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Des filles déplacées du camp d'Al-Mazraq au Yémen partagent un simple repas de pain et de légumes secs que leurs mères ont préparé (archives).

La faim continue de s’aggraver dans la région arabe (FAO)

PAM/Abeer Etefa
Des filles déplacées du camp d'Al-Mazraq au Yémen partagent un simple repas de pain et de légumes secs que leurs mères ont préparé (archives).

La faim continue de s’aggraver dans la région arabe (FAO)

Santé

La faim continue d’augmenter dans la région arabe, où elle a progressé de plus de 90% depuis 2000, d’après un nouveau rapport établi jeudi par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui appelle à « un changement radical des systèmes agroalimentaires au Proche-Orient et en Afrique du Nord pour garantir la sécurité alimentaire et la nutrition de tous ». 

L’Aperçu régional de l’état de la sécurité alimentaire et la nutrition 2021montre que le nombre de personnes souffrant de la faim dans la région a atteint 69 millions en 2020, en raison de crises prolongées, d’instabilités sociales et de l’exposition à de multiples chocs et stress, comme des conflits, la pauvreté, les inégalités, le changement climatique, la rareté des ressources naturelles et les répercussions économiques de la récente pandémie de Covid-19 ». 

Ces 69 millions de personnes représentent plus de 15 % de la population.

« La faim dans la région arabe a continué d’augmenter depuis 2014 », a indiqué la FAO relevant que cela représente « une augmentation de 91% au cours des deux dernières décennies ». 

Un tel niveau de la faim se rapproche même du pic de 2011, lorsque la région a subi un choc majeur dû à des soulèvements populaires.
 

Des camions transportant de l'aide alimentaire traversent la frontière turque vers la Syrie. (photo d'archive)
OCHA/David Swanson
Des camions transportant de l'aide alimentaire traversent la frontière turque vers la Syrie. (photo d'archive)

141 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave

Selon l’Agence onusienne basée à Rome, la pandémie de Covid-19 a provoqué un autre choc majeur et le nombre de personnes sous-alimentées dans la région a augmenté de 4,8 millions par rapport à 2019. La faim a ainsi bondi à tous les niveaux de revenu, dans les pays touchés par des conflits comme dans les pays non touchés par des conflits. 

La Somalie et le Yémen, deux pays à faible revenu touchés par des conflits, présentaient les niveaux de sous-alimentation les plus élevés de la région en 2020.

Plus globalement, l’insécurité alimentaire modérée ou grave a également poursuivi sa tendance à la hausse, touchant environ 141 millions de personnes en 2020, soit près d’un tiers de la population de la région. Il s’agit d’une augmentation de plus de 10 millions de personnes par rapport à l’année précédente et c’est 17% de plus qu’en 2014. 

Ainsi, plus de 32 %, soit près d’un tiers de la population de la région, n’auront pas eu un accès régulier à une alimentation suffisante et nutritive en 2020. 
 

De nombreuses familles de Gaza ont besoin d'une aide humanitaire pour survivre et reçoivent des colis alimentaires de l'UNRWA, l'agence des Nations Unies travaillant dans la région.
Photo UNRWA/Hussein Jaber
De nombreuses familles de Gaza ont besoin d'une aide humanitaire pour survivre et reçoivent des colis alimentaires de l'UNRWA, l'agence des Nations Unies travaillant dans la région.

Les conflits, l’une des principales causes de la faim frappant plus de 53 millions de personnes

« Dans la région, les conflits restent l’une des principales causes de la faim, puisque celle-ci frappe environ 53,4 millions de personnes dans les pays et les zones touchés, soit plus de six fois plus que dans les autres pays », a déclaré le Sous-Directeur général de la FAO et Représentant régional pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, Abdulhakim Elwaer.

Le nombre de personnes exposées à l’insécurité alimentaire grave, qui est une autre mesure qui se rapproche de la faim, a également augmenté de manière cohérente avec la tendance à la sous-alimentation. 
En 2020, on estime que près de 50 millions de personnes ont connu une insécurité alimentaire grave, soit près de 3 millions de personnes de plus que l’année précédente. 

« Il pourrait ne pas y avoir d’amélioration visible de la situation cette année puisque les principaux facteurs de la faim vont encore l’aggraver », a ajouté M. Elwaer.

Les auteurs du rapport avertissent que même avant la pandémie de covid-19, la région arabe n’était pas en voie d’atteindre ses objectifs liés aux cibles des Objectifs du développement durable (ODD) concernant la faim et la nutrition. 

Les effets de la pandémie ne sont pas encore pleinement perceptibles sur les indicateurs de nutrition, mais l’aggravation de la situation en matière de sécurité alimentaire donne à penser que davantage de personnes ont du mal à avoir une alimentation saine, ce qui aura des répercussions sur leur état nutritionnel.
 

La résilience des systèmes agroalimentaires aux chocs est essentielle pour la sécurité alimentaire.
PNUD Liban
La résilience des systèmes agroalimentaires aux chocs est essentielle pour la sécurité alimentaire.

Les défis pour bâtir une région libérée de la faim et de la malnutrition

La coexistence de la dénutrition et de la surnutrition est un double fardeau auquel nombre de familles, de communautés et de pays dans la région arabe doivent faire face, et qui touche en particulier les enfants de moins de 5 ans. 

Le rapport indique qu’en 2020, plus de 20% des enfants de cette tranche d’âge souffraient d’un retard de croissance et 7,8% d’émaciation. 

« Si des progrès ont été réalisés dans la réduction de la dénutrition des enfants au cours des deux dernières décennies, celle-ci reste une source de préoccupation pour les décideurs dans la région, en particulier dans les pays à faible revenu», souligne Abdulhakim Elwaer.

Face aux « causes interconnectées et multiples de la faim et la malnutrition dans la région arabe », le rapport invite à trouver des arbitrages en matière de politiques qui pourraient conduire à des systèmes agroalimentaires plus inclusifs, plus efficaces et plus résilients. 

La FAO encourage également à jeter les bases de systèmes agroalimentaires durables, de la production à la consommation. De tels systèmes permettent d’assurer la sécurité alimentaire et la nutrition de tous sans compromettre la capacité de la terre à continuer de produire pour les générations futures, et donnent accès à tous à une nourriture adéquate et à une alimentation saine toute l’année. 

Les données contenues dans de rapport concernent les États suivants : Algérie, Arabie saoudite, Bahreïn, Comores, Djibouti, Égypte, Émirats arabes unis, Iraq, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc, Mauritanie, Oman, Qatar, République arabe syrienne, Somalie, Soudan, Tunisie, Yémen, ainsi que Palestine.