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L'ONU condamnée à un « choix affreux » après l'interdiction aux Afghanes de travailler pour elle

Une femme membre du personnel d'OCHA rencontre des femmes déplacées dans l'est de l'Afghanistan.
© UNOCHA/Charlotte Cans
Une femme membre du personnel d'OCHA rencontre des femmes déplacées dans l'est de l'Afghanistan.

L'ONU condamnée à un « choix affreux » après l'interdiction aux Afghanes de travailler pour elle

Aide humanitaire

Après la décision du gouvernement taliban d’interdire aux femmes afghanes de travailler pour l’organisation, l’ONU s’est dite mardi 11 avril condamnée à un « choix affreux », celui de continuer ou non ses opérations en Afghanistan.

« Avec cette interdiction, les autorités talibanes de facto cherchent à forcer les Nations Unies à faire un choix affreux entre rester et fournir de l’aide au peuple afghan, ou respecter les normes et principes auxquels nous sommes tenus de nous conformer », a indiqué dans un communiqué la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), relevant que « cette interdiction est illégale au regard du droit international, et c’est pourquoi les Nations Unies ne peuvent s’y conformer ».

Une façon pour la mission onusienne de rappeler que « toute conséquence négative de cette crise pour le peuple afghan sera de la responsabilité des autorités de facto », ajoute le texte.

Examen du fonctionnement des Nations Unies en Afghanistan

L’ONU a annoncé le 4 avril que les Talibans interdisaient désormais à ses employées afghanes, jusqu’ici épargnées par ce type de mesures appliquées aux ONG, de travailler avec l’organisation dans tout le pays. Cette décision intervient après celle prise en décembre, quand Kaboul avait annoncé que le millier d’ONG exerçant dans le pays avaient désormais interdiction de travailler avec des femmes afghanes, en raison de « graves plaintes » quant au non-respect du port du hijab, qui doit couvrir entièrement le corps et le visage.

Cette interdiction est illégale au regard du droit international, et c’est pourquoi les Nations Unies ne peuvent s’y conformer - MANUA

Pour l’ONU, cette décision est la dernière d’une série de mesures discriminatoires mises en œuvre par les autorités talibanes de facto dans le but de restreindre considérablement la participation des femmes et des jeunes filles dans la plupart des domaines de la vie publique et quotidienne en Afghanistan.

C’est dans ce contexte que la Cheffe de la MANUA, Rosa Otounbaïeva, a recommandé un examen du fonctionnement des Nations Unies en Afghanistan qui durera « jusqu’au 5 mai 2023 », précise le communiqué. « Pendant cette période, l’ONU en Afghanistan conduira toutes les consultations nécessaires, effectuera les ajustements opérationnels requis et accélérera la préparation des alternatives pour toutes les issues possibles ».

Poursuite des activités humanitaires vitales

En attendant, les Nations Unies maintiendront un engagement constructif et fondé sur des principes avec tous les niveaux possibles des autorités talibanes de facto, comme l’a demandé le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Sur le terrain, l’ONU a depuis demandé à son personnel féminin et masculin de ne pas se rendre au bureau, hormis pour celles et ceux qui sont chargés de tâches primordiales, indique le communiqué

Concrètement, cela se traduira sur le terrain des opérations par la poursuite des activités humanitaires vitales et urgentes conformément aux principes et critères humanitaires définis par le Comité permanent interorganisations en janvier 2022.

L’ONU rappelle qu’elle s’est efforcée depuis août 2021, de rester sur place et d’agir pour soulager les souffrances sans précédent du peuple afghan. « Le travail de l’ONU en Afghanistan est motivé par l’impératif humanitaire de sauver des vies et guidé par les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance », ajoute le communiqué.

Plus largement, l’ONU note que son engagement en Afghanistan, mené de manière approfondie et de bonne foi, est ancré dans la vision fondatrice des Nations Unies, celle de la paix, de la stabilité et des droits de l’homme pour tous les peuples, et conformément à la Charte des Nations Unies.