L'actualité mondiale Un regard humain

Burkina Faso : un million de personnes ont fui leur foyer suite à la montée de la violence

Des gens ayant fui des combats dans le camp de déplacés de Pissila au Burkina Faso.
Photo : PAM/Marwa Awad
Des gens ayant fui des combats dans le camp de déplacés de Pissila au Burkina Faso.

Burkina Faso : un million de personnes ont fui leur foyer suite à la montée de la violence

Paix et sécurité

L’escalade de la violence a obligé plus d’un million de personnes dont 453.000 depuis le début de l’année, à fuir leur foyer au Burkina Faso, selon des chiffres publiés lundi soir par les autorités burkinabè. 

« Elles ont été souvent contraintes de fuir à plusieurs reprises », a déclaré mardi Babar Baloch, porte-parole du HCR lors d’un point de presse à Genève. Les deux régions du Centre Nord et du Sahel accueillent désormais plus de 75% de l’ensemble des personnes déplacées.

« Les attaques des groupes armés dans le nord et l’est du pays ont forcé les gens à se déplacer à plusieurs reprises et devraient faire grimper encore plus le nombre de personnes déplacées », a ajouté M. Baloch.

Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés, 5% de la population totale du Burkina Faso, soit une proportion étonnante de 1 personne sur 20, est aujourd’hui déplacée « dans le cadre de la crise humanitaire et de protection qui connaît la croissance la plus rapide au monde ».

La plupart des personnes déplacées ont fui les régions du nord et de l’est du pays, précise le HCR. 

Dans ce contexte, « les populations d’accueil sont à un point de rupture car elles partagent le peu de ressources dont elles disposent tout en étant confrontées à la pauvreté, à des services de santé tendus et à des moyens de subsistance qui disparaissent rapidement », a précisé M. Baloch. 

Ces nouveaux déplacés internes ont désespérément besoin d’un abri, de nourriture, d’eau, de protection et de santé. L’éducation reste également une priorité, puisque plus de 2.500 écoles ont été contraintes de fermer après avoir été ciblées, touchant ainsi près de 350.000 élèves.

Des réfugiés maliens dans le camp de Goudoubo au Burkina Faso. Les mines représentent un danger supplémentaire pour les réfugiés et les personnes déplacées qui fuient la violence et la persécution et constituent une entrave à leur droit de rentrer chez eu
©HCR/Sylvain Cherkaoui
Des réfugiés maliens dans le camp de Goudoubo au Burkina Faso. Les mines représentent un danger supplémentaire pour les réfugiés et les personnes déplacées qui fuient la violence et la persécution et constituent une entrave à leur droit de rentrer chez eux.

Les camps de réfugiés maliens également ciblés

Pour les personnes qui ont fui les guerres et les persécutions et pour les communautés qui les accueillent, l’impact supplémentaire de la Covid-19 est dévastateur. Le Burkina Faso recense 1.249 cas confirmés de Ccovid-19 dont 54 décès, selon un bilan établi mardi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Tout en faisant face à des déplacements records, le Burkina Faso a généreusement accueilli des réfugiés maliens depuis 2012. Les près de 20.000 réfugiés qui se trouvent encore au Burkina Faso sont également confrontés à l’insécurité. 

Au début de cette année, à la suite d’attaques et d’ultimatums lancés par des groupes armés, le camp de réfugiés de Goudoubo, qui accueillait jusqu’alors 9.000 réfugiés, s’est en fait vidé de ses occupants qui ont fui pour chercher refuge ailleurs.

Les conditions de vie à Mentao, l’autre camp de réfugiés, se sont également détériorées, la violence en limitant fortement l’accès. La plupart des 6.000 réfugiés qui y vivent ont été contraints de se rendre dans la ville voisine de Djibo. 

En collaboration avec les autorités, le HCR travaille à préparer la réinstallation des réfugiés dans un endroit plus sûr, où une assistance et un accès aux services de base peuvent être fournis.

En réponse à la crise humanitaire et de protection dans le Sahel, le HCR a lancé en juin dernier un appel de 186 millions de dollars pour fournir une aide aux réfugiés, aux personnes déplacées, aux rapatriés et aux communautés d’accueil dans la région centrale du Sahel, qui comprend le Burkina Faso, le Mali et le Niger. 

Avec des fonds disponibles représentant 53% de l’appel, le HCR fournit davantage d’articles de première nécessité et d’abris, afin de décongestionner les sites les plus surpeuplés. 

« Des équipes travaillent également à la prévention et à la réponse à la violence sexuelle et sexiste, qui s’est généralisée et qui est aggravée par l’enfermement et la surpopulation », a conclu le porte-parole du HCR.