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Burkina Faso : plus 3.300 civils forcés de fuir après l’attaque « la plus meurtrière » de Solhan (HCR)

Un travailleur humanitaire de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'occupe d'un bébé dans un centre de santé soutenu par l'ONU dans la région nord du Burkina Faso.
OCHA/Giles Clarke
Un travailleur humanitaire de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'occupe d'un bébé dans un centre de santé soutenu par l'ONU dans la région nord du Burkina Faso.

Burkina Faso : plus 3.300 civils forcés de fuir après l’attaque « la plus meurtrière » de Solhan (HCR)

Aide humanitaire

Plus 3.300 personnes ont été forcées de fuir après l’attaque sur le village de Solhan, dans le Nord-Est du Burkina Faso, a indiqué mardi 8 juin le Haut-Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR), condamnant fermement cette dernière attaque de groupes armés qui a tué au moins 138 civils dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

« Craignant pour leur vie, 3300 personnes ont fui vers des villages proches de Sebba et Sampelga, et parmi elles plus de 2000 enfants et plus de 500 femmes », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Babar Baloch, porte-parole du HCR.

A la suite de cette « attaque, la plus meurtrière depuis 2015 », ces nouveaux déplacés internes sont arrivés « avec très peu ou aucune possession ». Et la majorité a été « généreusement accueillie par les familles locales qui partagent le peu de choses qu’elles ont », a souligné Babar Baloch.

Dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 juin, des hommes armés ont attaqué le village de Solhan, dans le nord-est du Burkina Faso, dans la région du Sahel, près de la frontière avec le Niger.

« Les assaillants ont pris d’assaut le village au milieu de la nuit et ont exécuté 138 hommes, femmes et enfants », a détaillé le porte-parole du HCR.

Des personnes déplacées au Burkina Faso ont trouvé refuge dans un camp de la ville de Pissila, au nord-est du pays.
Photo : PAM/Marwa Awad
Des personnes déplacées au Burkina Faso ont trouvé refuge dans un camp de la ville de Pissila, au nord-est du pays.

Une action concertée pour renforcer la protection des civils

Selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés, les maisons et le marché ont été incendiés. Près de 40 personnes ont été grièvement blessées et transportées dans les hôpitaux de la région et de la capitale burkinabè, Ouagadougou.

Le HCR rappelle que ce massacre se produit seulement quelques semaines après que des hommes armés ont pris pour cible des véhicules du HCR et de ses partenaires sur la route reliant la ville de Dori au camp de Goudoubo où se trouvent 12.200 réfugiés et demandeurs d’asile maliens. Une zone où résident quelque 12.200 réfugiés et demandeurs d’asile maliens.

Même si l’attaque n’a pas fait de blessé, elle montre que l’insécurité croissante et la présence de groupes armés dans différentes régions du Burkina Faso entravent l’acheminement de l’aide et la protection des personnes dans le besoin ». A la suite de cette dernière attaque tragique, le HCR appelle à une action concertée pour renforcer la protection des civils.

L’Agence onusienne rappelle à toutes les parties que les organisations humanitaires mènent des interventions pour sauver des vies de manière indépendante et impartiale. D’où leur présence sur le terrain.

Plus de 150.000 nouveaux déplacés internes depuis le début de l’année

Le porte-parole a indiqué que le HCR et ses partenaires, travaillant en étroite collaboration avec les autorités locales, montent 200 abris et assistent les personnes déplacées, tout en indiquant que « plus de ressources sont nécessaires pour augmenter l’aide ». Les autorités burkinabè ont livré ainsi près de 400 tonnes de nourriture et des milliers d’articles de secours, tandis que les partenaires du HCR fournissent des soins médicaux et un soutien psychosocial.

D’une manière générale, les nouveaux arrivants ont un besoin urgemment d’eau et d’assainissement, d’abris, d’articles d’aide essentiels et de soins médicaux.

Depuis 2019, les violences ont contraint plus de 1,2 million de Burkinabè à quitter leur foyer. Cette année déjà, quelque 150.000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, dont 84 % sont des femmes, qui sont exposées à un risque élevé de violence sexiste, ou des enfants, dont la moitié aurait subi des violences physiques et des abus.

En plus des personnes déplacées internes, le Burkina Faso continue d’accueillir généreusement plus de 22.000 réfugiés et demandeurs d’asile, principalement en provenance du Mali.

Des milliers de personnes ont été déplacées dans le nord du Burkina Faso en raison de l’augmentation de la violence.
© HCR/Moussa Bougma
Des milliers de personnes ont été déplacées dans le nord du Burkina Faso en raison de l’augmentation de la violence.

Forte hausse de la violence et des déplacements au Niger et au Mali

Par ailleurs, les pays voisins du Sahel central, le Mali et le Niger, ont également connu une forte augmentation de la violence et des déplacements. Le Mali accueille 372.000 déplacés internes, soit une augmentation de 7 % depuis le début de l’année.

Au Niger voisin, il y a au total, 237.000 réfugiés et 300.000 personnes déplacées dans ce pays. Il s’agit d’une hausse de 4.000 réfugiés et 2.000 déplacés internes depuis le début de l’année suite à une augmentation des attaques dans les régions de Tillabéry et Tahoua.

Au total, quelque 300 civils ont été tués depuis le début de l’année dans trois attaques majeures. De nombreuses personnes déplacées et quelques réfugiés maliens figurent parmi les victimes.

Face à ce regain de déplacements forcés dans la région du Sahel central, des ressources supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour répondre aux besoins humanitaires croissants. Le financement de la réponse du HCR reste « extrêmement faible ».

Les besoins financiers du HCR pour les pays du Sahel central (Burkina, Mali et Niger) en 2021 s’élèvent à 259,3 millions de dollars. Jusqu’à présent, seul un quart des fonds demandés a été reçu.