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Myanmar : 582.000 réfugiés rohingyas au Bangladesh depuis fin août, selon l'ONU

L'UNICEF fournit des vaccins contre le choléra pour les réfugiés rohingyas au Bangladesh. Photo UNICEF/Roger LeMoyne
L'UNICEF fournit des vaccins contre le choléra pour les réfugiés rohingyas au Bangladesh. Photo UNICEF/Roger LeMoyne

Myanmar : 582.000 réfugiés rohingyas au Bangladesh depuis fin août, selon l'ONU

Le nombre de Rohingyas ayant fui le Myanmar pour se réfugier au Bangladesh voisin s'élève désormais à 582.000 depuis le 25 août, ont indiqué mardi des agences des Nations Unies, qui ont mis en garde contre la présence de milliers d'autres personnes bloquées à la frontière.

Selon une porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Marixie Mercado, il ne s'agit pas d'un afflux soudain de réfugiés, mais d'un recensement plus précis de leur nombre grâce à un meilleur accès aux zones proches de la frontière.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué pour sa part que « depuis dimanche soir, 10.000 à 15.000 réfugiés rohingyas sont entrés au Bangladesh en passant par le poste-frontière de Anjuman Para dans le district d'Ukhia, au sud-est du pays. « Et certains de ses réfugiés ont marché pendant une semaine », a déclaré un porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d'un point de presse à Genève.

M. Mahecic a ainsi fait part de sa profonde inquiétude concernant « les conditions des milliers de nouveaux arrivants qui sont bloqués près de la frontière entre le Bangladesh et le Myanmar ». Il a ajouté que beaucoup d'entre eux avaient choisi de rester dans la partie nord de l'Etat Rakhine, foyer traditionnel de leur communauté, malgré les menaces de mort. « Ils ont finalement décidé de s'enfuir quand leurs villages ont été incendiés », a-t-il fait remarquer.

Selon des employés du HCR, certains réfugiés sont toujours regroupés dans des rizières au Bangladesh et attendent la permission de quitter une zone près de la frontière pour rejoindre les camps de Cox's Bazar. C'est la raison pour laquelle, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés « encourage les autorités du Bangladesh à accepter sans tarder ces réfugiés ». « Chaque minute compte, étant donné les conditions fragiles dans lesquelles ils sont arrivés », a indiqué Andrej Mahecic.

Face à cet afflux sans précédent, le HCR continue de distribuer des vivres aux réfugiés, avec l'aide du Croissant-rouge local et une ONG. De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pu vacciner de la semaine dernière à lundi 680.000 personnes contre le choléra. Une campagne additionnelle était prévue mardi et mercredi. Dans une seconde phase, 200.000 enfants d'un à cinq ans recevront fin octobre une nouvelle dose.

Mais tous ces efforts restent menacés par le manque de fonds. Par exemple, l'appel de l'UNICEF de 76 millions de dollars n'a été financé qu'à hauteur de 7%, soit plus 5,3 millions. Or, 60% des réfugiés sont des enfants, a expliqué la porte-parole de l'Agence onusienne. « Des milliers d'entre eux arrivent chaque semaine », a indiqué Marixie Mercado qui ajoute que sans amélioration, l'UNICEF ne pourra plus garantir un accès à l'eau potable à de nombreuses personnes d'ici fin novembre. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance a pu établir 180 points d'eau, mais il en faudrait environ huit fois plus. Parmi les autres conséquences, de la nourriture pour environ 15.000 enfants confrontés à une malnutrition sévère aiguë ne pourra plus être distribuée.

L'ONU a demandé 434 millions de dollars, dont un quart est financé. Lundi, le Haut-Commissaire pour les réfugiés Filippo Grandi, le Directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) William Lacy Swing et le Chef des affaires humanitaires de l'ONU Mark Lowcock ont appelé les pays donateurs à faire davantage pour les Rohingyas. Organisée par l'Union européenne (UE) et le Koweït, une conférence des donateurs est d'ailleurs prévue lundi prochain au Palais des Nations à Genève.