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Une jeune Congolaise a réalisé son rêve d’entrepreneure et sert de modèle à d’autres jeunes

Esther Bishweka est à la tête de « Kivu Groupe Service » en République démocratique du Congo.
ONU Info / Esther N’sapu
Esther Bishweka est à la tête de « Kivu Groupe Service » en République démocratique du Congo.

Une jeune Congolaise a réalisé son rêve d’entrepreneure et sert de modèle à d’autres jeunes

Femmes

A Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), des jeunes prennent l’initiative de créer leur propre entreprise, alors que l’accès à l'emploi est difficile et que nombre d'entre eux ne trouvent pas d’opportunité de travail dans leurs domaines d’études malgré leurs diplômes.

Avec le temps, certaines de ces entreprises se développent et emploient d’autres jeunes, notamment des femmes. A Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, Esther Bishweka fait partie de ces jeunes dont les entreprises ont permis de donner du travail à d’autres jeunes.

Agée de 24 ans, Esther est une jeune entrepreneure qui s’est spécialisée dans le domaine de la restauration après avoir obtenu son diplôme en gestion hôtelière et tourisme à l’université César Ritz en Suisse.

Elle est à la tête de « Kivu Groupe Service », une entreprise congolaise qui a vu le jour en 2020. Elle est spécialisée dans les secteurs de la restauration, le nettoyage et l’entretien, le commerce de fleurs, le conseil en hôtellerie, le tourisme et le développement commercial à travers ses marques Kivu Eat, Kivu Flowers, Kivu Cleaning et Kivu Consultancy.

Esther a eu l’idée de créer « Kivu Groupe Service » pour contribuer au développement du Congo en tant que jeune femme entrepreneure. « Depuis toute petite, j’ai voulu toujours intégrer le monde des affaires comme mes parents. Je rêvais d’avoir mon propre restaurant et de pouvoir travailler avec d’autres jeunes talentueux de ma génération », a-t-elle confié à ONU Info.

Aujourd’hui, Esther possède un restaurant dénommée « Kivu Eat » situé au rond-point Signers et à l’aéroport international de Goma. Le restaurant propose également un service de livraison à domicile et possède un menu diversifié qui valorise des produits locaux.

Une des motos de « Kivu Eat » prête pour la livraison de la nourriture, dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo.
ONU Info / Esther N’sapu
Une des motos de « Kivu Eat » prête pour la livraison de la nourriture, dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo.

A Goma, la jeune entrepreneure a choisi le nom du « Kivu » pour non seulement faire de sa société une référence au Congo mais aussi changer l’image que les gens ont du Kivu.

« Lorsqu’on parle du Kivu, directement les gens pensent à la guerre, les gens pensent à l’insécurité et à l’instabilité. Je veux que les gens entendent parler du Kivu d’une façon positive. Un Kivu beau où il y a beaucoup de potentiel et d’opportunités surtout entrepreneuriales. Un Kivu où les jeunes sont dynamiques et aspirent au développement de l’économie de leurs villes », a expliqué Esther Bishweka.

Bushashire Zawadi  est cultivatrice  dans le champ de café à Nyangoma en République démocratique du Congo.
ONU Info / Esther N’sapu
Bushashire Zawadi est cultivatrice dans le champ de café à Nyangoma en République démocratique du Congo.

Collaborer avec les femmes

Pour encourager les talents des jeunes, Esther travaille en collaboration avec plusieurs jeunes notamment des filles et femmes de sa région dans différents secteurs. Au total 15 jeunes sont employés par Kivu Groupe Service dont neuf femmes congolaises dont l’âge varie entre 20 et 25 ans.

« Personnellement je crois en la femme. Elle est sous-estimée mais elle est forte, créative et possède beaucoup de potentiel. C’est ce qui me motive à travailler avec autant de femmes », dit Esther.

Dans son restaurant Kivu Eat, ONU Info a rencontré Nabintu Alice, une jeune boulangère de 22 ans. Selon elle, le fait de travailler dans cette entreprise, lui a permis de mettre en pratique son savoir-faire mais aussi de gagner l’argent pour subvenir aux besoins de sa famille. 

Kahindo Grâce, fait partie de ces jeunes qui travaillent dans la propreté. Elle assure la propreté soit des bateaux rapides qui font la navette entre la ville de Goma et la ville de Bukavu au Sud-Kivu ou soit dans certains avions. A travers ce qu’elle fait, elle arrive à se prendre en charge financièrement tout en encourageant les jeunes filles à lui emboiter le pas. 

De l’autre côté du lac Kivu, plus précisément à Nyangoma, Esther Bishweka collabore également avec « l’initiative des femmes dans le café cacao » IFCCA, dans le but de favoriser la production et la consommation locale. Environ 45 femmes issues de différents villages aux environs de Nyangoma travaillent dans la plantation de café. Leurs rôles consistent à non seulement pailler le champ de café mais aussi sarcler, ce qui permet de couvrir le sol d’une couche de matière organique mais aussi protéger le sol contre l’érosion.

Pour récompenser le travail de ces femmes, l’entreprise met à disposition un espace où elles cultivent les haricots. Bushashire Zawadi est l’une de ses femmes. Elle est cultivatrice dans son village à Nyangoma depuis plusieurs années. Elle cultive les haricots dans la plantation de café qu’elle revend au marché de Minova au Sud-Kivu. 

« Lorsque je travaille dans la plantation, c’est non seulement un moment de cultiver mais aussi un moment de partage et d’échange d’expérience avec d’autres femmes de Nyangoma. Les chants que nous chantons lorsque nous cultivons nous redonnent le sourire mais aussi de la force. Cela me motive car je sais que lorsque je vais récolter, je vais gagner beaucoup d’argent que je vais utiliser pour épargner et subvenir aux besoins de ma famille », dit-elle.

Nabintu Alice est boulangère au restaurant Kivu Eat en République démocratique du Congo
ONU Info / Esther N’sapu
Nabintu Alice est boulangère au restaurant Kivu Eat en République démocratique du Congo

Le défi d’entreprendre

En tant que jeune entrepreneure qui aspire au changement, Esther est confrontée à un certain nombre de difficultés surtout dans une ville comme Goma, où la majorité d’entrepreneurs sont des hommes qui possèdent plusieurs années d’expériences. Selon Esther, les impôts et les taxes sont les premiers éléments qui fragilisent les secteurs de l’entreprenariat sans compter le nombre des formalités administratives pour obtenir un crédit bancaire. Selon elle, l’Etat congolais devrait plus s’imprégner de tous ses défis qui entourent le secteur de l’entreprenariat pour permettre aux jeunes d’entreprendre et de contribuer au développement de l’économie du Congo.

La jeune entrepreneure espère un jour étendre son entreprise dans différentes villes du Congo sans se laisser intimider par la concurrence. Elle encourage les jeunes, surtout les femmes de sa génération qui aspirent à investir dans le secteur de l’entreprenariat, d’oser et de croire en soi pour réaliser leurs rêves.

Un reportage réalisé par Esther N’sapu, correspondante d’ONU Info en République démocratique du Congo