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Témoignage : les personnes handicapées doivent se faire entendre « de plus en plus fort »

Nick Herd dans la salle de l'Assemblée générale des Nations Unies.
© L’Arche/Warren Pot
Nick Herd dans la salle de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Témoignage : les personnes handicapées doivent se faire entendre « de plus en plus fort »

Droits de l'homme

Un militant voulant mettre en lumière les défis et les opportunités qui s'offrent aux personnes atteintes du syndrome de Down a expliqué à ONU Info comment il souhaite que les voix des personnes handicapées soient entendues « de plus en plus fort » dans le monde entier.

 

Nicholas Herd est un militant de L'Arche Canada, qui fait partie d'une organisation internationale à but non lucratif œuvrant pour l'inclusion des personnes atteintes de déficience intellectuelle.

Il participe à la Conférence des États parties à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, qui se tient au Siège de l'ONU à New York.

« J'ai vécu une partie de ma vie en étant confronté à la discrimination. Lorsque j'étais jeune et que je grandissais, j'ai été victime de brimades en raison de mon handicap. Mais aujourd'hui, je peux utiliser cette voix, celle de l'enfant que j'étais, pour me faire entendre, de plus en plus fort. Je peux la crier au sommet d'un bâtiment ou d'une montagne, plus fort que les Nations Unies, pour que les personnes handicapées soient incluses à la table des négociations.

C'est ainsi que notre voix doit se faire entendre dans le monde entier.

C'est la raison pour laquelle nous sommes ici aux Nations Unies. Nous voulons être inclus.

C'est la première fois que je viens aux Nations Unies. Hier, j'étais un peu ému parce que je n'arrivais pas à croire que j'étais ici.

 

Nick Herd, consultant créatif, sur le plateau de tournage d'un court-métrage pour L'Arche Canada et USA, en mars 2022.
© Peter Ringenberg
Nick Herd, consultant créatif, sur le plateau de tournage d'un court-métrage pour L'Arche Canada et USA, en mars 2022.

L'inclusion et les Oscars

Ce qui m'inspire dans mon travail, c'est l'animation dans les films. J'ai grandi avec les films de Disney, Pixar et Marvel, mais j'ai toujours eu l'impression qu'il manquait quelque chose : on ne voit pas de personne atteinte du syndrome de Down, ce qui est un peu ennuyeux.

Mais c'est désormais possible grâce à Free Bird, un court métrage d'animation dont je suis le directeur créatif. 

Il est sorti à l'occasion de la Journée mondiale du syndrome de Down en 2021. J'ai été très heureux lorsque je l'ai vu pour la première fois sur YouTube, puis nous nous sommes qualifiés pour les Oscars 2022. 

Vous pouvez voir une personne atteinte du syndrome de Down dans le court métrage ; vous pouvez connaître les faits et mettre de côté les mythes.

Le mythe que je voudrais le plus détruire concerne les personnes atteintes de déficiences intellectuelles qui sont placées en institution. Elles ne devraient pas avoir honte d'être ce qu'elles sont.

Je fais également partie d'un programme théâtral appelé Sol Express à Toronto, et une pièce intitulée Birds Make Me Think about Freedom (Les oiseaux me font penser à la liberté) a été jouée par des survivants de l'institutionnalisation.

J'ai récemment interviewé certains d'entre eux dans le cadre de mon talk-show, Keeping It Real with Nick. J'ai parlé aux survivants pour obtenir des informations qui pourraient aider à la production de la pièce. Après m'être entretenu avec eux et d'autres membres de Sol Express, nous avons transformé la pièce en une production, non pas sur eux, mais avec eux. C'est cela l'inclusion.

Un survivant que j'ai interviewé m'a expliqué ce qu'il ressentait lorsqu'il était libre. Il se souvenait d'être dans l'institution et de voir les oiseaux à l'extérieur. C'était difficile d'entendre ce genre d'histoire parce qu'il n'avait pas la liberté d'aller où il voulait.

Personne ne devrait être laissé pour compte, y compris les personnes ayant une déficience intellectuelle et qui ont été placées en institution. Aujourd'hui, nous pouvons les aider à s'intégrer et à participer.

Chacun apporte quelque chose de différent

Tout le monde peut participer et contribuer au débat sur les handicaps ; nos voix sont entendues à la table et à différentes tables, où tout peut être plus inclusif, avec plus de sensibilisation et plus de participation, où tout le monde peut prendre part à des réunions ou même à des émissions-débats. Nous avons le droit d'avoir un talk-show. Nous avons le droit de travailler.

Nick Herd (à droite) et son collègue Warren Pot de L'Arche Canada sont interviewés aux Nations Unies.
© L’Arche/Warren Pot
Nick Herd (à droite) et son collègue Warren Pot de L'Arche Canada sont interviewés aux Nations Unies.

J'aime mon travail et j'aime être ici. Le message qui en découle est la raison pour laquelle nous sommes aux Nations Unies, pour parler de liberté, d'inclusion, de sensibilisation et, bien sûr, d'éducation.

Il y a encore du travail à faire. Je ne l'ai pas encore vu, mais j'espère le voir un jour.

Je vis avec mes parents et j'ai la liberté d'aller et venir. C'est une chose avec laquelle j'ai vécu toute ma vie. Quand on fait partie d'une famille ou de quelque chose de plus grand, on se sent mieux accepté. Je suis un oncle et j'ai une nièce, et ma sœur attend un petit garçon. Le plus beau, c'est que j'ai hâte de rencontrer ce petit garçon ».