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Afrique centrale : les tensions sociales, la répression politique et les violences contre les civils persistent, selon l'ONU

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afrique centrale, François Lounceny Fall, s'adressant au Conseil de sécurité. Photo ONU/Eskinder Debebe
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Afrique centrale : les tensions sociales, la répression politique et les violences contre les civils persistent, selon l'ONU

La situation globale en Afrique centrale demeure marquée par des tensions sociopolitiques, des difficultés économiques et des attaques et « abus horribles » perpétrés par des groupes armés contre les civils, a expliqué mercredi, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique centrale (UNOCA), François Louncény Fall.

M. Fall a plaidé pour une approche nationale, régionale et internationale « concertée » afin d'éviter toute dégradation de la situation et insisté sur l'engagement de son Bureau en vue de faciliter le règlement politique des conflits et crises qui émaillent la région.

« Au Tchad, j'ai encouragé le gouvernement et les chefs d'opposition à discuter les modalités d'un dialogue inclusif et d'un calendrier en vue de parvenir à des propositions de solutions aux défis économiques et de gouvernance que connaît ce pays et de s'accorder sur les réformes qui créeront les conditions favorables à la tenue des élections législatives », a-t-il affirmé.

S'agissant de la République du Congo, M. Fall a indiqué que des figures bien connues de l'opposition étaient toujours emprisonnées sans avoir été jugées, tandis que la situation sécuritaire dans le département du Pool demeurait précaire.

Au Cameroun, il faut éviter une aggravation des tensions

Au Cameroun, le Représentant spécial a indiqué que la moitié de la population était affectée soit par les activités de Boko Haram dans le nord du pays, soit par la crise en République centrafricaine, dans l'est, soit par le mouvement séparatiste anglophone, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Nous devons redoubler nos efforts de prévention afin d'éviter une aggravation des tensions, a-t-il dit, en rappelant que des élections sont prévues en 2018.

M. Fall a indiqué que les griefs exprimés par les populations dans les régions anglophones du Cameroun étaient une source de vive préoccupation. S'il a salué les mesures de réforme des secteurs éducatif et judiciaire prises par le gouvernement, ainsi que la libération d'un certain nombre de leaders anglophones, il a souligné le besoin d'un dialogue plus fondamental sur la question de la gouvernance afin de remédier au sentiment de marginalisation ressenti par la population.

« Au Gabon, le contexte national est caractérisé par la persistance du ralentissement économique et des mouvements de grève, les scandales de corruption, ainsi que le débat sur un projet controversé de réforme constitutionnelle », a continué M. Fall. Il a expliqué que l'opposition et une partie de la société civile critiquaient la méthode utilisée, considérée comme non inclusive et illégitime, ainsi que la substance de la réforme constitutionnelle qui représente, selon elles, un « recul démocratique ».

Le Représentant spécial a indiqué que la réforme devrait être adoptée par le parlement, où le parti au pouvoir détient une majorité des deux-tiers, et que la voie référendaire ne semblait pas envisagée. Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, Jean Ping, continue à contester la réélection en 2016 du Président Ali Bongo Ondimba et à refuser de participer à un dialogue avec ce dernier, a-t-il insisté.

Il est urgent que le processus de paix progresse en Centrafrique

Préoccupé par la situation en République centrafricaine (RCA), marquée par des attaques et des abus graves perpétrés par des groupes armés, M. Fall a jugé urgent que le processus de paix progresse, dans le cadre de l'Initiative africaine.

Le Chef de l'UNOCA a salué le lancement des activités du Panel des Médiateurs de l'Initiative africaine en RCA à la fin du mois de novembre dernier, suivi de ses premiers contacts avec des groupes armés actifs dans le pays. « Il est maintenant important de ne pas perdre cet élan pendant la période cruciale à venir », a-t-il poursuivi, en soulignant la nécessité d'un engagement entier de la région dans le processus de paix.

Le Représentant spécial a ensuite appelé à un redoublement des efforts pour régler de « manière holistique » la crise causée par Boko Haram, qui a toujours la capacité de mener des attaques et des « abus horribles ». Les conclusions de la récente conférence régionale pour la stabilisation du bassin du lac Tchad, organisée par la Commission de l'Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad, doivent être mises en œuvre, a continué M. Fall.

S'agissant de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), le Chef de l'UNOCA a rappelé que les zones dans lesquelles ce groupe opère faisaient face à une myriade de défis sécuritaires, notamment la transhumance, une autorité étatique défaillante et des activités de contrebande. « Il est important pour l'Union africaine et les pays contributeurs à Force régionale d'intervention de l'Union africaine de s'accorder rapidement sur la reconfiguration de ladite Force et à appuyer davantage la formation des forces armées centrafricaines ».

M. Fall a tenu à saluer les avancées de l'intégration régionale, la liberté de circulation étant désormais devenue la réalité au sein de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC).