L'actualité mondiale Un regard humain

Les femmes ont besoin de la science, et la science a besoin des femmes

Des étudiantes de l'Université des sciences et technologies du Missouri, aux États-Unis, testent un robot qu'elles ont conçu ensemble.
© Missouri S&T/Michael Pierce
Des étudiantes de l'Université des sciences et technologies du Missouri, aux États-Unis, testent un robot qu'elles ont conçu ensemble.

Les femmes ont besoin de la science, et la science a besoin des femmes

Culture et éducation

Cette année, la Journée internationale des femmes et des filles dans la science se focalise sur le rôle des femmes et des filles et de la science, au profit des Objectifs de développement durable (ODD).

« Plus de femmes et de filles dans le domaine scientifique égale une science plus humaine », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans son message à l’occasion de la journée, célébrée chaque année le 11 février.

« Les femmes et les filles apportent de la diversité à la recherche, élargissent le vivier de scientifiques et ouvrent l’horizon de la science et de la technologie, pour notre bénéfice à tous et à toutes », a-t-il indiqué.

Selon lui, l’évidence est là : les préjugés liés au genre dans le domaine scientifique produisent de mauvais résultats, qu’il s’agisse de tests de dépistage de drogues qui traitent le corps des femmes comme une aberration ou d’algorithmes de recherche qui perpétuent les préjugés et la discrimination.

Pourtant, dans beaucoup trop d’endroits à travers le monde, les femmes et les filles ont un accès limité à l’éducation, voire n’en ont aucun, a déploré le Secrétaire général de l’ONU.

Bien que les femmes s’orientent de plus en plus vers des carrières scientifiques, leur potentiel continue d’être bridé par les inégalités et la discrimination.

 

Aujourd’hui, seul  un  chercheur  sur  trois  est  une  femme, selon le dernier Rapport de  l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) sur la science. Dans l’enseignement supérieur, les femmes ne représentent qu’à peine plus de 35% des diplômés dans les filières scientifiques et technologiques, selon l’Institut de statistique de l’UNESCO. Et seulement une personne sur cinq travaillant dans le domaine de l’intelligence artificielle est une femme.

« Si  ces  inégalités  de  genre  sont  si  marquées,  c’est  parce  qu’elles  sont  profondément  ancrées  dans  nos  sociétés », a indiqué Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO. « C’est  à cause de la persistance des stéréotypes et des préjugés sexistes, qui persuadent parfois les filles que les études scientifiques ne sont pas pour elles, malgré leur formidable potentiel ».

« Nous devons – et nous pouvons – faire davantage pour promouvoir les femmes et les filles de science », a insisté le chef de l’ONU, en offrant des bourses d’études, des stages et des programmes de formation servant de tremplin vers le succès. Ou encore en mettant en place des quotas, des mesures de rétention et des programmes de mentorat pour aider les femmes à surmonter ces vieux obstacles et à construire une carrière.

« Et surtout, en affirmant les droits des femmes et en brisant les stéréotypes, les préjugés et les barrières structurelles », a souligné le Secrétaire général de l’ONU.

Faisons davantage pour promouvoir les femmes et les filles de science

Briser les stéréotypes

« A l’UNESCO, la lutte contre ces stéréotypes est une priorité – car plus de femmes dans la science, c’est une meilleure science », a réitèré Audrey Azoulay.

Mais elle rappelle qu’il faut rester vigilant, car l’accès à l’éducation ne peut jamais être considérée comme acquise « comme nous l’avons vu récemment, lorsque des femmes en  Afghanistan ont été brutalement privées de leur droit d’apprendre et d’enseigner, y compris dans l’enseignement supérieur ». 

Nous pouvons tous et toutes contribuer à libérer l’immense talent inexploité de notre monde, en commençant par remplir les salles de classe, les laboratoires et les conseils d’administration de femmes scientifiques - António Guterres

Elle a indiqué que partout dans le monde, l’UNESCO œuvre à favoriser des environnements qui encouragent les filles et les femmes à étudier des matières  scientifiques. Par exemple, l’UNESCO soutient un programme de mentorat scientifique en Afrique de l’Est, dont ont bénéficié à ce jour11 millions d’élèves, en particulier des filles.

L'agence onusienne s’efforce aussi de briser  les  stéréotypes en faisant connaître les femmes scientifiques qui ouvrent de nouvelles voies. Elle a ainsi, en partenariat avec la Fondation L’Oréal, récompensé plus de 120 scientifiques exceptionnelles du monde entier, dont cinq lauréates du prix Nobel.

« Ces scientifiques sont des modèles et des exemples à suivre pour les jeunes femmes, à qui elles montrent qu’elles aussi peuvent atteindre l’excellence », a indiqué Audrey Azoulay.

« En  cette  Journée  internationale des femmes et des filles de science, nous pouvons tous et toutes contribuer à libérer l’immense talent inexploité de notre monde », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU António Guterres, « en commençant par remplir les salles de classe, les laboratoires et les conseils d’administration de femmes scientifiques ».

« La science n'est pas un jeu de garçon. Ce n'est pas un jeu de fille. C'est le jeu de tout le monde ».

C’est en citant Nichelle Nichols, ancienne ambassadrice de la NASA et actrice de Star Trek, décédée l'année dernière, qui avait inspiré des millions de personnes en étant l'une des premières Afro-Américaines à avoir un rôle principal dans une série télévisée à succès, que le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, a ouvert vendredi la célébration de la Journée internationale des femmes et des filles de science.

Les femmes et les filles dans les sciences et les technologies

Il a indiqué que les jeunes scientifiques sont les futures lauréates du prix Nobel et « les innovatrices qui découvriront les solutions susceptibles de sauver notre population et notre planète ». « Vous êtes la preuve vivante qu'il est si important que davantage de femmes et de filles puissent exercer leur droit à l'égalité d'accès à l'éducation », a-t-il insisté. 

Cette année la célébration a pour objectif de bâtir des passerelles entre la communauté internationale et les femmes scientifiques en liant leurs connaissances et leur expertise au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à ses 17 objectifs mondiaux.

Csaba Kőrösi s’est demandé : « qu'en serait-il si l'accès des femmes à l'enseignement des STEM ((science, technologie, ingénierie et mathématiques) avait été la règle, plutôt que l'exception, au fil des ans ? », ou encore : « aurions-nous aujourd'hui de l'énergie, de l'eau et des installations sanitaires propres pour tous ? Nos industries seraient-elles moins polluantes, nos villes plus inclusives ? »

Pour le Président de l’Assemblée générale, la sous-représentation des femmes et des filles dans les STEM « freine tous nos efforts pour atteindre les objectifs de développement durable ».

La célébration de la Journée vise à aider les décideurs - à tous les niveaux, que ce soit dans les secteurs public ou privé - à développer une relation plus forte entre la science, la politique et la société pour des stratégies dans lesquelles ils peuvent s'engager pour l'avenir.

La Journée internationale est aussi l'occasion de présenter les meilleures pratiques, stratégies et solutions appliquées pour relever les défis et opportunités des ODD.

Se faisant l'écho du défi lancé par le Dr Marie Curie, prix Nobel de la paix dans deux domaines scientifiques, Csaba Kőrösi a conclu en déclarant que « le moment est venu de mieux comprendre, afin d'avoir moins peur ».