L'actualité mondiale Un regard humain

Europe : le HCR exhorte la France et la République tchèque à négocier une réforme durable de l’asile

Hamidullah Hussaini, un réfugié afghan de 23 ans, a cousu plus de 700 masques de protection pendant la crise de la COVID-19 pour contribuer à soutenir sa nouvelle communauté
© HCR/Kate Thompson-Gorry
Hamidullah Hussaini, un réfugié afghan de 23 ans, a cousu plus de 700 masques de protection pendant la crise de la COVID-19 pour contribuer à soutenir sa nouvelle communauté

Europe : le HCR exhorte la France et la République tchèque à négocier une réforme durable de l’asile

Aide humanitaire

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a exhorté, lundi, la France, qui occupe la présidence tournante de l’Union européenne le premier semestre de 2022, ainsi que la République tchèque qui lui succédera, à « négocier une réforme durable » de l’asile pour mettre fin aux « violations des droits » aux frontières de l’Europe. 

Dans un document qui rassemble ses recommandations, l’agence onusienne invite Paris et Prague à donner la priorité à une meilleure protection des réfugiés en Europe et dans le monde. Il s’agit ainsi de « négocier une réforme durable de l’asile sur la base du Pacte » migratoire présenté par Bruxelles, et à « réaliser des progrès sur des questions clés telles que la solidarité intra-UE et des conditions d’accueil adéquates ». 

Pour le HCR, la France et la République tchèque doivent s’orienter vers des « procédures d’asile équitables et rapides afin de déterminer dans les meilleurs délais qui a besoin d’une protection internationale et qui n’en a pas, dans le respect des garanties juridiques.

En l’absence de consensus sur un régime d’asile européen commun, le HCR craint une hausse « de pratiques préjudiciables », notamment des propositions visant à externaliser ou délocaliser les obligations en matière d’asile vers des pays tiers.

« Peu importe la hauteur des barrières, les personnes désespérées chercheront toujours les moyens de se mettre en sécurité. Gérer les frontières, partager les responsabilités et respecter les droits humains ne sont pas incompatibles », a déclaré Gonzalo Vargas Llosa, Représentant du HCR pour les affaires européennes.

Accentuer l’aide aux pays en développement où vivent 90% des réfugiés

Alors que de nombreux pays de l’UE restent attachés au droit européen et international relatif aux droits de l’homme et à la protection des réfugiés, de nombreux incidents de renvois violents aux frontières de l’UE se sont poursuivis en 2021. Selon le HCR, ces pratiques mettent des vies en danger et portent atteinte aux droits humains fondamentaux, notamment au droit de demander l’asile.

De plus, la généralisation des propos xénophobes dans les discours politiques et la multiplication des obstacles physiques et législatifs à l’accès au territoire pour y demander l’asile dans l’UE ont continué d’éroder les droits des personnes fuyant la guerre, les conflits et les persécutions.

« Le droit de demander l’asile est un droit humain fondamental. Il doit être préservé, en particulier dans les situations extraordinaires ou en cas d’urgence », a ajouté M. Llosa, regrettant « des positions et des pratiques politisées et clivantes qui cherchent à se soustraire aux obligations d’asile ».

Dans ces conditions, le Pacte sur les migrations et l’asile proposé et présenté par la Commission européenne en septembre 2020 offre l’opportunité de passer d’une approche ad hoc en matière d’asile et de migration dans l’UE à une approche commune globale, bien gérée et prévisible, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union. Des progrès pour mettre fin aux renvois aux frontières, la mise en place de mécanismes de surveillance nationaux indépendants pour enquêter sur ces renvois, ainsi que des mesures pour améliorer la recherche et le sauvetage en mer et assurer un débarquement prévisible des personnes secourues sont urgents.

Plus largement, le HCR invite l’Union européenne à renforcer la solidarité mondiale et à accentuer leur soutien aux pays en développement, où vivent 90% des réfugiés.