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Une jeune fille mange du pain distribué par le Programme alimentaire mondial dans une école de l'UNRWA à Gaza.

Territoires palestiniens occupés : une décennie et demie de développement étouffé à Gaza (CNUCED)

© PAM/Ali Jadallah
Une jeune fille mange du pain distribué par le Programme alimentaire mondial dans une école de l'UNRWA à Gaza.

Territoires palestiniens occupés : une décennie et demie de développement étouffé à Gaza (CNUCED)

Développement économique

Bien avant la crise actuelle, un blocus de plusieurs décennies a vidé l’économie de Gaza de sa substance, laissant 80 % de la population dépendante de l’aide internationale, a indiqué mercredi l’agence de l’ONU chargée du commerce et du développement, relevant que 2022 a été une mauvaise année supplémentaire pour les Palestiniens. 

Dans son dernier rapport sur les territoires occupés palestiniens, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) note que l’inflation, la baisse de l’aide étrangère et l’accumulation de la dette ont maintenu l’économie des territoires palestiniens occupés en dessous de son niveau d’avant la pandémie de 2019. 

Dans un contexte de tensions politiques accrues, de dépendance croissante à l’égard de la puissance occupante et de blocage du processus de paix, l’économie palestinienne a continué de fonctionner en deçà de son potentiel en 2022, tandis que d’autres problèmes persistants s’intensifiaient.

Le PIB réel par Gazaoui proche de son niveau le plus bas 

Il s’agit notamment de la perte de terres et de ressources naturelles au profit des colonies israéliennes, de la pauvreté endémique, du rétrécissement de l’espace budgétaire, de la diminution de l’aide étrangère et de l’accumulation de la dette publique et privée.

Même si le PIB palestinien a augmenté de 3,9 % en 2022, le PIB réel par habitant était encore inférieur de 8,6 % à son niveau d’avant la pandémie en 2019. À Gaza, le PIB réel par habitant était inférieur de 11,7 % au niveau de 2019 et proche de son niveau le plus bas depuis 1994, a ajouté l’agence onusienne basée à Genève.

Le taux de chômage est resté élevé, les femmes et les jeunes étant les plus durement touchés. Il est de 24 % dans l’ensemble des territoires palestiniens occupés, dont 13 % en Cisjordanie et 45 % à Gaza. 

Selon la CNUCED, la pauvreté s’est accrue, rendant 40 % de la population tributaire de l’aide humanitaire.  

« Avec la hausse des prix mondiaux de l’alimentation et de l’énergie, les ménages les plus pauvres souffrent de manière disproportionnée car l’alimentation représente une part plus importante de leurs dépenses totales », a fait valoir la CNUCED.

Un blocus de plusieurs décennies a vidé l’économie de sa substance

D’une manière générale, Gaza a vécu une décennie et demie de développement étouffé. Selon la CNUCED, l’enclave palestinienne a subi depuis juin 2007, plusieurs opérations militaires et fait l’objet d’un blocus terrestre, maritime et aérien. 

Les habitants de Gaza ont besoin de permis (difficiles à obtenir) pour entrer et sortir de la bande en passant par deux points de passage terrestres contrôlés par Israël, ce qui fait que la plupart d’entre eux sont pratiquement « enfermés ». Les restrictions imposées à la circulation des personnes et des biens, la destruction des moyens de production lors des fréquentes opérations militaires et l’interdiction d’importer des technologies et des intrants essentiels ont vidé l’économie de Gaza de sa substance. 

En 2022, les investissements ont été ramenés à 10,7 % du PIB de Gaza, soit un maigre 1,9 % du PIB palestinien. Entre 2006 et 2022, le PIB réel par habitant de Gaza a diminué de 27 %, tandis que sa part dans l’économie palestinienne s’est contractée de 31 % à 17,4 %.

Vivre à Gaza en 2022 signifiait être confiné dans l’un des espaces les plus densément peuplés au monde, sans électricité la moitié du temps et sans accès adéquat à de l’eau propre ou à un système d’égouts approprié. 

Cela signifiait une probabilité de 65 % d’être pauvre, de 41 % d’abandonner le marché du travail en désespoir de cause et, pour les personnes à la recherche d’un emploi, une probabilité de 45 % d’être au chômage, conclut le rapport.

Gaza a besoin de milliards de dollars d’aide

Plus largement, la bande de Gaza a connu « 16 années d’anti-développement », a estimé la CNUCED, jugeant que les conséquences économiques de la présente guerre entre Israël et le Hamas étaient « impossibles à définir ». 

« Gaza a connu 16 années d’anti-développement et de destruction du potentiel humain, et a perdu le droit au développement », a insisté l’agence onusienne.

Une façon pour la CNUCED de rappeler que le blocus israélien a vidé l’économie de Gaza de sa substance et rendu 80 % de ses habitants dépendants de l’aide internationale avant même que la crise actuelle n’éclate. Dans ces conditions, l’enclave palestinienne a besoin de milliards de dollars d’aide économique internationale pour compenser des années de restrictions qui ont étouffé son économie et freiné son développement.

« Les donateurs et la communauté internationale doivent fournir une aide économique significative pour réparer les dommages considérables que Gaza a subis en raison des restrictions et des fermetures prolongées et des opérations militaires fréquentes, qui ont étouffé l’économie et décimé l’infrastructure », indique le rapport. 

En 2022, le gouvernement palestinien n’a reçu que 250 millions de dollars d’aide budgétaire des donateurs et 300 millions de dollars pour des projets de développement. Il s’agit d’une chute brutale, passant d’un total de 2 milliards de dollars, soit 27 % du PIB en 2008, à moins de 3 % du PIB en 2022.