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Mali : l'UNICEF alerte sur l'accentuation de la malnutrition dans les régions touchées par les conflits

Au centre de santé de Bellafarendi, Azaharatou Dicko nourrit Farimata, sa fille de 13 mois souffrant d'une malnutrition aiguë sévère, avec une alimentation thérapeutique prête à l'emploi fournie par l'UNICEF.
OMS / Harandane Dicko
Au centre de santé de Bellafarendi, Azaharatou Dicko nourrit Farimata, sa fille de 13 mois souffrant d'une malnutrition aiguë sévère, avec une alimentation thérapeutique prête à l'emploi fournie par l'UNICEF.

Mali : l'UNICEF alerte sur l'accentuation de la malnutrition dans les régions touchées par les conflits

Une crise de la nutrition au Mali, exacerbée par la poursuite de la violence, de l'instabilité et des déplacements, menace la vie et le futur de milliers d'enfants, a averti lundi le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

De nouvelles données publiées à partir d'une enquête 'SMART' de l'UNICEF et de ses partenaires montrent que le taux de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans a atteint des niveaux critiques dans les zones touchées par les conflits à Tombouctou et à Gao, alors que le taux national de malnutrition demeure également très élevé.

Les résultats de l'enquête montrent que le taux de malnutrition aiguë des enfants a atteint 15,7% à Tombouctou et 15,2% à Gao - une augmentation préoccupante du niveau « grave » à celui de « critique » sur l'échelle de classification de l'OMS. De graves niveaux de malnutrition aiguë ont également été enregistrés dans les régions de Kayes (14,2%) et Taoudéni (14,3%), tandis que le taux national est de 10,7%.

« Derrière ces chiffres figurent la vie des filles et des garçons les plus vulnérables et oubliés au Mali », a déclaré la représentante de l'UNICEF au Mali, Lucia Elmi, dans un communiqué publié par l'agence. « Nous devons fournir un traitement vital et nous assurer que chacun de ces enfants puisse se rétablir complètement », a-t-elle souligné.

Malnutrition aiguë sévère : 165.000 enfants maliens affectés en 2018

L'UNICEF estime que 165.000 enfants devraient souffrir d'une malnutrition aiguë sévère au Mali en 2018.

Les enfants qui souffrent d'une forme grave de malnutrition aiguë connaissent une perte musculaire grave, un poids très faible pour leur taille et sont neuf fois plus susceptibles de mourir en cas de maladie due à un système immunitaire affaibli.

Depuis la crise politique et de sécurité de 2012 au Mali, la violence et l'instabilité ont entraîné des déplacements de population et une perturbation des services sociaux dans le nord du pays, ce qui a eu un impact néfaste sur l'état nutritionnel des filles et des garçons les plus vulnérables.

D'autres facteurs, tels que l'accès limité à l'eau et à l'assainissement dans les régions du nord et les maladies infantiles comme la diarrhée, les infections respiratoires aiguës et le paludisme, ont aggravé la situation.

lutte contre la malnutrition au Sahel : disposer d'une perspective à long terme

Pour l'UNICEF, il est indispensable d'investir dans les 1.000 premiers jours critiques de la vie des enfants afin de réduire le risque de malnutrition aiguë

Un tel investissement requiert la promotion de pratiques telles que l'allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois et le lavage des mains avec de l'eau propre et du savon.

« Il est essentiel d'entreprendre une perspective à long terme pour lutter contre la malnutrition au Sahel », a déclaré Noël Zagré, le conseiller régional en nutrition de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre. « Des efforts doivent être intensifiés pour renforcer la résilience des familles en améliorant la sécurité alimentaire, la prévention et le traitement de la malnutrition aiguë sévère, l'accès à l'eau et l'assainissement et la connaissance des principales pratiques familiales telles que l'allaitement maternel », a-t-il dit

L'enquête SMART de 2017 a été menée au Mali par l'Institut national de statistique (INSTAT) et le Ministère malien de la santé et de l'hygiène publique, avec l'aide de l'UNICEF, du Programme alimentaire mondial (PAM), de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et de l'agriculture (FAO) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).