L'actualité mondiale Un regard humain

Le HCR appelle Israël à cesser sa politique de renvoi forcé d'Erythréens et de Soudanais

Un Erythréen montre son dos affecté par une maladie de peau contractée dans une cellule surpeuplée en Libye (archives). Photo UNICEF/Alessio Romenzi
UE-Turquie : le HCR appelle à la mise en œuvre des garanties prévues dans l'accord avant le début des retours de migrants

Le HCR appelle Israël à cesser sa politique de renvoi forcé d'Erythréens et de Soudanais

L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a appelé mardi Israël à mettre un terme à sa politique de réinstallation forcée d'Érythréens et de Soudanais en Afrique subsaharienne.

« Cet appel fait suite à l'identification d'environ 80 cas des personnes relocalisées par Israël et qui ont ensuite risqué leur vie durant le périple dangereux vers l'Europe via la Libye », a expliqué un porte-parole du HCR, William Spindler, lors d'une conférence de presse à Genève.

Ces 80 cas concernaient des réfugiés ou des demandeurs d'asile érythréens avec lesquels se sont entretenus des employés du HCR à Rome. Sans aucune autre alternative, ils ont parcouru des centaines de kilomètres à travers des zones de conflit au Soudan du Sud, au Soudan et en Libye après avoir été relocalisés par Israël. Durant ce voyage, ils ont subi des sévices, des tortures et l'extorsion avant de risquer à nouveau leur vie lors de la traversée de la Méditerranée vers l'Italie.

Les entretiens se sont tous déroulés avec des hommes adultes - dont certains ont toujours des proches en Israël - et ont eu lieu entre novembre 2015 et décembre 2017. Tous étaient entrés en Israël par le Sinaï. Toutes ces personnes ont signalé avoir été torturées, maltraitées et avoir subi des extorsions avant d'arriver en Israël.

« La plupart ont indiqué avoir été transférés par Israël vers un pays tiers en Afrique et avoir reçu une somme forfaitaire de 3.500 dollars. Cependant, la situation à l'arrivée était bien différente qu'attendue et les arrivants ont bénéficié de très peu d'aide supplémentaire après l'hébergement la première nuit. Ils ont indiqué s'être sentis en danger, car il était connu qu'ils détenaient des fonds », a dit le porte-parole du HCR. « Certains ont déclaré que des personnes voyageant avec eux étaient décédées en route vers la Libye, où beaucoup d'entre elles ont été victimes d'extorsion et de détention, ainsi que d'abus - y compris la torture - et de violences ».

AUDIO: William Spindler, porte-parole du HCR. Crédit: HCR

Au vu de ces faits, le HCR s'est dit vivement préoccupé par la mise en œuvre par Israël d'une politique annoncée au 1er janvier consistant à renvoyer de force les Érythréens et les Soudanais vers des pays tiers en Afrique ou de les placer en détention pour une durée indéterminée.

« Alors que le HCR et ses partenaires de la communauté internationale procèdent actuellement à des évacuations d'urgence depuis la Libye, ce projet de renvoi forcé dans des pays tiers qui n'offrent pas de protection efficace et le déplacement de ces personnes vers la Libye et l'Europe est particulièrement inquiétant », a dit M. Spindler.

Quelque 27.000 Érythréens et 7.700 Soudanais vivent actuellement en Israël. Le HCR s'est dit prêt à travailler avec Israël pour trouver des solutions alternatives aux besoins des demandeurs d'asile en matière de protection, et ce conformément aux normes internationales – y compris la réinstallation hors d'Israël, comme cela s'est déjà produit.