque 154 abris de l'UNRWA, où la surpopulation massive entraîne la propagation de maladies.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, OCHA, dirigé par M. Griffiths, a rapporté mercredi que les personnes déplacées qui vivaient dans des tentes de fortune à l'extérieur des abris dans le sud de Gaza, faute de place, souffraient maintenant des fortes pluies et des inondations.

Des camions d'aide à l'arrêt

En ce qui concerne le manque de carburant, qui n’est pas autorisé à entrer dans la bande de Gaza depuis le début de la crise, M. Griffiths a déclaré que « nous avons besoin d'au moins quelques centaines de milliers de litres pour nous remettre en marche ».

L'UNRWA a indiqué mardi soir que ses camions à l'intérieur de Gaza n'étaient pas en mesure de récupérer l'aide entrant par le poste-frontière de Rafah en provenance d'Égypte ce jour-là parce qu'ils n'avaient pas de carburant.

Selon les médias, tard mardi soir, Israël a donné son accord pour que 24.000 litres de carburant diesel soient utilisés uniquement par des camions pour les opérations de l'ONU, mais il n'était pas clair quand et comment le carburant serait livré.

« Prêt à partir »

M. Griffiths a expliqué qu'un cessez-le-feu était également nécessaire pour permettre au secteur privé d'opérer et aux magasins de se réapprovisionner. « C'est tout aussi important que nos opérations, sinon plus », a-t-il déclaré.

« Nous sommes là, à la frontière de Gaza, à Rafah, prêts à partir » et à « essayer d'atteindre les gens là où ils sont », a-t-il insisté dans son plaidoyer pour avoir accès à l’enclave.